Biffy Clyro veut fêter la fin de la tristesse avec «Celebration of Endings»

Biffy Clyro est de retour sur les devants la scène avec un album qui se veut plus expérimental, mais dans la lignée de ce que les Écossais faisaient auparavant. Avec «Celebration of Endings», le trio veut mettre fin à la morosité ambiante en se concentrant sur ce qui compte réellement.
par
Clement
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Votre neuvième album s'appelle «Celebration of Endings». Quelles fins souhaitiez-vous fêter?

Simon Neil: «Je voulais célébrer la fin de la tristesse. Il y a des moments dans la vie où l'on perd le contrôle et où des choses négatives nous arrivent un peu malgré nous. Avec cet album, je voulais que tout le monde se dise qu'il ne faut pas être victime de ces situations, qu'il est possible de reprendre le contrôle et que cela se fête. Célébrons la fin de nos problèmes passés et faisons d'aujourd'hui le début de nos bonheurs futurs! Cela semble naïf, mais c'est vraiment un credo que je m'impose désormais de suivre.»

Vous venez d'Écosse. Est-ce que la fin de la relation entre l'Europe et le Royaume-Uni est une des fins que vous souhaitiez fêter avec l'album?

«Absolument pas. Cette décision a contribué en grande partie à ma frustration ces derniers temps, parce que nous n'avons pas eu de contrôle sur ce changement majeur. Je ne voulais pas être impliqué dans le Brexit, la plupart des Écossais n'ont d'ailleurs pas voté pour. En plus, assister au cirque de Boris Johnson qui pense pouvoir diriger le Royaume-Uni, mais qui n'en est pas capable, m'a beaucoup énervé. Nous n'avons pas voulu de lui, nous n'avons pas voulu du Brexit, mais assister à cet échec amènera peut-être à une redistribution du pouvoir que nous pourrons fêter, qui sait?»

Est-ce que les artistes, surtout en ce moment, doivent aborder certaines questions sociétales dans leur communication?

«Les artistes sont là pour refléter ce qui se passe dans la société et essayer de montrer aux gens qu'ils peuvent s'impliquer dans certaines choses. La plus belle forme de musique est celle qui fait passer un message ou une croyance à son auditeur. C'est aussi notre rôle de continuer à avancer par rapport aux problèmes sociétaux, et de ne pas ressasser ce qui s'est passé auparavant. Communiquer de nouvelles choses à nos fans, c'est une façon de passer à autre chose! La réalité a toujours été merdique mais, ensemble, nous pouvont la rendre meilleure.»

Il y a une fin que l'on attend avec impatience, c'est celle de la crise du coronavirus. Comment avez-vous géré cette période?

«Comme beaucoup de personnes, cela m'a énormément déstabilisé. Pendant plusieurs mois, il a fallu s'organiser pour rester chez soi et, maintenant, on a simplement basculé vers une période d'incertitude par rapport à un retour à la normale. Je le vois comme une forme de réinitialisation pour le monde.

Musicalement, cela a été dur de sortir un album et de ne pas pouvoir le défendre comme il se doit, notamment en allant sur scène. À mes yeux, la musique est faite pour être jouée et partagée avec un public, ce qui m'a un petit peu fait perdre le contrôle de ma propre vie, mais je sais que cela nous permettra à tous de devenir plus forts. C'est important de garder espoir et de savoir que nous retrouverons tous un jour la scène et les concerts que nous chérissons. C'est ce qui me fait tenir!»

Sur quoi vous êtes-vous basés au moment d'écrire les paroles de ce neuvième album?

«Quand j'étais en plein processus d'écriture de l'album, je pensais au Brexit, à l'indépendance de l'Écosse et à la dépression. Pendant six mois, je cherchais des sujets sur lesquels baser mes textes. J'ai finalement eu un déclic qui m'a fait penser que je devais écrire à propos de ce qui compte vraiment et de ce que je chéris. Ce sont ces raisons-là qui font que l'on continue ce groupe et qui font que nous avons le succès que l'on connaît. Cette prise de conscience a réellement redéfini ma façon de me comporter comme un homme et comme un artiste.»

Sur cet album, on retrouve certains titres où la prise de risque est maximale, comme «Instant History» et «Cop Syrup». C'est plutôt stressant ou excitant?

«J'adore prendre des risques et expérimenter, car je n'ai aucune envie d'être dans un groupe endormant qui propose toujours les mêmes choses. Donc, dès qu'on répète des chansons avant de rentrer en studio, on essaie de les pousser jusqu'aux limites de ce qu'elles peuvent être. C'est seulement quand j'entends le produit final sur l'album que je réalise l'expérience que nous avons vécue auparavant. Dans le cadre de ‘Cop Syrup', on a voulu rendre le son aussi bizarre que possible, et c'est ce qui rend ce titre si particulier. L'expérimentation, c'est au final ce qui lie le cœur et la tête au moment de faire de la musique.»

Ben et James, qui composent le groupe avec vous, sont des jumeaux. Est-ce que vous vous sentez comme le troisième frère Johnston?

«Oui je me sens bien sûr comme un troisième membre de la fratrie, mais c'est parfois difficile de se positionner entre des jumeaux. C'est une relation tellement particulière et connectée que je ne veux pas interférer. Heureusement, c'est extrêmement rare que cela arrive, mais ce sont des moments durant lesquels je me rappelle que je ne fais pas partie de la famille et que je dois rester à ma place. Mais nous avons une confiance aveugle les uns envers les autres et nous nous connaissons depuis que nous avons sept ans, donc notre relation est particulièrement solide.»

La Belgique n'était pas au programme de votre tournée automnale, qui a été reportée. Est-ce qu'il est prévu que vous passiez par chez nous lorsque cela sera possible?

«Nous reviendrons en Belgique très bientôt. Nous avons des fans fantastiques qui nous apportent un soutien précieux. Je ne sais pas pourquoi une date n'était pas prévue chez vous, mais nous adorons venir, notamment lors de notre passage à l'Ancienne Belgique. Nous ne négligerons jamais la Belgique!»

En quelque lignes:

«Celebration of Endings», c'est avant tout un album qui a divisé les fans de Biffy Clyro, tant la prise de risque est importante. Se rapprochant par moment de la pop, mais s'essayant aussi à des expérimentations détonantes, le neuvième opus des Écossais n'en est pas moins tubesque. On retrouve des titres qui sonnent comme des hymnes de festival et qui n'ont rien à envier au rock de stade inspiré par «Queen». On perçoit d'ailleurs cette influence dans le côté mélodieux de certaines chansons, très vite rattrapée par des riffs de guitare puissants qui donnent furieusement envie de secouer la tête. On comprend rapidement pourquoi le trio trépigne d'impatience à l'idée de présenter ce disque sur scène, qui sera sans doute le meilleur endroit pour en apprécier l'écoute. 4/5

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