La planète fête Noël différemment à l'heure du coronavirus

Entre les messes en petit comité, les familles réduites ou séparées, les festivités habituelles interdites, l'édition 2020 de Noël aura été à l'image d'une année faite de dangers et de restrictions, avec pour principale lueur d'espoir l'arrivée des vaccins.
par
sebastien.paulus
Temps de lecture 4 min.

Et le monde a plus que jamais "besoin de fraternité", a lancé le pape François vendredi dans son traditionnel message du jour de Noël, délivré par vidéo au lieu de l'habituelle apparition à la loggia du palais apostolique.

"En ce moment historique, marqué par la crise écologique, et par de graves déséquilibres économiques et sociaux aggravés par la pandémie du coronavirus, nous avons plus que jamais besoin de fraternité", a déclaré celui qui est à la tête des 1,3 milliard de catholiques dans le monde.

Il a appelé à la solidarité, "spécialement envers les personnes les plus fragiles, les malades et toutes celles qui, en cette période, se sont retrouvées sans travail ou sont en grave difficulté en raison des conséquences économiques de la pandémie, comme aussi envers les femmes qui, durant ces mois de confinement, ont subi des violences domestiques".

Enfin, en ce jour qui commémore la naissance d'un enfant, il a souligné que les visages des enfants de Syrie, d'Irak ou du Yémen, qui "paient le prix fort de la guerre", devaient "ébranler les consciences des hommes".

Bethléem vide

Mais à Bethléem aussi, le virus est présent, et dans la Basilique de la Nativité, coeur du monde chrétien le soir de Noël, seule une poignée de fidèles et de clercs ont célébré la messe de minuit, en cherchant un bout de "lumière" après une année de "ténèbres".

"Vous ne pouvez pas vous serrer la main, mais vous pouvez vous souhaiter la paix", a lancé le patriarche latin de Jérusalem Pierbattista Pizzaballa au moment des traditionnelles accolades entre voisins de bancs. Quelques centaines de personnes portant masques sanitaires et parapluies ont regardé passer la procession dans les rues de la ville, au son des tambours et des cornemuses.

"C'est différent cette année parce que nous ne venons pas prier à l'église de la Nativité, nous ne pouvons pas nous réunir en famille, tout le monde a peur", a confié Jania Shaheen, présente avec son mari et ses deux enfants devant la basilique.

Tour d'horizon des Noël

L'Allemagne a quant à elle été contrainte d'annuler ses célèbres marchés de Noël tandis qu'au Koweït, les églises ont été fermées jusqu'au 10 janvier malgré la présence d'une importante communauté chrétienne et alors qu'une campagne de vaccination y était entamée.

La République du Congo-Brazzaville a annoncé un reconfinement le jour de Noël et le 1er janvier, provoquant la colère des évêques.

En Espagne, le Covid n'a pas empêché la tenue de la traditionnelle Copa Nadal (Coupe de Noël), course de natation dans le port de Barcelone.

A Qamichli, dans le nord-est de la Syrie contrôlé par les forces kurdes, la population a ignoré la pandémie et assisté en nombre à une cérémonie d'illumination d'un sapin dans un quartier chrétien.

Dans la foule, il y avait plus de chapeaux de Noël que de masques, tandis que des forces de sécurité avaient été déployées pour l'occasion. Musulmans et chrétiens se sont mêlés pour danser la dabké sur des musiques traditionnelles devant l'arbre illuminé.

En Irak, des bénévoles de l'association Tahawor (dialogue en arabe) sont venus apporter à Qaraqosh, ville chrétienne qui a été terrorisée par le groupe jihadiste Etat islamique, des milliers de cartes et voeux de Noël venant de toutes les régions du pays. "Un voeu spécial à nos frères chrétiens", pouvait-on lire sur une carte signée à Bassora, ville portuaire du sud du pays.

Très loin de là, des milliers de routiers européens ont passé le réveillon dans des conditions sommaires, coincés autour du port de Douvres au Royaume-Uni, alors que le pays sort lentement de l'isolement entraîné par l'apparition sur son sol d'une nouvelle souche du virus. "Je n'ai pas les mots pour décrire ce que nous ressentons. Toutes nos familles nous attendent, cela nous brise le coeur", soupirait Pawel, un chauffeur polonais de 34 ans.