Covid au travail : quels sont les secteurs où le virus se propage le plus ?

Enseignement, titres-services, métiers de contact, agroalimentaire… Certains lieux de travail présentent un risque de contamination au coronavirus plus élevé que les autres. Une nouvelle étude universitaire dresse la cartographie des activités sectorielles les plus exposées à la Covid-19.  
par
oriane.renette
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Dans le cadre de cette étude consacrée aux risques liés à la crise sanitaire sur les lieux de travail, les traceurs de contact ont demandé aux personnes infectées où elles pensaient avoir été contaminées. Un quart d'entre elles (23%) a répondu qu'elles avaient probablement contracté le virus sur leur lieu de travail.

L'étude, réalisée conjointement par l'université de Hasselt, la KU leuven, le service externe de prévention et de protection au travail Idewe et Sciensano a été présentée mardi durant la conférence de presse bihebdomadaire de Sciensano et du centre de crise.

L'étude cartographie les activités sectorielles les plus exposées au virus. «Cette analyse nous permet d'affiner la lutte contre la propagation du coronavirus sans mettre en péril la vitalité de nos entreprises ou d'autres secteurs d'activité», a déclaré le professeur Lode Godderis, co-auteur de l'étude et membre du conseil consultatif GEMS, qui conseille le gouvernement pendant cette crise sanitaire.

Coiffeurs non-indépendants et enseignants davantage infectés

A l'instar de nombreux autres secteurs, les professions de contact non médicales sont exposées à une circulation élevée du virus. C'est notamment le cas des coiffeurs non-indépendants. «C'est là que l'incidence est la plus élevée, malgré le respect des mesures sanitaires et des protocoles mis en place», a relevé M. Godderis.

Une incidence accrue a également été observée parmi les professeurs de l'enseignement obligatoire. Le 29 mars, le taux d'incidence parmi cette population était de 670 cas, ce qui est significativement plus élevé que dans tout autre secteur. «Mais grâce aux vacances de Pâques prolongées, le taux d'incidence a fortement diminué pour se rapporcher de celui de la population générale», a-t-il spécifié.

Dans l'industrie alimentaire, les secteurs de la transformation, de la production et de la conservation de la viande représentent des incidences particulièrement élevées: plus de 1.000 cas pour 100.000 employés sur une période de 14 jours. «Ce secteur nécessite donc une attention particulière», a souligné M. Godderis.

Une attention constante est également nécessaire pour certains secteurs manufacturiers. Le professeur a ainsi évoqué, pour exemple, un foyer particulièrement actif au sein d'une entreprise de construction de meubles. En outre, le commerce de gros et de détail est également affecté. Par conséquent, les protocoles existants devraient être examinés pour voir s'ils ne peuvent pas être optimisés et mis en œuvre plus efficacement.

Un autre secteur à risque est le secteur du nettoyage, dont les entreprises de titres services. Aucun dépistage systématique n'a lieu dans ces secteurs et les travailleurs courent un risque accru de se retrouver avec des personnes potentiellement infectées durant leur journée de travail.

Les effets de la vaccination déjà visibles

Bonne nouvelle toutefois, une baisse significative des contaminations a été observée dans le secteur de la santé, où bon nombre de personnes ont été vaccinées. Il n'y a plus d'augmentation de cas. La vaccination porte donc ses fruits, s'est réjoui M. Godderis.

Le commissaire corona Pedro Facon est revenu, durant la conférence de presse, sur la stratégie de testing, notamment sur le lieu de travail. «Des tests préventifs et à répétition sont nécessaires afin de réduire le risque sur le lieu de travail», a-t-il déclaré.

L'année dernière, des protocoles et des guides avaient été élaborés afin d'organiser au mieux le travail pendant la crise sanitaire. «Les secteurs les plus à risque doivent prendre des mesures supplémentaires», a insisté M. Facon. «Nous utilisons actuellement le stock fédéral de tests antigéniques rapides pour soutenir les entreprises et les organismes publics qui souhaitent tester leur personnel de manière répétitive. Depuis le 20 mars, 365.000 tests ont déjà été mis à la disposition de 535 organisations. Cette initiative, qui devait se terminer à la fin du mois d'avril, est prolongée jusqu'à la fin du mois de mai», a-t-il annoncé.

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