Un condamné à mort pour meurtre devient député au Sri Lanka

Le Parlement sri-lankais a été mardi le théâtre d'une première, avec la prestation de serment comme député d'un homme politique condamné à mort pour meurtre, sous les huées de l'opposition.
par
Clement
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Premalal Jayasekara, du parti au pouvoir Sri Lanka Podujana Party (SLPP), a été escorté par la police depuis sa prison jusqu'au Parlement, dominé par la coalition du président Gotabaya Rajapksa et de son grand frère Mahinda.

Quelques jours avant les élections législatives du 5 août, il avait été condamné à mort en première instance --décision dont il a fait appel-- pour une fusillade qui a coûté la vie à un militant politique rival en 2015. Le jugement étant intervenu après la désignation des candidats aux élections. L'homme a pu se présenter et remporter son siège.

Il n'était pas apparu à la séance inaugurale de la nouvelle assemblée, le 20 août, la direction de sa prison ayant refusé de le laisser sortir. Mais il a déposé un recours et la justice l'a autorisé lundi à exercer ses droits de député en quittant sous escorte sa prison qu'il doit ensuite regagner, toujours sous escorte.

Aucune exécution depuis 1976

Les députés d'opposition, arborant des châles noirs en signe de protestation, l'ont copieusement hué et une partie d'entre eux a quitté la salle. Un autre député poursuivi pour meurtre et incarcéré, lui, en détention provisoire en attendant son procès, vient assister aux séances du Parlement escorté par des gardiens de prison.

AFP / I. Kodikara

Il s'agit de Sivanesathurai Chandrakanthan, élu député pour la première fois en août et membre d'un parti tamoul allié de celui du Premier ministre Mahinda Rajapaksa. Il avait pu participer à la séance inaugurale. La justice le soupçonne d'être lié au meurtre d'un parlementaire lors d'une messe de minuit de Noël en 2005.

Même si des condamnations à mort sont prononcées au Sri Lanka, aucune exécution n'y a été réalisée depuis 1976. Enfreindre la loi n'empêche pas de faire carrière en politique en Asie du Sud. En Inde, plus de 40% des députés sont sous le coup d'accusations criminelles, parfois pour meurtre ou viol, selon l'Association pour des réformes démocratiques.