La voyance, une thérapie ?

Nous le connaissons tous sous ce «slogan»: «La star des voyants, le voyant des stars». Nous avons rencontré dernièrement Dominique Lehmann, le voyant très médiatisé. L'occasion de nous interroger sur les bienfaits d'une séance de voyance et… de nous faire tirer les cartes!
par
Clement
Temps de lecture 6 min.

Peut-on considérer la voyance comme une thérapie?

«Certaines personnes qui viennent me voir la considèrent comme une thérapie, oui. On me dit parfois qu'on préfère venir me voir que d'aller consulter un psychiatre (rires). Les gens viennent en général quand ils ont des problèmes. On n'est jamais venus à une consultation seulement pour voir ma tronche (rires). Il y a, dans tous les cas, une recherche de réponses à certaines questions.»

Vient-on vous voir avec des questions précises?

«Pas forcément. Pour certains, on développe les choses ensemble. Mais ils ont quand même toujours un domaine qui les chiffonne plus qu'un autre. D'habitude, c'est l'amour qui est la priorité. Mais depuis la crise sanitaire, on me parle plus souvent du travail

Beaucoup de personnes qui viennent consulter chez vous ont plus peur aujourd'hui de se retrouver sans travail ou sans moyen financier?

«Exactement. Beaucoup se demandent s'ils ne vont pas perdre leur boulot

Avec la crise sanitaire, l'amour viendrait donc en second plan?

«Non, je ne pense pas quand même. Mais le travail fait vivre. L'amour aussi, d'une certaine manière. Mais on a beau avoir un bel amour, si on n'a pas de pognon… Par ailleurs, que s'est-il passé durant le premier confinement? Le taux de violences conjugales a explosé. Les divorcent ont également augmenté. Les gens ne se supportaient plus. L'amour fait partie des préoccupations, c'est sûr. Mais aujourd'hui, le travail passe au premier plan

Vous arrive-t-il de vous autocensurer? De ne pas divulguer ce que vous voyez dans les cartes?

«Je n'ai pas le droit de garder des informations pour moi. Si on vient chez moi, c'est qu'on recherche des réponses, quelles qu'elles soient. Même quand je vois une banqueroute quelque part, je pense que la personne peut toujours s'en sortir. Bien entendu, il y a des choses plus compliquées. Après, je ne dis pas à la personne devant moi qu'elle va mourir la semaine prochaine! Je dis que je vois un soulagement. Après, elle prend le soulagement comme elle l'entend. C'est une question très compliquée… C'est difficile de dire ça à quelqu'un. Mais heureusement, c'est très rare

Pensez-vous que les personnes qui vous consultent modifient leurs comportements et changent ainsi leur destin?

«Les choses qui sont écrites sont écrites. Même si on peut un peu les contourner, elles reviennent automatiquement. Et puis, quand il y a une heure de fin, il faut se dire que l'heure est là, c'est le destin, c'est la vie. C'est ça, le chemin de vie: on pousse le premier cri à la maternité et on rend le dernier soupir quand on meurt. Ces heures-là sont écrites

Connaissez-vous votre propre destin?

«Je ne vois rien pour moi. Ce sont les cordonniers les plus mal chaussés!»

Mais quand vous vous tirez les cartes, vous voyez bien les combinaisons.

«On ne peut pas être objectif sur soi-même. C'est impossible

Comment faites-vous alors avec l'objectivité quand ce sont vos proches qui vous demandent une consultation?

«C'est très compliqué. C'est pour ça que j'essaie d'éviter ça au maximum. Ça arrive que quand je dîne avec des amis, je jette mon dévolu sur quelqu'un. Mais c'est en général le moins proche de moi. On est parfois dans des situations dingues

Vos dîners doivent être folkloriques!

«C'est le cas de le dire(rires)! Mais des fois, c'est très compliqué. En plus, quand je commence, on n'arrive pas à m'arrêter et parfois, je me dis: ‘Mais pourquoi tu as dit ça!'.»

Tous les voyants exercent-ils la voyance de la même manière?

