Du quinoa cultivé en Belgique, le pari d'un jeune agriculteur

L'an passé, un jeune agriculteur hennuyer a voulu innover en cultivant pour la première fois du quinoa dans ses champs. Si l'expérience ne s'est finalement pas déroulée comme prévu, elle a été riche en enseignements.
par
Clement
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Antoine Roisin est un jeune agriculteur belge de 24 ans. Après avoir terminé ses études en agronomie, il a repris la ferme familiale tenue par ses parents à Ragnies, près de Thuin, dans le Hainaut. Les Roisin élèvent des porcs, nourris par les céréales récoltées lors de la moisson. En plus des céréales, la famille cultive également des betteraves, du colza ou encore du lin. Le printemps dernier, Antoine Roisin a décidé de se lancer dans un nouveau projet: la culture de quinoa.

Une graine venue des Andes

Le quinoa est une petite graine croquante qui vient des Andes et qui pousse depuis des milliers d'années sur les hauts plateaux de Bolivie et du Pérou. Depuis le début des années 2000, le quinoa est un aliment devenu de plus en plus populaire dans les assiettes des Belges. Plutôt que de l'importer d'Amérique du Sud, des spécialistes des semences ont alors travaillé pour adapter la culture du quinoa à nos contrées. «Si on prend des semences directement de Bolivie ou du Pérou et qu'on les sème ici, on ne récoltera rien du tout parce qu'elles sont particulièrement sensibles à la longueur du jour et sous nos latitudes, les écarts, les variations de longueur du jour sont beaucoup plus exagérées qu'à proximité de l'équateur», explique Jason Abbott, un Américain venu semer les premiers hectares de quinoa en 2009, dans le Maine-et-Loire, en France. Un pari réussi puisqu'aujourd'hui un tiers du quinoa consommé en France vient de la région d'Anjou.

Du quinoa en Belgique?

En mai 2020, en réponse aux périodes de sécheresse de plus en plus récurrentes en Belgique, Monique Swinnen, députée provinciale en charge de l'agriculture, avait encouragé les agriculteurs du Brabant flamand à se tourner vers des cultures peu exigeantes en eau, comme le quinoa. «Une telle résistance à la sécheresse offre de nouvelles perspectives aux agriculteurs confrontés au changement climatique», avait-elle estimé. En effet, le quinoa possède un réseau racinaire qui lui permet de bien mieux résister à des périodes de sécheresse que les pommes de terre ou les betteraves.

Antoine Roisin n'a pas attendu ces recommandations pour se lancer dans la culture de quinoa. Inspiré par ses voyages, notamment en Amérique du Sud, et par un copain agriculteur qui avait réussi cela en 2019 près de Nivelles, il a décidé de se lancer dans l'expérience. Au printemps dernier, le jeune agriculteur a semé pour la première fois du quinoa sur une petite parcelle de 25 ares. Une fois triées, le but était de récolter environ 400 kilos de graines de quinoa qu'il allait vendre, en vrac, directement à la ferme familiale.

La culture et la récolte d'Antoine se sont déroulées à merveille. «La culture en elle-même s'est très bien passée. En comparaison aux betteraves qui se trouvaient juste à côté, le quinoa a bien profité de la sécheresse. La différence était claire et nette. Le quinoa est mieux adapté à un temps plus sec», nous a-t-il raconté. Malheureusement, l'agriculteur ne pourra pas vendre son quinoa comme il l'avait envisagé. «Je suis passé par quelqu'un d'autre pour le trier et le sécher car je n'avais pas le matériel et cette personne m'a un jour appelé pour me dire que la marchandise était foutue et que je ne pourrai plus rien faire avec. Je n'ai donc plus rien à vendre», regrette Antoine Roisin. À l'heure actuelle, il ne sait pas encore s'il reproduira l'expérience l'année prochaine.

Il reste cependant tout à fait possible d'acheter et de consommer du quinoa «made in Belgium». La marque Graines de Curieux commercialise dans de nombreux magasins bio à travers la Belgique des sachets de quinoa cultivé de manière 100% biologique sur le sol belge par la société Land Farm and Men. Comptez environ 5€ le sachet de 500gr. Du quinoa belge et bio, c'est donc possible et cela risque d'être de plus en plus courant ces prochaines années.

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