Découvertes MiNT : David Lombard sur les traces de Thoreau et Springsteen

Entre Alterlight et Constantine, David Lombard mène sa propre histoire. Le liégeois sort son premier album concept franchement folk, assurément americana. Nous sommes allés à sa rencontre dans un rêve désabusé de Mississippi.
par
ThomasW
Temps de lecture 4 min.

Par rapport à Alterlight, c'est carrément le grand écart. Et le premier titre de cet album "Looking For a Dream" donne le ton. Il est sombre...

Très sombre. C'est le début de l'histoire. Cela parle d'un personnage dans un monde étouffé par la désinformation, le consumérisme, le terrorisme. Il (ou elle, peu importe) se demande si il reste une place légitime à un rêve d'enfance dans un monde pareil. Les deux extraits dans la chanson (dont le discours de Trump) sont là pour participer à ce brouhaha. Trump qui s'approprie la notion de “rêve américain”, c'est peu réjouissant.

Cela signifie que tu tournes la page Alterlight pour passer à ta propre carrière solo ?

Non. J'ai appris à cumuler (rires). Mon projet solo date de 2012. J'ai parcouru la Belgique avec mon matériel sur le dos, tout seul, pendant plus de 6 ans. En passant des petits cafés à des petites et des “grandes" salles (comme l'AB Club et le Reflektor), mais j'avais en tête de donner une autre dimension à mes chansons acoustiques. L'album “Looking for a Dream” était une belle opportunité d'enregistrer des premières versions “full band” des chansons, et de lancer les formules “trio” et “full band” par la même occasion pour les concerts. Les chansons sont donc liées entre elles et placées dans un ordre chronologique réfléchi. Pour en revenir à mes activités, Alterlight et Constantine sont deux autres projets dont je fais partie, mais essentiellement en tant que musicien. Je souhaitais simplement diversifier mon approche et jouer des styles et des instruments différents. Le projet solo ne m'empêche pas de m'investir et de continuer dans les deux autres projets.

Finalement, ne pas choisir, c'est ne pas renoncer. On est ici dans un registre plus folk et blues, non ?

Pas vraiment. Je situerais la couleur musicale plus dans l'americana ou l'alt-country, voire la folk. J'aime beaucoup le blues, mais je ne pense pas qu'il s'agisse d'une influence majeure dans mon style ou dans ma composition. Certains titres comme “Walden” sonnent plus alternatifs. Au niveau de l'ambiance, par contre, je pense que les deux premiers titres sont assez mélancoliques. C'est le principe du concept album : une histoire qui évolue vers beaucoup plus d'optimisme dans le style country à la fin avec “The Range of Light”.

La littérature américaine t'influence énormément. La preuve avec "Walden", justement.

Oui, ce titre est inspiré de l'œuvre de l'auteur américain Henry D. Thoreau. La chanson parle des difficultés éprouvées lorsqu'on tente de poursuivre ses rêves dans un monde étouffé par le conformisme et le consumérisme. C'est probablement une humble “protest song”, à ma manière. Ma passion pour les US est née avec Bruce Springsteen et pour le “rêve américain” tel qu'il l'entend dans des titres comme “Born to Run”, “Thunder Road” ou “Badlands”. Je dois aussi citer les films de western que mon père nous “obligeait” à regarder plusieurs fois par semaine. Et finalement, cette passion s'est concrétisée avec la lecture de classiques de la littérature américaine (de Ralph Waldo Emerson à Walt Whitman, Edgar Allan Poe et Henry David Thoreau) lors de mon séjour Erasmus en Angleterre. Cette civilisation qui “qui fait rêver”, c'est ça qui m'intéresse beaucoup, avec tout ce que cela peut avoir de paradoxal, quand on sait que beaucoup d'aspects aux États-Unis sont bien loin de répondre à cet idéal.

Et il va falloir défendre tout cela sur scène, à présent. Pas mal de dates chez nous, quid des USA ?

Oh que oui, l'été sera chaud. Plusieurs scènes sont prévues. La "release party" au Kultura à Liège pour commencer le 4 mai. Puis je serai au Nameless Festival, à la soirée Become à Bruxelles le 15 mai. Le 18 mai en première partie de The World of Dust à Liège. Le 15 juin à Nandrin au Live&Café. Beaucoup de concerts prévus, jusqu'au 14 septembre en solo à Spontin à l'Éphémère. Et pour répondre à la question sur les USA, j'y serai fin juin début juillet. Qui sait, who knows. Avec une guitare qui traîne dans un café le long d'une autoroute… tout peut arriver. Les immenses étendues, cela me parle tellement plus que le Madison Square Garden..

Visitez le site de David Lombard : www.davidlombard.net

La découverte musicale sur MiNT, du lundi au jeudi à 10h30 et à 18h30.

Cédric Godart