Dérèglement climatique : les jours et les nuits ne se réchauffent pas au même rythme

Si on constate une hausse globale des températures ces dernières décennies, il s'avère qu'en Europe, les nuits se réchaufferaient plus vite que les jours, ont découvert des scientifiques. Et ce constat n'est pas sans conséquence pour la faune, la flore mais aussi pour les êtres humains.
par
oriane.renette
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Le climat se dérègle, se réchauffe et bouleverse notre monde. De plus en plus de citoyens s'interrogent aujourd'hui sur les impacts du réchauffement climatique. En revanche, l'heure à laquelle ces changements se produisent avait, jusqu'ici, fort peu attiré l'attention.

Et c'est précisément la question sur laquelle s'est penchée une équipe de chercheurs de l'université d'Exeter, au Royaume-Uni.

Cette question est essentielle, expliquent les chercheurs, car la plupart des activités des organismes s'organisent à des moments particuliers de la journée. Ainsi, toute asymétrie du réchauffement climatique pourrait avoir de profondes répercussions sur le monde naturel, précise le Dr Daniel Cox, auteur principal de l'étude publiée dans le journal « Global Change Biology ».

Plus d'un quart de degré de différence

Les scientifiques ont étudié le réchauffement climatique entre 1982 et 2017.

Sur plus de la moitié du globe, les chercheurs ont constaté une asymétrie : une différence entre le réchauffement nocturne et diurne de plus de 0,25°C. Dans certaines régions du monde, la nuit se réchauffe plus vite. C'est le cas notamment chez nous, en Europe.

Dans certaines zones, comme au Moyen-Orient ou dans le sud des États-Unis, c'est le jour qui se réchauffe plus rapidement.

Des conséquences sur les espèces

Selon les chercheurs, cette différence s'explique par la variation de l'épaisseur de la couverture nuageuse. Si elle est plus épaisse, elle refroidit la surface pendant la journée et retient la chaleur pendant la nuit, entraînant un réchauffement nocturne plus important. Alors que si cette couverture est plus faible, elle permet à plus de chaleur d'atteindre la surface pendant la journée, mais cette chaleur est perdue la nuit.

« Un réchauffement nocturne plus important est associé à un climat plus humide. Cela aura donc des conséquences importantes sur la croissance des plantes et sur la façon dont les espèces, comme les insectes et les mammifères, interagissent », explique le Dr Cox.

«À l'inverse, un réchauffement diurne plus important est associé à des conditions plus sèches. Cela  augmente la vulnérabilité des espèces au stress thermique et à la déshydratation. »

Les espèces qui sont actives uniquement la nuit ou uniquement le jour seront donc particulièrement affectées par le changement climatique, prévient le chercheur.

Cette asymétrie du réchauffement pourrait en outre avoir d'importantes implications pour les écosystèmes. En effet, en étudiant ses effets sur le plateau Tibétain ou encore en Afrique tropicale, les chercheurs ont identifiés différents impacts écologiques : sur la croissance de la végétation, sur la réduction du rendement agricole, sur la respiration des sols, la désertification, …