Balthazar, les Belges passés maîtres dans l'art de la séduction

Les crooners de Balthazar poursuivent leur aventure avec «Sand», un cinquième album dans la même lignée que le précédent. Les Belges livrent une parade nuptiale pleine de légèreté et de sensualité à leurs fans, qui ont arrêté il y a bien longtemps de repousser leurs avances entêtées et entêtantes. Rencontre avec le duo de chanteurs qui incarne l'âme de Balthazar, passé maître dans l'art de la séduction.
par
sebastien.paulus
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En 2018, vous reveniez sur les devants de la scène avec «Fever», que vous avez décrit comme votre album le plus groovy. Est-ce que «Sand» est dans la continuité de cet album?

Jinte: «Fever a sonné comme une sorte de réunion après nos aventures en solitaire respectives. Cette envie de fêter nos retrouvailles s'est ressentie dans notre musique qui était plus extravertie et groovy. Avec «Sand», on souhaitait poursuivre sur cette lancée et aller plus loin, tout en conservant l'ADN de Balthazar. L'album a été partiellement écrit durant la tournée, ce qui a renforcé le sentiment de continuité dans les intentions des deux disques.»

Le titre «Losers» apparaît comme le temps fort de l'album, et il s'agit d'ailleurs du premier single que vous avez sorti. C'était une évidence?

Maarten: «C'est toujours un exercice très compliqué de choisir un premier single et la mayonnaise a tout de suite pris auprès de notre public, mais on sent que c'est loin d'être le seul. Nous n'aimons pas vraiment mettre l'emphase sur un titre. Nous sortons un album comme un tout et, si «Losers» est sans doute le titre le plus ‘catchy', je suis sûr que les personnes qui achèteront l'album sauront apprécier de la même manière les chansons plus complexes.»

Au niveau de la production, on sent que l'album est beaucoup plus épuré que par le passé…

M.: «De fait, il s'agit de l'album le plus électronique que l'on ait fait jusqu'à présent. On varie beaucoup dans le choix des sortes de batteries et de synthétiseurs que l'on utilise. Le confinement a directement influencé notre façon de travailler puisque chacun était derrière son ordinateur. C'était nouveau pour nous, mais nous avons beaucoup apprécié cette façon de fonctionner parce que cela nous a permis de découvrir plein de nouvelles sonorités. Ces restrictions nous ont permis d'être créatifs et cela ancre notre album dans les temps que nous vivons.»

Est-ce que votre expérience vous fait prendre de plus en plus de libertés?

J.: «C'est difficile à dire parce que l'on n'a pas encore beaucoup de recul sur l'album. C'est certainement au public de juger cela. Ce n'est pas notre premier opus donc on ne doit pas spécialement donner une direction claire à ce que l'on fait, on peut se nourrir de nos nombreuses influences. Je crois que l'on écrit de façon beaucoup plus directe et honnête avec le temps. Par le passé, on racontait les choses de façon métaphorique et nous allons désormais beaucoup plus rapidement à l'essentiel. Dans ‘You Won't Come Around' par exemple, on recherche réellement l'essence des choses.»

Des clips sont déjà sortis pour «Losers» et «On a Roll», avec une forte identité cinématographique. Est-ce que vous puisez parfois votre inspiration dans le septième art?

M.: «On nous dit souvent que notre musique a quelque chose de très visuel et cinématographique, mais ce n'est pas spécialement dans nos intentions à l'origine. Je pense que l'on cherche à installer une atmosphère et qu'en cela on se rapproche du cinéma.»

On a pu constater par le passé que vous êtes de véritables bêtes de scène. Est-ce que vous avez le sentiment que la scène est l'accomplissement d'un album?

J.: «Dès le moment où nous écrivons des chansons, nous imaginons déjà ce que cela donnera sur scène, même si nous devons prendre notre mal en patience pour le moment. Durant notre tournée précédente, nous avons ressenti que les gens commençaient à beaucoup plus danser sur nos chansons et c'était nouveau! On a l'impression que ‘Sand' est encore plus dansant, donc on a hâte de le présenter sur scène.»

Et si vous deviez choisir une scène sur laquelle monter, quelle serait-elle?

M.: «Je serais heureux avec n'importe quelle scène, au point où on en est, même les endroits pourris dans lesquels nous avons commencé (rires)!»

J.: «On a réalisé récemment que nos shows préférés étaient ceux sans trop de spectateurs, avec environ 500 personnes. Cela crée une atmosphère intime et on peut interagir avec le public, c'est là que les concerts sont les meilleurs à mes yeux.»

Review

Balthazar a dû s'adapter à la crise sanitaire et a fortement changé sa façon de travailler pour faire éclore « Sand ». Les Belges se sont nourris du plaisir retrouvé à jouer ensemble lors de la tournée de « Fever » pour insuffler à l'album une atmosphère fiévreuse et sensuelle. Toujours aussi subtils et légers, les crooners de Courtrai gardent intacte leur capacité à faire gesticuler le public. Cet opus, durant lequel la thématique du temps qui passe est omniprésente, représente à lui tout seul un moment suspendu, une parenthèse enchantée, voire une furtive idylle avec l'auditeur.

Balthazar sera en concert le 26 novembre à la Lotto Arena d'Anvers.