Comment se souvenir de ses rêves ?

Le rêve, ce monde parallèle dans lequel on se sent parfois si bien. Cet instant où l'inconscient nous parle. Ces aventures et ces rencontres que l'on ne vivra jamais dans le monde réel. Mais vous faites peut-être partie de ces gens qui, dépités, annoncent: «Moi, je ne rêve jamais!». C'est faux… Tout le monde rêve, mais parfois le souvenir s'envole à l'instant précis du réveil. Il est pourtant possible de creuser un peu et de gratter quelques souvenirs de ces moments d'onirisme.
par
ThomasW
Temps de lecture 5 min.

À l'autre bout de la frustration, il y a également ceux qui sont pleinement conscients d'avoir participé à des nombreuses histoires, agréables ou pas, durant leur sommeil, mais dont les images s'effacent à mesure que la sensation de réveil monte. Quel gâchis! Tous ces moments perdus, toutes ces rencontres, toute cette seconde vie que j'ai vécue pleinement et qui, pourtant, est devenue plus opaque qu'une brume.

Un peu de vitamines

Il y a pourtant moyen de capter au vol quelques instants avant qu'il ne soit complètement perdu. Que ce soit par quelques techniques simples, voire même par la science.

Des chercheurs de l'université d'Adelaïde, en Australie, ont ainsi récemment découvert que la vitamine B6 pouvait permettre de mieux se souvenir de ses rêves. Les auteurs de cette étude, publiée dans la revue ‘Perceptual and Motor Skills', ont en effet analysé le sommeil d'une centaine de personnes. À une moitié, ils ont donné une capsule de 240 mg de vitamine B6 avant le coucher, tandis que le reste a eu droit à un placebo, et au dodo!

Résultat: si la vitamine B6 ne jouait aucun rôle dans la ‘qualité' du rêve en tant que tel (intensité, ‘bizarrerie'…), elle a toutefois joué un rôle notable dans sa souvenance. A contrario, les personnes qui n'ont eu qu'un effet placebo ont présenté davantage de troubles du sommeil et se souvenaient peu ou pas de leurs rêves.

Si les chercheurs ont constaté les effets, ils n'ont toutefois pas réussi à les expliquer. Deux théories entrent en jeu. La première évoque un rôle dans la production de sérotonine qui provoquerait une intensité plus élevée de rêve avant le réveil. Mais une autre évoque un éventuel effet perturbateur sur le sommeil qui provoquerait davantage de réveils nocturnes et donc plus de possibilités de se rappeler ses rêves.

L'étude doit donc encore être peaufinée, d'autant que la quantité de vitamine B6 administrée aux patients (240 mg) équivaut à une dose de cheval. Il n'en reste pas moins qu'à dose normale, elle contribue au métabolisme énergétique normal, à l'absorption du magnésium et à une réduction de la fatigue. On en trouve surtout dans les bananes, les noix, l'avocat, le riz complet, le chou, les pommes de terre, les poissons gras (saumon, maquereau, morue), l'avoine, les viandes et les abats (foie),etc.

Une bonne dose de volonté

Mais se souvenir de ses rêves n'est pas qu'une question d'alimentation ou de complément alimentaire, mais avant tout de volonté.

Il faut d'abord savoir qu'un cycle de sommeil dure plus ou moins 90 minutes, et que les rêves n'apparaissent qu'en fin de cycle lorsqu'on atteint la phase de sommeil paradoxal. C'est là que doit se concentrer toute notre attention. À la fin d'un cycle, soit on en commence un autre, et tant pis pour les précédents rêves, soit on entame sa phase de réveil, et c'est dans ces premiers instants qu'il faut faire preuve de volonté. Et certes, ce n'est pas simple quand on se sent encore brumeux et à peine sorti des bras de Morphée.

Se souvenir de ses rêves doit donc être avant tout une intention consciente, c'est-à-dire un ordre que l'on lance à son inconscient. Les meilleures armes, c'est le cahier, blanc, déjà ouvert et sans dessin qui pourrait distraire, et le stylo à portée de main, voire un dictaphone.

Au réveil, n'hésitez pas une seule seconde. Écrivez (ou dictez) tout ce qui vous passe par la tête avant d'être complètement réveillé. Selon Carl Jung, c'est l'activation du mental qui fait fuir les rêves. Il appelait cela le lever du soleil conscient. Écrivez donc des ambiances, une émotion générale, des lieux, des visages, de simples mots-clés, voire peut-être même un dialogue. Bref, le plus possible et même les détails les plus incongrus ou les plus insignifiants.

Ne tentez pas de faire de longues phrases ni de la littérature. Votre cerveau serait trop capté par la concentration de l'écriture au détriment des volutes d'images. Si rien ne vient, notez quand même. Quoi que ce soit… La première chose qui vous vient en tête. Ça peut être lié aux rêves que vous avez faits et initier d'autres images.

La concentration avant tout

Mais surtout, concentrez-vous! Ne bougez pas. Restez dans la même position pour éviter de penser. Dix minutes d'immobilité peuvent être nécessaires pour attraper quelques bribes de rêves encore présents. Et puis, n'attendez pas nécessairement le matin pour le faire. Il arrive souvent que l'on ait des micro-réveils en pleine nuit à la fin d'un cycle. Profitez-en pour noter quelques mots. Cela pourrait même développer cette capacité de mémoire.

Le mieux est de trouver une façon douce de se réveiller. Pas de radio ni de réveil. Mais si vous ne pouvez pas vous en passer, posez-le très près de vous de façon à pouvoir l'éteindre facilement sans perdre de précieuses secondes à le chercher. L'idéal est de se ménager un espace transitoire entre le sommeil et le réveil.

Il est également très important de se coucher tôt ou, à tout le moins, d'avoir une quantité de sommeil suffisante. La fatigue ne vous mènera à rien dans votre quête, bien au contraire, et vous aurez logiquement une quantité de rêve plus réduite en magasin. Le petit truc en plus: le post-it avec écrit en grand ‘de quoi as-tu rêvé?' pour l'avoir automatiquement en tête.

Se souvenir de ses rêves ne se fera sans doute pas du jour au lendemain, mais il ne faut pas hésiter à renouveler l'expérience. Partez de la moindre petite image qui vous revient en mémoire. Ce sera toujours un premier pas vers cet inconnu.