Suarez prend des risques pour se sentir « Vivant » avec un cinquième album

Trois ans après « Ni rancœur, ni colère », Suarez a décidé de repartir sur une page blanche pour l'écriture de son cinquième album. Avec « Vivant », le groupe a souhaité varier les univers qu'il explore, afin de faire voyager son public qu'il ne voulait surtout pas lasser.
par
Pierre
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Pour Marc Pinilla, la prise de risque a donc été immense, mais il sort de ce processus avec un optimisme et une envie d'envoyer des bonnes ondes à ses fans.

Le mois de septembre est synonyme d'une rentrée dans un contexte particulier pour tout le monde. Pour Suarez, qu'est-ce qu'elle représente ?

C'est un nouveau départ, une nouvelle aventure qui commence. On a envie de défendre notre album et, pour ma part, je suis plus que jamais optimiste. J'essaie d'insuffler une bonne énergie et de l'optimisme chez nos fans malgré le contexte défavorable. L'album s'appelle « Vivant » parce que j'ai pris énormément de risques afin de me sentir en vie.

Avant le titre « Nouveau départ », on retrouve « Dix ans », qui semble marquer un adieu à un chapitre de ta vie…

« Dix ans » marque une rupture qui, sous le couvert d'une histoire d'amour, peut aussi marquer la fin d'une histoire de vie également. À titre personnel, je le vois comme une sorte de bilan, de regard en arrière sur ces dix dernières années. J'ai toujours eu tendance à faire des « copier-coller » par rapport à ce que nous avions fait auparavant. Je me suis dit que c'était triste pour moi et pour le public, donc avec « Dix ans », je voulais marquer le coup avec une esthétique complètement différente.

On arrive ensuite sur le titre « Bienvenue », qui aurait totalement pu servir d'ouverture d'album.

Oui, mais comme le titre est dans l'esthétique de ce que l'on faisait avant, nous avons décidé de ne pas le mettre d'entrée de jeu. « Bienvenue », c'est du Suarez 1.0 et ce n'était pas le premier signal que je souhaitais envoyer, car « Vivant » est définitivement un album 2.0 du groupe, avec quelques reliquats de ce que l'on est car on ne va pas se renier non plus. S'il n'y a aucune surprise dans ce que l'on propose, ça risque d'être un album anecdotique qui passe rapidement à la trappe. J'ai donc voulu varier les titres, même si le résultat donne quelque chose d'assez décousu. Je trouve que ça permet aux gens de passer d'un univers à l'autre et de voyager grâce au disque.

As-tu pris plus de plaisir sur ce disque qu'auparavant ?

C'est une énergie différente. Le fait de prendre autant de risques, c'est super kiffant mais aussi extrêmement angoissant. C'est anxiogène mais ça me permet de me sentir vivant et ça m'a offert plein de moments de vie qui m'ont procuré beaucoup de plaisir.

Sur « Vivant », vous exprimez l'envie de revenir à quelque chose de plus vrai et de plus épicuriste. Est-ce que cela vous touche de voir certaines personnes passer à côté de l'essentiel ?

Complètement. Je pense que la société passe à côté de l'essentiel. Je vois autour de moi des adultes et des adolescents qui sont constamment sur leurs smartphones et qui communiquent par écrans interposés. Ce confinement a d'ailleurs mis en exergue le fait que l'on doit arrêter de vivre les choses par procuration et retrouver quelque chose de plus vrai.

Le confinement a dû permettre au groupe de boucler l'album, est-ce que l'été vous a permis d'un peu souffler ?

Je n'ai pas pris de vacances et je le sens d'ailleurs maintenant. Il a fallu terminer le disque, tant auniveau de la musique que de l'image. Qui plus est, le confinement a provoqué un nouveau phénomène, le fait que les gens ne se rendent plus en magasin pour acheter des albums. Il fallait donc se réinventer et j'ai ouvert un shop en ligne, sur le site www.suarezlegroupe.be. J'ai dû comprendre et m'initier aux réseaux sociaux aussi, pour me rapprocher de ce que les gens veulent. À l'ère du digital, j'ai trouvé ça cool de pouvoir, via ce shop et les réseaux sociaux, créer un lien direct avec mon public et leur proposer un contenu avec une plus-value.

Votre été de festivals et de concerts a été annulé, les Fêtes de Wallonie aussi. Comment se console-t-on quand on est artiste et que l'on vit pour être sur scène ?

On se console en se disant que ça reprendra inévitablement et que l'on ne peut pas imaginer un monde sans fêtes et sans concerts. Il faut rester optimiste car cela ne durera pas éternellement. Dès qu'on le pourra, on organisera une tournée partout en Wallonie et à Bruxelles, mais à l'heure actuelle c'est malheureusement impossible à prévoir.

Vous êtes installés dans le paysage médiatique belge depuis une dizaine d'années. Est-ce qu'une certaine lassitude ne vient pas s'installer dans la routine du groupe ?

Si j'avais fait un album de la même façon que les quatre précédents, il y aurait eu un problème dans la dynamique, dans l'envie de bien faire les choses. Mais cette fois-ci, tout est bousculé de façon à ce que cette lassitude n'existe pas. La lassitude amène la paralysie et je ne veux pas être un vieux ronchon qui reproduit systématiquement les mêmes choses musicalement. Quand on a connu le succès avec un certain filon, c'est extrêmement difficile de repartir sur une page blanche. Mais si tu creuses encore et encore le même filon, c'est le début de la fin : lorsque l'artiste s'ennuie, le public aussi.

Loïc Nottet et Henri PFR ont rejoint Typh Barrow et BJ Scott dans le jury de « The Voice », dont tu as longtemps fait partie. Quel est ton avis sur ce casting ?

Je pense que c'est un casting parfait pour la RTBF. Il s'agit d'une émission télé qui doit faire de l'audience et des coaches comme Loïc et Henri vont ramener tous les jeunes qui ne regardent plus spécialement la télé devant leurs postes. Au niveau coaching, BJ et Typh savent de quoi elles parlent, Loïc n'est pas un novice et il maîtrise ce qu'il fait. Pour ce qui est d'Henri, c'est un DJ mais il travaille tout le temps avec des chanteurs et c'est son boulot.

“Vivant” est disponible depuis le 4 septembre dernier. Le groupe sera en concert le 3 décembre prochain à l'Ancienne Belgique.

Sébastien Paulus