Un boulanger en grève de la faim pour éviter l'expulsion de son apprenti guinéen

En France, un boulanger a entamé une grève de la faim pour que son apprenti d'origine guinéenne ne soit pas expulsé. Il a également lancé une pétition en ligne signée plus de 100.000 fois.
par
ThomasW
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Stéphane Ravacley est boulanger à Besançon, en France. Depuis un an et demi, il peut compter sur l'aide de son fidèle apprenti, Laye Fodé Traoréiné. Ce jeune homme de 18 ans est originaire de Guinée, où il a grandi dans une famille d'accueil. À 16 ans, il a fui son pays. Il a traversé le Mali, la Libye, puis la Méditerranée à bord d'un bateau gonflable. Arrivé en Italie, il a pris un train au hasard et est arrivé à Nîmes. Laye a alors été pris en charge par une association.

Ph. Change.org

"Il se lève à 3h du matin, suit ses cours, a appris le français et sera diplômé en juin"

Pendant un peu plus d'un an, le jeune homme a vécu dans un foyer. Il a intégré un CAP (Certificat d'aptitude professionnelle) de boulanger et Stéphane l'a engagé en tant qu'apprenti dans sa boulangerie. Depuis la fin de l'année 2020, il a même obtenu son propre appartement. « Laye travaille depuis un an et demi au fournil, il se lève à 3h du matin, suit ses cours de CAP, a appris le français et sera diplômé en juin. Il a donc tout fait pour s'intégrer », explique la pétition en ligne lancée sur le site Change.org.

Obligé de quitter le territoire français

Malheureusement pour lui, la belle histoire de Laye en France touche à sa fin. Depuis qu'il est majeur, il n'est plus protégé par la loi qui interdit l'expulsion de mineurs isolés sans papiers et en novembre, les gendarmes sont venus lui signifier l'obligation de quitter le territoire français. Stéphane Ravacley est profondément touché et révolté par cette décision. "Il se lève à 3h du matin pour venir travailler, il est là six jours sur sept, il travaille superbement, il parle français comme vous et moi et pourtant on me l'enlève", a expliqué le boulanger à France Bleu.

"L'Etat m'a confié cet apprenti migrant en connaissant sa situation. J'ai pris la responsabilité de le former et je veux aller au bout de cet engagement. Moi, des apprentis, j'ai un mal fou à en avoir. Et celui-là, on me le retire. Il faut savoir que dans la boulangerie, on perd 70 % des diplômés du CAP qui ne continuent pas dans le métier. Lui, il a l'envie ! Ce que je demande, c'est que Laye aille au bout de son cursus", a détaillé Stéphane au Parisien.

Plus de 130.000 signatures récoltées

Pour éviter l'expulsion de son apprenti et pour médiatiser l'affaire, Stéphane Ravacley a entamé début janvier une grève de la faim. Parallèlement, une pétition en ligne a été lancée sur le site Change.org. Adressée, à au Ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, à  la Ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, chargée de la citoyenneté Marlène Schiappa et aux préfets de Doubs et de la Haute-Saône, ce mercredi midi, la pétition avait récolté plus de 130.000 signatures.

Contactée par Le Parisien, la préfecture du Doubs a indiqué mardi que le dossier avait été transféré en haut-lieu à Paris. Grâce aux actions de Stéphane et à la mobilisation des internautes, il reste donc encore un espoir pour Laye de rester en France.