Jarry raconte son combat pour devenir papa et parle de son show

Tous les jeudis à 21h40, Plug RTL diffuse le «Jarry Show», un moment de détente passé avec Jarry. Celui-ci reçoit des personnalités telles que Clara Morgane ou Eric Antoine pour des interviews décalées, avec bienveillance et légèreté, le tout dans un décor et un univers pensés par l'humoriste de 43 ans.
par
sebastien.paulus
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Lorsque nous rejoignons Jarry dans la RTL House, celui-ci sort du journal télévisé durant lequel il a été particulièrement ému et pour cause: il a évoqué sa paternité, qu'il estime être «la plus belle chose au monde». Cette discussion informelle s'oriente d'emblée vers l'ouverture d'esprit des Belges, pour qui la notion l'homoparentalité semble plus facile à accepter qu'en France.

Pour Jarry, La Manif Pour Tous est particulièrement difficile à avaler: «Chez nous, on te décrit souvent la Belgique comme la petite sœur de la France, alors que vous êtes 100 fois plus tolérants et c'est pour cela qu'on aime venir ici. Les gens sont tellement respectueux!» L'échange à propos des différences de mentalités se conclut, et nous rentrons dans le vif du sujet, avec un interviewé qui n'hésitera pas à devenir intervieweur tout au long de l'entretien…

Vous sortez du journal télévisé de RTL TVI, durant lequel vous avez été bouleversé. Pouvez-vous nous expliquer votre émotion?

Jarry: «Je me suis déshabillé, la présentatrice a découvert que j'avais un corps de ouf et m'a dit ‘fais-moi l'amour'. J'en ai pleuré et je lui ai répondu ‘la dernière fois que j'ai touché à une femme, c'était ma mère…' (rires). Plus sérieusement, elle me parlait de mon combat pour devenir papa et je lui expliquais que quand on accepte son homosexualité, on accepte de ne pas devenir père. Sauf qu'à un moment donné de ma vie, j'ai réalisé que ce désir était plus fort que celui de vivre. Et quand aujourd'hui je rentre chez moi et que j'entends mes enfants m'appeler ‘papa', c'est ma plus belle victoire.»

Ce combat n'a pas été simple à mener…

«Au départ, je souhaitais adopter parce que j'estimais qu'il y avait plein d'enfants dans le monde qui attendaient de l'amour et que j'en avais plein à donner. Sauf qu'en France, l'adoption est particulièrement difficile pour une famille hétérosexuelle, et c'est encore pire pour un couple homosexuel. Donc je suis passé par la GPA (Gestation Pour Autrui) par mère porteuse. Aujourd'hui, je partage mon quotidien de papa sur les réseaux sociaux, mais aussi dans une série de BD à propos de notre famille dont je suis très fier.»

Est-ce que cela a été facile d'aborder votre paternité publiquement, ou a-t-il fallu se faire violence?

«Je me suis posé la question, puis je me suis dit que mes enfants allaient devenir grands et qu'ils allaient être fiers de voir que leur papa a défendu leur histoire. Je sais aussi que mon témoignage va donner de l'espoir à certains jeunes qui sont attirés par les garçons et qui veulent devenir papa. Sur les réseaux sociaux, je reçois aujourd'hui certains messages de personnes qui me remercient d'être comme je suis car ça leur permet d'être aussi forts. D'autres me disent qu'ils me détestaient à l'époque, et que maintenant ils m'adorent parce que rien n'est immuable.»

Vous êtes d'ailleurs particulièrement présent sur les réseaux sociaux, c'est devenu indispensable dans le monde de l'humour?

«Pas du tout, mais c'est un défi en plus pour quelqu'un comme moi qui adore cela. À une époque, lorsque les gens allumaient la télé, ils n'avaient que six chaînes avec lesquelles se divertir. Aujourd'hui, on a les téléphones portables qui nous permettent d'avoir un accès très simple à une multitude de contenus. Je trouve cela génial cette accessibilité au divertissement, au savoir, à l'échange et au débat, ce qui m'a donné envie d'y participer.»

C'est de ce nouveau défi que vous est venue l'idée du «Jarry Show»…

«Cela m'est venu durant le premier confinement, alors que j'étais chez moi avec mes enfants. Je devais faire autre chose que m'occuper d'eux sans quoi j'allais devenir un dictateur horrible. Comme on me posait souvent des questions à propos d'autres personnalités, j'ai décidé de faire des live Instagram pour y répondre et pour faire savoir qui sont réellement ces personnes. Lorsque l'on m'interviewe, c'est généralement toujours les mêmes questions. Là, c'est plutôt une discussion entre potes, avec un réel échange. Ce qui m'intéresse, c'est de normaliser ces personnes.»

 

À partir de ces live, vous avez créé une émission, avec son univers propre que vous avez conçu de A à Z…

«On a généré des millions de vues sur les réseaux sociaux durant le premier confinement. Ma vie professionnelle a repris et j'ai dû m'arrêter, sauf que le public m'en a redemandé. C'est alors que Webedia m'a contacté pour faire évoluer le concept vers un contenu toujours digital, mais plus uniquement sur mon smartphone. Et quelques semaines plus tard, RTL m'a contacté pour diffuser cela sur une de ces chaînes.»

On vous a retrouvé à l'animation de plusieurs autres émissions, est-ce que cela a une saveur différente d'avoir votre «Jarry Show»?

«La différence, c'est que dans les autres émissions, je débarquais sur un format qui n'était pas le mien, alors que le «Jarry Show» c'est un concept que j'ai créé de A à Z et il ne s'y passe que des choses dont j'ai envie. Il était hors de question que l'on me fasse faire une émission qui porte mon nom, que je n'avais pas validé auparavant. J'écris les questions, j'ai conçu le décor et je défends avant tout mon identité dans ce programme!»