Des robots qui font le café aux Pays-Bas

Le robot Moonlander promène aisément une meule de fromage de 12 kg. L'objet, aux allures de soucoupe volante croisée avec un crabe, a été inventé par des étudiants néerlandais pour délester les producteurs fermiers de leurs lourdes tâches.
par
Alexandre.Decoster
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Susceptible de devenir une star au pays du gouda, Moonlander est capable de collecter les caillés dans un moule une fois le lait solidifié, de déplacer et de retourner les lourdes meules pendant le pressage et de leur faire prendre leur bain de saumure. Une aubaine pour les fabricants de fromage. Le robot, comme les sept autres présentés par des étudiants en troisième année de licence à l'Université de Delft (ouest), a été conçu pour des entreprises publiques ou privées dans le cadre d'un enseignement de robotique.

«Moonlander se déplace de manière autonome et scanne la pièce, pour repérer les différents emplacements où il doit transporter le fromage», s'enthousiasme l'un de ses créateurs, Timo van Frankenhuyzen, un jeune homme aux talents commerciaux.

"Voici Barrie le barman": des robots apportent le fromage et servent le café aux Pays-Bas #AFP pic.twitter.com/AmyC1cp8pa

— Agence France-Presse (@afpfr) 26 janvier 2018

Un détecteur de roses mûres et barman 2.0

Après le gouda viennent non pas les tulipes, mais les roses. Montée sur un système d'attache triangulaire, la caméra Roselia, le deuxième robot, surplombe avec autorité une petite parcelle de fleurs rouges et blanches. Le commun des mortels a besoin de plusieurs mois pour maîtriser l'art de reconnaître une rose mûre pour la récolte. Mais Roselia, elle, est d'une efficacité déconcertante: «A travers un réseau de neurones, les étudiants lui ont appris. Et elle sait montrer ces roses aux cueilleurs», indique Martin Klomp, coordinateur de cet enseignement de robotique.

Pendant ce temps, Barrie le barman ne sait plus où donner de la tête. Les commandes se multiplient, le robot n'arrive pas à tenir la cadence. Un étudiant se jette à quatre pattes et ouvre l'arrière de la machine. Il touche à quelques boutons, remet des câbles en place, et le café coule de nouveau à flot. Ce distributeur de boissons automatique 2.0 est l'attraction phare dans le hall de la plus importante et la plus ancienne université de technologie des Pays-Bas, réputée mondialement.

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Seulement 5 mois de travail

Fruit de cinq mois de travail, les robots ont été confectionnés par des groupes de six étudiants, sélectionnés parmi l'élite.«Nous avons reçu plus de 100 dossiers de candidature cette année pour participer à (l'option) Robotique. Nous n'avons retenu que les meilleurs et les plus motivés», affirme M. Klomp. «Barrie possède une interface qui permet de jouer à un jeu sur un écran tactile pendant que votre boisson est préparée», explique Joppe de Waart, étudiant en design industriel. «Vous pouvez commander du thé, du café et différents sodas», poursuit-il, pendant qu'un petit garçon essaie d'attraper des grains de café dans un panier virtuel.

Jonathan Raes, étudiant en sciences informatiques, est ravi de présenter Barrie à sa famille. «Je ne sais pas comment ça marche, je ne comprends absolument rien», confie son grand-père, néanmoins enthousiaste. Puis, nouveau caprice de la star de la journée, qui refuse de servir un soda à une petite fille. «C'est construit de manière assez primitive...», taquine la grand-mère de Jonathan. Reste que le public est conquis par la machine couleur argentée, imposante mais élégante.

Fizzy, le ballon qui ronronne 

Un étage plus haut, Fizzy est encore un peu fébrile. Le robot a dû subir un lifting la veille, après la fonte d'une pièce. «On n'a pas beaucoup dormi cette nuit», avoue Tim Rietveld, grand jeune homme blond aux yeux bleus, cernés. Avec ce ballon automatisé, les étudiants ont inventé un camarade de jeu pour les enfants atteints d'un cancer: Eveline Drijver et Tim Rietveld ont répondu à la commande du centre d'oncologie pédiatrique Prinses Maxima d'Utrecht (centre).

 

«Lorsque l'enfant s'approche de Fizzy, le ballon commence à rouler. Si l'enfant l'attrape, il vibre. Et si on le caresse, il ronronne. Par contre, Fizzy se met à trembler lorsqu'il a besoin d'attention», explique Eveline Drijver. Le ballon se met effectivement à ronronner. «C'est génial pour ces enfants hospitalisés, non?», lance Tim. «Nous devons encore faire quelques modifications pour que Fizzy roule mieux, mais les enfants pourront bientôt jouer avec lui.» A ses yeux, l'affaire est entendue: «L'avenir sera entièrement robotisé.»