Au Pakistan, un jeu vidéo pour lutter contre les préjugés entourant les règles

Une start-up pakistanaise a mis au point un jeu pour téléphones portables visant à lutter contre les préjugés et la stigmatisation entourant les règles dans nombre de pays en développement.
par
Laura
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Armé d'une culotte rose, le joueur a pour mission d'attraper des serviettes hygiéniques en esquivant les feuilles d'arbre ou de journal, chiffons et autres matériaux inadaptés pour absorber les flux menstruels.

A l'usage des bidonvilles

Cette application, nommée «MoHim», qui signifie effort en langue ourdoue, a été conçue par une Pakistanaise, Mariam Adil, qui dirige Grid, une start-up développant des jeux facteurs de changements sociaux. Un prototype du jeu a été lancé sur iTunes au début du mois, et Grid va s'associer avec l'ONG canadienne Femme International pour promouvoir l'usage de l'application dans les bidonvilles de Nairobi au Kenya. A la fin de chaque niveau s'ouvre une porte qui brise des préjugés sur les règles, notamment qu'elles sont mauvaises ou rendent les femmes «impures».

Lutter contre les constructions sociales

Mme Adil a expliqué à l'AFP avoir été choquée, petite, de la stigmatisation des règles au Pakistan, un sujet tabou pour des raisons à la fois religieuses et culturelles. "Des filles manquent l'école une semaine par mois par 'honte' et finissent parfois par décrocher, et des femmes ont de graves infections car on leur a dit qu'elle ne devaient pas se laver pendant leurs règles." "Les jeux vidéos peuvent lutter contre ces constructions sociales et pousser les individus à les remettre en cause de manière ludique", souligne-t-elle.

Grid, basée en partie au Pakistan et en partie à Washington où Mme Adil travaille également pour la Banque mondiale, a déjà publié un jeu, StereoWiped, inspiré du Mahjong et visant à briser les stéréotypes concernant la race et le genre. Si le succès est au rendez-vous, l'équipe espère lancer MoHim sur Android, y compris au Pakistan -- même si Mme Adil reconnaît que les résistances ne manquent pas chez les décideurs.