15 ans après le naufrage de l'Erika, de nouvelles menaces

par
Camille
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20.000 tonnes de fioul étalées sur 400 km de côtes, du Finistère à la Vendée. 150.000 oiseaux morts après avoir plongé dans le mazout… Le naufrage de l'Erika, survenu le 12 décembre 1999, a laissé des traces dans l'histoire du transport maritime. Comme l'avait fait avant lui l'Exxon Valdez (40.000 tonnes de mazout sur 1.800 km de côtes en Alaska) ou l'Amoco Cadiz (230.000 tonnes sur 360 km de côtes bretonnes).

Mais le drame écologique de l'hiver 1999 a provoqué un électrochoc. Depuis, la sécurité maritime a fait des progrès. Trois paquets législatifs (Erika 1, 2, et 3) ont été mis en place par l'UE. Ils impliquent des contrôles plus poussés sur les navires de transport pétrolier, et une vérification en profondeur une fois par an. Surtout, les navires à simple coque seront interdits à partir de l'année prochaine.

Dans le même temps, la responsabilité des compagnies pétrolières qui affrètent les navires de transport a été reconnue. Car si la justice française a lourdement condamné l'armateur du navire, elle n'a pas épargné Total, condamné à l'amende maximale pour les sociétés (375.000 €). Les parties civiles ont également reçu plus de 200 millions €de dommages et intérêts, dont environ 13 millions pour le « préjudice écologique ».

Mais si la sécurité du transport maritime s'est améliorée, des menaces perdurent. D'abord, des navires peu sûrs continuent d'écumer les eaux d'autres parties du monde. Le naufrage du Rena, en 2011 au large de la Nouvelle-Zélande, a ainsi provoqué le déversement de 300 à 1.700 tonnes de mazout. Surtout, la demande continue de pétrole pousse les exploitants à développer les recherches en zones marines, moins exploitées.

De nombreuses organisations écologistes y voient une nouvelle menace, notamment depuis l'incendie de la plateforme Deep Water Horizon, au large de Louisiane en 2010. Près de 700.000 tonnes de pétrole s'étaient alors déversées dans les eaux du golfe du Mexique. Actuellement, défenseurs de l'environnement et industrie pétrolière s'affrontent aux Canaries.

La compagnie Repsol a reçu l'autorisation d'y mener des forages prospectifs. L'annonce a provoqué la colère de milliers d'habitants de l'île, inquiets des conséquences que pourrait avoir une marée noire sur un secteur touristique qui emploie un habitant sur quatre. Ainsi, malgré la mise en place de règles drastiques pour éviter la répétition d'un naufrage comme celui de l'Erika, les zones côtières continuent de redouter les marées noires.

 

 

POUR EN SAVOIR PLUS

" Le transport maritime est devenu plus sûr "

La sécurité du transport maritime s'est considérablement améliorée depuis le naufrage de l'Erika. « Tout cela s'est fait au niveau européen », souligne l'eurodéputé libéral Dominique Riquet.

Le Parlement européen a légiféré à plusieurs reprises pour éviter les naufrages de pétroliers. Qu'est ce qui a changé ?

«Beaucoup a été fait pour un transport maritime plus sûr. Tout d'abord, nous avons mis en place une agence maritime chargée de surveiller et inspecter les navires de transport. Depuis l'incendie de la plateforme Deep Water Horizon, cette agence est également en charge des plateformes gazières et pétrolières. Nous avons aussi imposé des procédures qui encadrent l'installation et la surveillance de tout ce qui concerne la sécurité sur les navires.»

L'autre gros dossier, c'est la fin des navires à simple coque.

« En effet. On en parlait dès le début des années 2000, et cela sera effectif dans quelque semaine, à partir de 2015. Les doubles coques seront désormais obligatoires pour transporter tout produit liquide et polluant. Cela ne s'est pas mis en place du jour au lendemain, car ça impliquait un renouvellement de la flotte. »

Quelles autres mesures doivent encore être prises pour éviter de nouvelles marées noires ?

Il faut continuer à améliorer nos moyens de surveillance, de géolocalisation, de prévision météo. Il est également essentiel de continuer d'améliorer la formation des travailleurs concernés, afin qu'ils soient le plus à même d'éviter un incident. »