Le patron d'un groupe minier démissionne après la destruction d'un site aborigène vieux de 46.000 ans

Le directeur exécutif de Rio Tinto, le Français Jean-Sébastien Jacques, va quitter son poste à la tête du géant minier l'an prochain, à la suite de la destruction d'un site aborigène historique pour agrandir une mine de minerai de fer, rapportent les médias australiens vendredi, alors que l'affaire a suscité l'émoi dans le pays.
par
oriane.renette
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La démission de Jean-Sébastien Jacques, mais aussi de deux autres hauts dirigeants, se fait sur base d'un "accord mutuel" et sera effective à partir du 21 mars 2021, à moins qu'un successeur ne lui soit trouvé d'ici là.

Site historique détruit à la dynamite

Le puissant groupe minier anglo-australien a été mis sous pression récemment à la suite du dynamitage d'un site aborigène le 24 mai en Australie occidentale pour agrandir une mine de minerai de fer. La grotte de Juukan Gorge, qui fut habité par des Aborigènes il y a plus de 46.000 ans, est un des sites de peuplement les plus anciens du pays, et a donc une valeur archéologique et sacrée inestimable. Des fouilles ont permis d'y découvrir l'outil en os le plus ancien reconnu à ce jour en Australie, réalisé il y a 28.000 ans avec un os de kangourou. Des analyses ADN avaient établi un lien entre le peuplement du site et des personnes habitant toujours dans la zone.

Le président de Rio Tinto, Simon Thompson, qui a annoncé vendredi la démission des trois dirigeants, a déclaré que ce qui s'est passé à Juukan "n'était pas bien et nous sommes déterminés à faire en sorte que la destruction d'un site historique d'une telle signification culturelle et archéologique n'arrivera plus jamais lors des opérations de Rio Tinto".

Il a précisé qu'il souhaitait regagner la confiance des communautés aborigènes concernées, Puutu Kunti Kurrama et Pinikura, ainsi que des autres propriétaires traditionnels.

Toujours selon le président, cité par le média public ABC, l'avis des actionnaires a joué un rôle important dans la décision du départ de M. Jacques, du chef de la division "Minerai de fer" Chris Salisbury et de la cheffe de la communication Simone Niven.

Destruction légale

L'enquête interne a montré que Rio Tinto avait bien obtenu les autorisations légales pour détruire le site mais que, ce faisant, le groupe n'avait pas respecté ses propres standards.

Elle a estimé que ce dynamitage n'était "pas le résultat d'une seule cause ou d'une seule erreur", mais "le résultat d'une série de décisions, d'actions et d'omissions sur une longue période".

Rio Tinto avait initialement défendu la destruction du site en affirmant qu'elle avait été approuvée par le gouvernement de l'Etat en 2013.

Mais l'émoi créé au sein des responsables aborigènes, qui avaient dit avoir été informés de cette destruction trop tard pour l'en empêcher, avait poussé le groupe à présenter ses excuses.

L'importance culturelle du site avait été établie par des fouilles réalisées un an après que Rio Tinto eut obtenu l'autorisation de le détruire.

L'Etat d'Australie occidentale est en train de réexaminer les lois régissant les activités minières près des sites du patrimoine aborigène.