Arrêté à Blankenberge, l'animateur Vinz témoigne : « on m'a plaqué et on m'a étouffé au niveau du cou »

Alors qu'il profitait d'un séjour en famille à la Côte, Vinz, animateur sur Tarmac (RTBF), a été témoin d'une altercation entre des jeunes et les forces de l'ordre. Il s'est approché et a filmé la scène. Rapidement, le ton est monté et l'animateur a lui aussi été arrêté par la police. Il livre un témoignage percutant dans une vidéo Vews.
par
oriane.renette
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Il y a quelques jours, Vinz profitait du soleil et de la plage à Blankenberge, en famille. « Je me déplace pour aller aux toilettes, et là je vois des jeune interpellés par la police. Ils sont plusieurs policiers autour d'une bande de sept ou huit jeunes. Je décide de filmer la scène parce que ça criait très fort », raconte l'animateur à Vews. Il demande alors calmement aux agents ce qu'il se passe. Très vite, ceux-ci s'emballent.

« Le ton commence à montrer et j'entends une agent de police dire à des jeunes ‘crapules' ». Un mot qui a choqué Vinz et l'a poussé à demander des explications au commissaire. Il n'obtiendra jamais de réponse.

Violence et racisme

« Par la suite, on était sur la digue et un policier me demande d'arrêter de filmer », poursuit-il. Vinz refuse d'éteindre sa caméra puisqu'il savait très bien être en droit de filmer. En réaction, l'agent lui demande sa carte d'identité. Une demande qu'il ne refuse pas, mais il réclame en revanche de connaître le motif précis de ce contrôle. « [Donner ma carte d'identité] c'est nécessaire à partir du moment où vous avez un motif, où quelque chose me concerne. Ici je fais mon travail de journaliste », explique-t-il à l'agent.

« Ensuite le ton monte et ça s'énerve. A un moment donné on me pousse par l'arrière, on commence à me bloquer le bras. On m'a plaqué, on a commencé à m'étouffer au niveau du cou. On m'arrache mon téléphone des mains », raconte Vinz, qui a finalement été menotté, arrêté et emmené au poste.

« Dans le fourgon, j'entends des mots qui ne m'ont pas fait plaisir. Des zwet ou des zwart machin. À ce moment-là on n'y croit pas. Je me suis dit que ce n'était pas possible, qu'on ne pouvait pas me faire ça à moi, pas dans mon pays où je suis né et où j'ai passé toute ma vie. On ne peut pas me balancer une insulte raciste, surtout pas de la part des forces de l'ordre ».

Écouté en raison de ses privilèges

Arrivé au commissariat, le chef de corps de la zone arrive et le calme revient. « Il n'y avait plus de violence, la communication a été rétablie immédiatement. » Vinz est alors rapidement relâché, une chance qu'il attribue à ses privilèges. « Le premier privilège, c'est que je m'appelle Vincent. Le deuxième c'est que je suis une figure publique en Belgique francophone et en France. Le troisième  c'est que je travaille pour un média. C'est horrible de se dire qu'il faut bénéficier d'un privilège pour pouvoir renouer une communication », déplore-t-il.

Renouer le dialogue

Après cette discussion plus apaisée, l'animateur a été invité à rencontrer la bourgmestre de Blankenberge et le chef de corps de la zone. Tous deux ont condamné les propos racistes et inexcusables des agents.

De cette réunion « positive, respectueuse et inattendue » selon l'animateur, une initiative inédite a été mise sur pied. De jeunes Bruxellois bilingues ont désormais intégré les équipes de prévention de la commune côtière, afin de renouer le dialogue.