Peet décolle en solo: "J'ai trop de fierté pour aller sur une appli comme Tinder"

Cela faisait un moment que l'on attendait de voir Peet prendre son envol en solitaire avec un premier album. Fidèle à lui-même, le rappeur bruxellois montre les diverses facettes de sa personnalité en faisant preuve d'auto-dérision et d'humour, notamment au moment d'aborder son côté glandeur-fêtard aux fins de mois difficiles. ‘Mignon' raconte Peet, et Peet s'est définitivement bien entouré pour que son histoire vaille la peine d'être racontée…
par
sebastien.paulus
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Ça fait un moment que tu es dans le monde de la musique, pourtant ce n'est que ton premier album. Comment tu l'expliques?

Peet: «J'ai multiplié les projets en solo et avec le 77, mais ce premier album est un aboutissement en soi. Cette fois-ci, on est partis en résidence avec des musiciens pour être vraiment focus donc ça avait une saveur différente. Là il y avait un saxophoniste, un claviériste, un ingé son, des producteurs,… une vraie équipe en soi! En plus de ça, derrière ce disque il y a une promo, un concept, c'est un projet complet, alors que ce n'était pas le cas avant. Au final, le coronavirus nous a donné le coup de pouce qu'il fallait pour vraiment prendre le temps de faire les choses bien.»

Tu as appelé ton album «Mignon», qui est ton nom de famille. C'était pour démontrer que le disque est à ton image?

«Je me délivre à fond dans cet album et je me mets à nu. À l'origine, ce n'était pas spécialement la raison pour laquelle je l'avais appelé comme ça, mais avec le temps plus j'en parle, plus ça devient clair dans mon esprit. En le nommant comme ça, je donne quelque chose d'intime aux gens parce que ce n'est pas spécialement quelque chose qu'ils savent de base. Cet album, c'est ce que je vis et ce que je ressens au quotidien.»

Du coup le son «Kéké», qui parle de drogues en tous genres, c'est aussi une part de toi?

«Ouais bien sûr, maintenant dans ‘Kéké' j'ai voulu mettre en avant une certaine jeunesse et j'ai extrapolé ce côté-là de moi. C'est sûr que parfois, la dépendance est un peu une crainte qui m'habite parce que j'ai la bière facile, même si ça ne m'empêche pas du tout de vivre une vie normale. Mais parfois j'ai du mal à m'arrêter quand je commence à boire, et c'est quelque chose qu'on voit tous autour de nous en soirée. Ceci dit, le ‘kéké' ne se rend pas compte de ce qu'il fait et de ses excès, ou en tout cas il s'en fout, ce qui n'est pas mon cas.»

Justement le coronavirus a réduit le nombre de soirées et le nombre de rencontres, notamment avec la gente féminine, dont tu parles dans «Out». Ce n'est pas trop compliqué d'être célibataire en 2021?

«(rires) Si de ouf, même si là j'ai le mojo (NDLR: une période de succès) en ce moment. Ceci dit, j'ai trop de fierté pour aller sur une application comme Tinder. Ça aide d'avoir une petite notoriété, je n'aime pas les groupies, mais si grâce au rap, je crée des bons liens, je fais des rencontres et on s'ouvre mutuellement des portes, tant mieux. Je prends les choses comme elles viennent et si je peux en profiter, c'est cool!»

Tu parles souvent d'argent, c'est quoi ton rapport à la thune??

«Je ne suis pas quelqu'un qui veut énormément d'argent, mais je veux en avoir suffisamment que pour ne plus devoir y penser et regarder sur mon compte à la fin du mois si j'en ai assez pour le boucler. Les concerts, c'est ce qui paie le mieux et pour l'instant forcément, c'est compliqué. En fait, comme je parle de ce que je vis dans mes textes et que chaque mois j'ai des problèmes à ce niveau-là, ça se trouve forcément dedans. Je parle aussi beaucoup de mon côté branleur, peut-être que si je ne l'avais pas, je n'en serais pas là (rires).»

«?Pierrot?» nous apprend que tu es un gars par moments déconnecté, mais aussi que tu te transcendes quand tu es sur scène. Tu as des fourmis dans les jambes en ce moment??

«C'est vrai que je suis quelqu'un de très sociable et qui rigole beaucoup, mais je suis souvent dans mes pensées, même si j'ai du monde autour de moi. Pour ce qui est de la scène, je me transforme en Super Sayian. Quand j'y suis, j'ai une confiance en moi que je n'ai nulle part ailleurs, même s'il faut le gérer aussi. Mon père n'a pas le compliment facile, mais quand il m'a vu au Botanique juste avant le confinement, il m'a dit que j'étais vraiment fait pour ça.»

Review

Dans ‘Mignon', Peet ne cherche pas à s'inventer une vie?; il se raconte de façon directe et prosaïque, sans s'encombrer de lourdeurs stylistiques. Le Bruxellois parle à une jeunesse qui a été mise sur pause depuis un an, et dont il fait encore complètement partie. Si cet album est une forme d'autobiographie du rappeur, alors Peet ressemble à n'importe quel jeune, et c'est cette normalité qui nous fait entrer dans l'album. Déjanté dans la vraie vie comme sur l'album, Peet avait aussi à cœur de montrer certaines des introspections de Pierre Mignon, de son vrai nom, sans doute aussi pour montrer qu'il était aussi un artiste avec une grande sensibilité qui lui est propre.