Débordements à Ixelles : le bourgmestre resserre la vis, les experts réagissent « vous vouliez démontrer l'utilité du couvre-feu ? »

La place Sainte-Croix à Ixelles était comble samedi soir, en raison du succès de la réouverture des terrasses et d'un appel sur les réseaux sociaux du groupe Le Cri à aller y fêter la fin du couvre-feu. Ce rassemblement de quelques milliers de personnes a entraîné des débordements dans la soirée. Intolérables, selon le bourgmestre de la commune :
par
oriane.renette
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« on devra prendre des mesures plus strictes dès aujourd'hui. »

Très actif sur Twitter, Marc Van Ranst a réagi au sujet de ces débordements. « Rentrez à la maison. Ne gâchez pas tout pour le reste de la population », écrivait hier soir le virologue de la KULeuven. Il ajoute, photo à l'appui : « Vous voulez montrer pourquoi un couvre-feu était nécessaire ? ».

De son côté, le porte-parole interfédéral Yves Van Laethem espère que ces regroupements ne se reproduiront plus. « On s'attendait à l'effet bouchon de champagne, a indiqué le virologue sur le plateau de « C'est pas tous les jours dimanche » (RTL). « Ceci ne prêtera sûrement pas à conséquence mais il ne faut pas que ça se répète. »

Le bourgmestre serre la vis

Le bourgmestre d'Ixelles Christos Doulkeridis (Ecolo) prévient dimanche matin que les fêtes en milieu urbain ne seront plus tolérées, comme cela a été le cas ce samedi soir sur la place Sainte-Croix.

Présent sur les lieux dès la fin de l'après-midi et jusqu'à la fin de l'intervention de police, le bourgmestre a essayé autant que faire se peut, mais en vain, d'amener les participants à respecter les règles sanitaires, puis à mettre fin au rassemblement.

«C'était le premier soir de la fin du couvre-feu et on s'attendait ce qu'il y ait un appel à un rassemblement quelque part en Belgique. On a essayé une stratégie qui tenait compte d'un certain nombre de critiques qui avaient été faites...», livre-t-il.

« Il ne restait qu'une seule option »

«C'est aussi un quartier où les interventions ne sont pas évidentes car il est fort urbain et fort habité. J'ai commencé à discuter avec les gens en début de soirée. A 00h30 encore, j'ai fait tous les groupes et j'ai fait des appels par haut-parleur pour demander aux gens de quitter les lieux par respect pour les voisins. A un moment donné, la seule option qui restait était de faire évacuer la place par les forces de l'ordre.»

Après avoir essayé la voix du dialogue, afin de ne pas répondre aux jeunes voulant faire la fête par de la répression, comme cela avait été le cas lors des «boums» au bois de la Cambre, Christos Doulkeridis a décidé de durcir le ton dès ce dimanche. «Hier, c'était le premier soir de la levée du couvre-feu et on a eu cette volonté-là», a-t-il expliqué. «Mais il est exclu que je puisse accepter que la ville et les endroits où il y a des habitants puissent être considérés comme des lieux où on va faire la fête. On devra prendre des mesures plus strictes dès aujourd'hui, mais j'espère que les gens vont comprendre d'eux-mêmes que ce n'est pas possible de faire cela tous les jours.»

« Irresponsables »

Il s'est dit très déçu par le manque de responsabilité et de solidarité des participants face à la pandémie, qui décime surtout des personnes issues des populations plus âgées. «Ce qui est décevant c'est que les gens nous disent d'arrêter de les infantiliser, mais après cela, il n'y a pas non plus de prise de responsabilité dans leurs comportements», déplore le bourgmestre. «Finalement, cela donne raison à ceux qui disent qu'il faut des couvre-feux, qu'il faut des règles, imposer des choses et qu'il faut sanctionner. C'est vraiment dommage.»

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