Enprobel : Ils collectent vos huiles usagées pour les recycler

La Belgique est le pays de la frite mais aussi des friteuses. Et si de nombreux ménages belges disposent de cet appareil, beaucoup d'entre eux ne recyclent pas l'huile usagée. Nahla et Imad, deux jeunes entrepreneurs bruxellois, ont décidé de s'attaquer à ce problème en fondant Enprobel.
par
ThomasW
Temps de lecture 3 min.

En partant du constat que plus de la moitié des citoyens se débarrassaient de leurs huiles de friture usagées en les jetant dans les canalisations et que pour un litre d'huile jeté, c'était jusqu'à 1000 litres d'eau qui pouvait être pollués, Nahla El Mernissi et Imad Mouakkat ont décidé d'agir. En couple dans la vie, ces deux jeunes Bruxellois étaient à la recherche d'un projet professionnel commun s'inscrivant dans l'économie circulaire. C'est ainsi qu'ensemble, ils ont créé en 2017 la start-up Enprobel («Environnement Propre pour notre Belgique»). Un an plus tard, ils ont été les lauréats du programme d'accélération en entreprenariat circulaire de la Région bruxelloise Greenlab.Brussels. Un coup de pouce indispensable pour la start-up qui a notamment permis de développer la collecte auprès des particuliers, chose qui demandait une logistique et une campagne de sensibilisation supplémentaire.

Dans un premier temps, Enprobel a commencé par racheter les huiles usagées aux restaurateurs à Bruxelles mais aussi en Wallonie et en Flandre pour ensuite les vendre à un sous-traitant. La start-up s'est peu à peu étendue aux particuliers, en nouant notamment des partenariats avec des immeubles d'appartements dans lesquels ils ont installé des bidons pour récolter les huiles. «Les professionnels savent déjà qu'ils sont obligés par la loi d'avoir un collecteur d'huile de friture. Grâce au Greenlab, nous avons pu développer la solution pour les particuliers. Cela nous a permis d'avoir du recul et de cadrer nos idées», explique Nahla. 25 ans.

La collecte chez les particuliers

Deux ans après la création de la start-up, où en est le projet de Nahla et Imad? Même si pour des raisons économiques, l'enlèvement des huiles usagées chez les professionnels reste aujourd'hui une activité indispensable pour l'entreprise, le duo cherche désormais essentiellement à développer la collecte gratuite chez les particuliers, baptisée «Oiliris». «Concrètement, nous mettons à disposition des immeubles un contenant que nous installons gratuitement, généralement dans le local poubelle, et dans lequel les habitants peuvent déposer leurs bouteilles d'huiles usagées. Comme pour le verre ou le papier, il faut juste que les gens s'habituent et qu'ils sachent qu'il existe un contenant pour l'huile», raconte Imad, 27 ans.

500 tonnes d'huiles récoltées

Aujourd'hui, Enprobel récupère les huiles usagées chez près de 200 professionnels et plus de 10.000 locataires bénéficient gratuitement de leur service de collecte, principalement à Bruxelles mais aussi en périphérie. Depuis le début de l'aventure, l'entreprise estime avoir récolté près de 500 tonnes d'huiles usagées. «Il y a encore beaucoup à faire sur Bruxelles. Notre but est d'équiper tous les immeubles bruxellois en contenant et de ne plus avoir une goutte d'huile qui finit dans les canalisations», explique Imad.

L'an dernier, leur projet Oiliris a fait partie des lauréats de l'édition 2019 de be Circular. Cela a permis à Nahla et à Imad de toucher des subsides de la région de Bruxelles Capitale et d'ainsi se verser un petit salaire et de vivre de leur activité. Depuis janvier dernier, Nahla est ainsi officiellement project manager chez Enprobel et première employée de la petite entreprise.

Donner une nouvelle vie à l'huile usagée

Enprobel accorde également beaucoup d'importance à la revalorisation du produit récupéré. «Nous essayons d'être en circuit très court et nous tentons de lui retrouver une seconde vie sur Bruxelles», explique Imad. Pour l'instant, l'huile usagée récoltée par la start-up est raffinée et traitée en Belgique par une entreprise spécialisée, essentiellement pour en faire du biocarburant. La prochaine étape du projet de Nahla et Imad est que cette huile soit revalorisée à Bruxelles. «Avec l'huile usagée, il y a moyen de faire des bougies, des détergents ou des savons, et tout cela localement», explique Nahla. «Notre but est d'encore nous donner à 200% pour sauver les canalisations et donner une nouvelle vie à l'huile usagée», conclut Imad.

Thomas Wallemacq