Une chaîne TV irakienne prise d'assaut après la diffusion d'un programme festif le jour d'Achoura

Une foule a pris d'assaut et mis le feu lundi à une chaîne de télévision irakienne, a indiqué à l'AFP une source de sécurité, les protestataires accusant ce média d'avoir diffusé un programme festif le jour du deuil chiite d'Achoura.
par
ThomasW
Temps de lecture 2 min.

Dimanche, les chiites - majoritaires en Irak - ont célébré Achoura qui commémore le martyre en 680 de l'imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet, un événement fondateur de l'islam chiite. Le même jour, la chaîne de télévision locale Dijlah a diffusé des émissions comprenant des chants et des danses, provoquant la colère de nombreux Irakiens qui se sont offusqués d'une programmation considérée comme "une insulte à la religion".

Le bureau incendié, quatre employés blessés

Dijlah a rapidement présenté des excuses et invoqué une erreur "involontaire". Mais lundi, "plusieurs dizaines de manifestants en colère contre le programmation festive ont pris d'assaut le bureau de Dijlah à Bagdad dans le district de Jadiriya", a indiqué à l'AFP une source de sécurité. "Ils ont incendié le bureau. Quatre des employés de Dijlah ont été blessés, et une grande partie du matériel du bureau a été détruite", a ajouté la source. Plusieurs employés de la chaîne ont démissionné en signe de protestation contre la programmation et une demi-douzaine de provinces irakiennes ont immédiatement interdit la chaîne.

Le directeur de la chaîne risque la prison

Un tribunal de Bagdad a également émis lundi un mandat d'arrêt contre le directeur administratif de Dijlah, Jamal al-Karbuli, qui passe la plupart de son temps en dehors de l'Irak, pour avoir "intentionnellement insulté les rites d'une communauté religieuse". Selon le code pénal irakien, insulter une religion peut entraîner une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à trois ans. La Cour a également demandé à la Commission irakienne des communications et des médias, qui réglemente le travail des organes de presse, d'agir.

En janvier, cette commission avait ordonné à Dijlah de fermer pendant un mois à la suite de sa couverture des manifestations antigouvernementales. Des hommes armés masqués avaient attaqué le bureau de la chaîne à Bagdad au cours de la première semaine du mouvement de contestation en octobre 2019, et le 10 janvier, un de ses correspondants et son cameraman avaient été abattus à Bassora, dans le sud du pays.