« Nous ne sommes pas des monstres » : née avec un clitoris et des testicules, elle livre son témoignage

Courtney, jeune femme intersexe, est née avec un vagin, un clitoris et des testicules. À sa naissance, elle a été opérée afin de faire d'elle une « femme normale ». Aujourd'hui, elle milite pour une reconnaissance des personnes intersexes et pour l'interdiction des chirurgies sans nécessité médicale sur les enfants intersexués.
par
oriane.renette
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Courtney Skaggs, est une personne intersexe*, c'est-à-dire qu'elle est née avec des caractéristiques sexuelles qui ne correspondent ni au standard masculin, ni au standard féminin, mais aux deux. En l'occurrence, Courtney est née avec un vagin et des testicules.

À sa naissance, elle a été considérée comme une femme en raison de son apparence physique générale. Cependant, les médecins ont identifié qu'elle avait des chromosomes XY (mâles). À six semaines seulement, elle a donc subi une intervention chirurgicale afin de « normaliser » ses organes génitaux : en lui retirant ses testicules.

Aujourd'hui, la jeune femme établie en Californie regrette qu'une opération si importante, une opération qui a changé sa vie, ait été menée sans son consentement.

Vivre comme on naît

Témoignant auprès du quotidien britannique Metro, Courtney estime qu'on lui a « volé » sa véritable identité lors de cette opération. « Quand quelqu'un prend la décision d'altérer ton corps, tu es dépouillé de ce que tu es vraiment », explique-t-elle. « Pour beaucoup de gens, ça conduit à un traumatisme ».

À 29 ans aujourd'hui, la jeune femme plaide pour mettre fin à ces opérations systématiques de « normalisation » sur les enfants intersexués. « Beaucoup de gens comme moi veulent simplement vivre leur vie comme ils sont nés », insiste-t-elle.

« Beaucoup ne savent pas que l'on existe »

Pendant des années, Courtney s'est demandé si son corps, qui s'est développé comme féminin, était « normal ». Comme elle avait des hormones masculines, elle a vécu une puberté très différente de celle de ses camarades. Par ailleurs, elle n'a jamais eu ses règles. « Je n'ai jamais connu personne d'autre comme moi. Tout m'a vie, on m'a forcée à cacher qui j'étais. J'ai été obligée de rentrer dans la définition de 'femme' », développe-t-elle.

« On m'a fait me sentir comme un monstre parce qu'il y a un manque total de reconnaissance et d'acceptation des gens comme moi dans notre société. Beaucoup de gens ne savent même pas que nous existons. »

Pour plus de représentation et d'acceptation

Après des années de travail, et grâce notamment aux groupes de soutien en ligne, Courtney a appris à s'aimer et à aimer son intersexuation. « C'est quelque chose qui devrait être célébré. Pas caché. »

« Le genre n'est pas quelque chose de binaire. Il s'agit d'un spectre, et nous nous trouvons simplement plus au milieu de ce spectre que la plupart des autres », résume-t-elle.

C'est pourquoi, aujourd'hui, Courtney souhaite sensibiliser sur ce sujet. En partageant son histoire, elle espère aider ceux qui seraient dans une position similaire. «La représentation et l'acceptation de la communauté sont essentielles pour aider les personnes intersexuées à réaliser que leur corps est beau tel qu'il est. »

 

Qui sont personnes inter* ?

« Les personnes intersexes sont des individu?e?s né?e?s avec des caractéristiques sexuelles (telles que les chromosomes, les organes génitaux, ou bien encore la structure hormonale) ne correspondant pas entièrement aux catégories mâle ou femelle, ou appartenant aux deux en même temps », explique Genres Pluriels. « On estime la population intersexe à 1.7% des naissances, la réalité est sans doute supérieure. Selon les expert?e?s, il y a autant de personnes intersexes que de personnes rousses.»

Tous les corps intersexes ne présentent pas les mêmes variations. Avoir une combinaison d'organes génitaux masculins et féminins, comme Courtney, est relativement rare.

Pour trouver des informations, des conseils et du soutien sur les questions intersexes : l'ASBL Genres Pluriels.