«Non. Dans la voyance, il y a des numérologues, des tarologues, les cartomanciens, les médiums… Je suis médium à la base, mais je prends toujours un support pour confirmer ce que je dis. C'est important! Je dis les choses comme elles sont

Vous voyez les choses sur les deux prochaines années. Pourquoi deux ans?

«C'est une question d'expérience. Depuis le temps que je fais de la voyance, je me suis rendu compte que ce que je voyais se déroulait dans les deux ans. C'est impossible de voir ce qu'il va se passer dans 10, 15, 20 ans! Vous imaginez… Avec déjà tout ce que je vois quand je me balade dans la rue, toutes les têtes…, si en plus je devais voir dans un futur lointain…»

Vous voyez des choses dans la rue que d'autres ne voient pas?

«Je vois les gens. Parfois, ils sont calfeutrés, donc ça va. Mais il y a beaucoup de personnes pour lesquelles je vois tout. Cela peut être beaucoup de choses. Un cœur, par exemple. Cela veut dire que cette personne est bien dans sa vie personnelle. Je peux aussi voir un cercueil sur la tête de quelqu'un. Un jour j'ai interpellé une dame à un abri de bus en lui demandant si elle connaissait une Catherine. Elle était surprise de ma question. Mais elle m'a répondu qu'en effet, Catherine est sa mère décédée une semaine auparavant. Aujourd'hui, elle vient me voir en tant que cliente

Vous côtoyez-vous entre médiums?

«Non, c'est un milieu tellement ingrat… Personnellement, cela ne me dérangerait pas du tout. Je n'ai pas beaucoup d'amis et je n'en veux pas beaucoup. Les voyants entre eux ne s'aiment pas, ne se supportent pas. Moi je m'en fous, je suis neutre. Que l'on m'aime ou pas, ça ne change rien

Comment peut-on reconnaître un charlatan?

«Il faut, dans un premier temps, regarder depuis quand il exerce la voyance. Il n'existe pas de manuel du voyant qui nous permettrait de dire si l'un ou l'autre est nul ou pas. Mais ça se sent. Il faut aussi que le voyant ait l'air sûr de lui. S'il essaie de vous faire payer des activités qui vont vous coûter la peau des fesses, vous avez tout compris. Et il y en a plein!»

Croyez-vous au mauvais œil?

«Non, pas vraiment. Il peut y avoir quelque chose qui s'acharne sur nous mais je n'appelle pas ça comme ça. On a tous des périodes plus compliquées, mais ce n'est pas constant. Quelqu'un qui aurait le mauvais œil comme on l'entend, il finirait par en mourir! Il faut aussi faire attention au soi-disant grand marabout qui veut vous faire grandir la quéquette

On a testé pour vous 

Quand je dis à mes amis que j'ai rencontré Dominique Lehmann, ils ont toujours deux réactions. La première est bien sûr de me lancer le ‘slogan' : « La star des voyants, le voyant des stars ». La seconde est de savoir ce qu'il m'a raconté et surtout, de savoir si ce qu'il a dit est vrai. Difficile de répondre à cette question puisque ses prédictions auraient lieu au bout de deux années pleines, en 2023 donc. Par contre, j'ai été bluffée sur ce qu'il m'a annoncé d'emblée sur un des aspects de ma vie privée. Il a directement vu ou cerné -c'est à vous de voir- une étape importante que j'aimerais accomplir. Ce que j'apprendrais plus tard en rentrant chez moi, c'est qu'il a fait les mêmes prédictions à mon compagnon concernant sa conjointe, c'est-à-dire moi (nous ne lui avons évidemment pas dit que nous étions ensemble). Don ? Hasard ? À vous de voir ! Pour ma part, je penche plus pour un don quel qu'il soit. Toutefois, je l'ai trouvé, au fur et à mesure de la séance, de plus en plus confus. Et j'ai eu l'impression, à la fin de la séance, de l'aider un peu dans ses « prédictions » avec mes réactions spontanées. Bref, une chose est sûre : il n'y a que l'avenir qui pourra nous dire si ce qu'il a dit est juste. Affaire à suivre…