Bande dessinée : Kogaratsu, samouraï et baby-sitter

par
Jerome
Temps de lecture 2 min.

Plus de 30 ans après sa création, Kogaratsu revient avec un 14e album intitulé 'Taro'. Une relative rareté qui prouve tout le soin apporté par Michetz, le dessinateur et alter ego du ronin, et par Bosse, le scénariste que nous avons rencontré.

Qu'aviez-vous envie de faire vivre à Kogaratsu avec cette mission particulière, celle d'escorter un enfant capricieux? Avez-vous voulu le mettre, lui le samouraï solitaire, dans un rôle de père ?

«Tout ça s'inscrit dans l'histoire générale de Kogaratsu. C'est un personnage qui vit un de profundis assez fort depuis quelques années. D'album en album, il tombait de Charybde en Scylla. Je trouvais qu'il était urgent de mettre un point d'arrêt à cette descente aux enfers qui n'en finissait plus.»

D'où les quelques touches d'humour...

«Oui, parce qu'il est mal à l'aise avec cet enfant. C'est un ronin, un gars qui vit sur les routes. Il ne connaît que la guerre et les armes. C'est un peu l'alter ego de Michetz.»

Voulez-vous coller au plus proche de la réalité ou participer à une sublimation de l'image des samouraïs ?

«Coller au plus de la réalité et d'être historique à tout crin peut s'avérer un piège assez terrible. On risque de s'enfermer dans un carcan en excluant différentes possibilités. En plus, on risque de se rendre malade à ne pas trouver tel ou tel détail. Je crois qu'il faut garder une certaine souplesse. Marc (Michetz, le dessinateur, ndlr.) reste très imprégné de Japon, il ne l'est quand même pas à ce point-là. On essaie de faire quelque chose de plausible dans ce contexte.»

Après plus de 30 d'existence, comment voyez-vous Kogaratsu évoluer ?

«Cet album amorce déjà une charnière pour la suite. Si on veut rester logique, son personnage d'errant dans le Japon médiéval devait avoir beaucoup de difficultés à s'en sortir. C'est une vie très dure, faite de sacs et de cordes, de périodes de jeûne, de froid... On devait vieillir plus vite. Quarante ans devrait être presque l'âge de la fin de vie ou de carrière pour Kogaratsu. Il me semblait donc logique de passer à autre chose, notamment sur le côté noir de la série. Je pensais à quelque chose de plus lumineux. Mais ça posera problème à notre samouraï errant de devenir quelqu'un de plus en vue. ‘Ronin' signifie ‘l'homme sur la vague', qui se fie aux éléments qui le portent. Il était donc à la fois fascinant et très inquiétant.»

Nicolas Naizy

 @NNaizy