Fermer les commerces était une décision "psychologique", selon Frank Vandenbroucke

Interrogé par un journaliste de la VRT, le ministre de la santé Frank Vandenbroucke (sp.a) a expliqué que "faire du shopping ne comportait pas vraiment de risque quand tout était bien contrôlé" mais que la fermeture des magasins était surtout une mesure "psychologique"
par
Pierre
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"A un moment on avait besoin de prendre une décision choc, il fallait un électrochoc et cela impliquait que l'on ferme immédiatement les commerces non essentiels", a expliqué le ministre de la Santé au journaliste de la VRT.

Il a indiqué que le fait de faire des emplettes dans les magasins ne présente a priori "pas de grand risque" d'augmenter la propagation du coronavirus, si cela se fait de manière contrôlée. La fermeture des commerces non essentiels a tout de même été décrétée fin octobre, car il fallait provoquer un "choc" dans la population, démontrer qu'il fallait agir avec force.

Si ces propos ont été soutenu par le ministre flamand Bart Somers (Open Vld) dans l'émission De Ochtend, disant que cette mesure était "nécessaire", ils ont néanmoins créé des remous dans la classe politique.

La cheffe de groupe cdH à la Chambre, Catherine Fonck, a ainsi qualifié cette interview de "surréaliste". "J'ai toujours plaidé pour des mesures fortes et cohérentes vu la gravité de l'épidémie. Mais cette interview est surréaliste: les commerces fermés parce qu'il fallait une 'décision choc'. Quel cynisme face à tous ceux qui sont aujourd'hui laminés par la perte de leur activité", a écrit Mme Fonck sur Twitter.

De son côté, Bart de Wever n'a pas dit autre chose: "Nous pensions qu'ils se basaient sur la raison et la science. Mais non. Si vous voulez mener à la faillite les commerçants et convaincre les Belges de ne plus suivre les mesures, c'est exactement comme ça qu'il faut faire."

Dimanche, l'infectiologue flamande Erika Vlieghe avait confirmé au micro de la VRT que la fermeture des magasins était une décision politique, le shopping ne présentant sans doute pas de risque particulier si l'on évite de s'agglutiner et que l'on suit quelques règles.

Chez DéFi, François De Smet a également affiché sa stupéfaction: "Il explique tranquillement que les commerces auraient pu rester ouvert, mais qu'il fallait créer un 'choc'. Arrêtons d'infantiliser les citoyens. La population acceptera des mesures dures si elles sont justifiées et expliquées. Pas si elles sont prises au vogelpik."

Des propos "maladroits ou scandaleux"

L'Union des classes moyennes urge les autorités à revoir leur communication, "qui manque de clarté et de cohérence", après l'aveu du ministre Vandenbroucke sur le risque mineur que représentaient les commerces dans la propagation du virus, pourtant fermés pendant un mois.

UCM demande donc la reprise des métiers de contact (coiffure, esthétique...) et des agences de paris le 15 décembre. "Ils ne peuvent pas rester à l'arrêt pour provoquer 'un choc psychologique' mais seulement si le risque sanitaire est sérieux, ce qui n'est certainement pas démontré aujourd'hui", estime la fédération.

"Cette déclaration - maladroite ou scandaleuse - a mis le feu aux poudres auprès des commerçants" ajouté l'UCM. "Empêcher des citoyens de travailler, les priver de leurs revenus, est une décision grave qui ne peut se justifier qu'en cas de nécessité. Il n'y a pas d'activité 'non-essentielle' pour ceux qui l'exercent et leurs clients. Ce n'est pas la bonne manière de faire adhérer la population aux mesures de prudence sanitaire."

L'UCM déplore encore que le dernier comité de concertation était "une nouvelle fois tardif et filandreux" et ne présentait pas de décisions claires dans tous les cas. "Jouer au détective pour savoir si l'on peut rouvrir, et dans quelles conditions, donne le sentiment d'être tenu pour quantité négligeable et provoque le rejet", relève-t-elle.