De drôles de messages dans les égouts de Bruxelles

Le Musée des Égouts accueille deux expositions temporaires dans le cadre de «2018. Année de la Contestation». Cet événement commémore les 50 ans de mai 1968 dans plusieurs musées de la ville. Les artistes PAROLE et Damien Petitot, accompagné de la scénographe Antigone, ont ici mis en place deux installations évolutives sur le thème du témoignage et de la trace.
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theo.laborie
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Le Musée des Égouts nous invite à emprunter un collecteur (un tunnel des égout où il est possible de marcher) de la ville pour découvrir ce qui se passe sous nos pieds. Entre maquettes, lettres, images d'archives ou costumes d'ouvriers des égouts, on se retrouve dans un monde souterrain méconnu. Suivant la Senne, rivière aujourd'hui souterraine de la ville, on se laisse guider à travers se décors stupéfiant où, depuis peu, des œuvres non moins surprenantes sont visibles.

«Collecteur de Traces» par l'artiste PAROLE

Peintre, sculpteur, performateur, PAROLE est un artiste bruxellois qui s'attaque à des milieux et matières variés pour s'exprimer. Son œuvre est systématiquement liée à l'écriture. Il joue ainsi avec les caractères et les mots pour créer des visuels captivants. A la demande du Musée, il investit cette fois un tunnel du collecteur où il a recouvert les murs d'un message étrange à la calligraphie hypnotique.

Ph. Facebook

Il décrit son œuvre comme un «biopalimpseste». Le palimpseste désigne un manuscrit déjà utilisé, et dont on a effacé les caractères pour pouvoir écrire dessus à nouveau. Il reprend cette définition et l'adapte au vivant pour intégrer des thèmes comme l'écologie, le gaspillage ou encore la mythologie grecque. Sa fresque, qui s'étend du sol au plafond, sera progressivement effacée par la montée des eaux usées. Il reviendra ainsi cinq fois pour reprendre et modifier son travail. Il sera d'ailleurs possible de venir le voir à l'œuvre.

Ph. Caroline Vercruysse

Ecrit au blanc de Meudon, matériau non polluant qu'il privilégie, le message reprend pour le moment des témoignages d'ouvriers des égouts. La découverte fortuite d'une gravure disant : «quand je serai mort j'irai au paradis car j'aurais vécu en enfer» a entre autre inspiré cette installation. Travaillant depuis près d'un an sur le projet, il a pu rencontrer et discuter avec des travailleurs des égouts. Certains d'entre eux sont aujourd'hui employés du musée.

«Humeur Contestataires» par Damien Petitot et Antigone.

Cette installation consiste en des projections animées de graffitis laissés dans les toilettes publiques. L'œuvre utilise les spécificités architecturales de la pièce, plutôt exiguë, et plusieurs miroirs pour refléter les tags. Les jeux de lumières nous emportent alors dans un flot ininterrompu de messages où tous les thèmes sont présents : politique, écologie, sexualité… On y trouve également tout un lot de numéros de téléphone et petits dessins.

Ph. Belga

Les toilettes publiques ont toujours accueilli des témoignages écrits. Aujourd'hui elles constituent un des seuls espaces qui échappent à la surveillance vidéo et favorisent donc certaines prises de positions. Parmi les thèmes abordés, on retrouve notamment le mouvement #balancetonporc ou le véganisme.

Il s'agit ici d'une installation participative où les visiteurs sont invités à envoyer leurs plus belles photos de toilettes taguées. Ils peuvent le faire directement sur le site du musée (www.museedesegouts.brussels) ou sur les réseaux sociaux avec le #WContest2018. A l'instar de l'œuvre de PAROLE, l'installation est appelée à évoluer et il sera donc possible de retrouver ces photos sur place.