Qui était Fourniret ? Un « braconnier » pervers qui «devait chasser deux vierges par an » car sa première épouse ne l'était pas

Des silences, des aveux et des formules alambiquées: le violeur et tueur en série Michel Fourniret, décédé lundi à 79 ans, emporte avec lui de nombreux secrets après avoir souvent dérouté la justice en quarante ans. Qui était celui dont le parcours criminel lui a valu le surnom d'« ogre des Ardennes» ?
par
oriane.renette
Temps de lecture 3 min.

Condamné à la perpétuité incompressible en mai 2008 pour le meurtre de sept femmes, puis à nouveau à la perpétuité dix ans plus tard pour un assassinat crapuleux, le tueur n'en avait pas fini avec la justice. Il était encore mis en examen pour les disparitions ou les meurtres de plusieurs femmes. En mars 2020, il avait fini par avouer sa responsabilité dans la disparition d'Estelle Mouzin dont les fouilles pour retrouver le corps restent pour l'heure infructueuses.

Décrit par l'expert psychiatre Daniel Zagury comme «le tueur en série français le plus abouti», le meurtrier a souvent joué au chat et à la souris avec les enquêteurs.

Me Didier Seban, qui défend plusieurs proches de ses victimes, parle de véritable «bataille» avec l'accusé «pour en savoir plus», s'étonnant de «l'ego absolu de ce personnage», «absolument pervers, absolument insupportable».

Né le 4 avril 1942 à Sedan (Ardennes), Michel Fourniret, marié trois fois et père de cinq enfants, a avancé que son «orgueil avait été frappé de plein fouet» lorsqu'il avait découvert que sa première femme n'était pas vierge. De son propre aveu, l'ajusteur et dessinateur en mécanique, père de famille discret le jour, se serait alors mué en «braconnier» à ses heures sombres. Il s'était mis en tête qu'il devait « chasser deux vierges par an ».

Un pacte meurtrier avec Monique Olivier

Avant même sa condamnation de 2008, il est condamné à trois reprises en 1967, 1984 et 1987 pour une douzaine d'agressions sexuelles.

De sa troisième épouse Monique Olivier, rencontrée en détention par petite annonce, il fait sa complice, scellant avec elle un «pacte» criminel: en échange du meurtre de son premier mari, elle l'aidera à trouver une femme vierge. A sa sortie de prison en 1987, il s'installe avec elle.

Deux mois plus tard, il viole et tue Isabelle Laville, 17 ans. Suivront Fabienne Leroy, Jeanne-Marie Desramault, Elisabeth Brichet...

Mais l'itinéraire criminel de celui qui était en prison depuis dix-sept ans comprend un trou étrange entre 1990 et 2000, alors qu'il a pu se vanter d'avoir tué deux personnes par an entre 1987 et son arrestation de 2003.

L'équipée macabre du couple s'achève en en effet quand Michel Fourniret est arrêté en Belgique pour un enlèvement raté.

En 2004 et 2005, Monique Olivier craque et révèle aux enquêteurs onze meurtres, dont les sept jugés en 2008 à Charleville-Mézières. Commis entre 1987 et 2001 en France et en Belgique, ces meurtres avaient été précédés de viols ou tentatives de viols.

Chez lui, «le plaisir pervers de faire souffrir l'autre est beaucoup plus fort que le plaisir sexuel», analysait à l'époque le procureur de Charleville.

Lire aussi : « Psychopathe sadique sexuel », Marc Dutroux présente encore un risque de récidive