Un terrain partagé pour un logement accessible à Bruxelles

Face à la montée en flèche des prix de l'immobilier à Bruxelles, la plupart des familles modestes se retrouvent soit contraintes de vivre dans des petites habitations parfois insalubres, soit de quitter la ville. Depuis quelques années, le Community Land Trust Bruxelles (CLTB) leur offre une troisième alternative : acquérir un logement abordable et solidaire, grâce au principe du terrain partagé.
par
oriane.renette
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Venue tout droit des États-Unis, la formule du Community Land Trust (CLT) permet à des citoyens aux revenus limités de devenir propriétaires d'un logement de qualité. Au cœur du concept, le principe selon lequel le terrain reste la propriété de la communauté. Seule l'habitation est vendue, réduisant de facto son prix.

Comment ça fonctionne ?

Sortir la terre des logiques de marché et de la spéculation immobilière est le socle des projets CLT. Le Community Land Trust Bruxelles, organisé sous la forme d'une ASBL, acquiert donc les terrains communs grâce aux subsides de la région bruxelloise. Il en reste propriétaire et vend uniquement les habitations.

Ce système permet de faciliter l'accès à la propriété, tout en s'inscrivant dans le long terme. En effet, si le propriétaire souhaite revendre, le prix est plafonné, garantissant ainsi l'accessibilité du logement à d'autres familles à faibles revenus, et ce de génération en génération.

Cinquante familles installées à Bruxelles

D'Anderlecht à Saint-Gilles, en passant par Molenbeek et Schaerbeek, le CLTB a actuellement 200 logements en cours de réalisation sur onze terrains différents dans la Région Bruxelloise.

A l'automne dernier, les premières familles ont emménagé dans les logements du « Nid », le projet pilote de la CLTB lancé en 2013. Plus que de simples propriétaires, les résidents sont de véritables acteurs du projet. Ils y participent activement, en ce compris dans le processus architectural.

Retisser le lien social est également au cœur de la philosophie des CLT. Les résidents s'impliquent dans la vie de quartier, en créant des infrastructures communautaires ou des événements. A Molenbeek, les familles de l' « Arc-en-Ciel » ont notamment lancé le Festival « Bazar », ainsi qu'un marché aux puces, tous les premiers dimanches du mois dans leur rue.

Au total, 48 familles sont désormais propriétaires de leur propre chez-soi à Bruxelles, grâce à la formule CLT. Véritable communauté rassemblant habitants et associations, le CLTB défend une vision de la ville plus juste et inclusive, tout en offrant une réponse durable à la crise du logement dans les grandes villes.

 

Le CLT, solution pour les habitats légers ?

C'est une première en Wallonie. La commune de Tintigny (Luxembourg) va prochainement lancer son lotissement pour habitat léger. Ce projet novateur a lui aussi été conçu grâce à la formule du « community land trust ». Roulottes, yourtes, chalets, dômes, tiny houses… Dix à quinze habitations légères pourront s'installer sur le terrain jouxtant la Halle de Han, acheté par le CLT. Dans la mesure où la législation n'est pas encore adaptée aux habitations légères, les obstacles pratiques à la construction de ce type de logements restent nombreux, notamment vis-à-vis de l'urbanisme. Aussi, combiner habitat léger et CLT, comme s'apprête à le faire Tintigny, semble une solution idéale pour faciliter l'accès à ces habitations à la fois sociales et environnementales.

 

Oriane Renette