L'habitat participatif pour nos seniors, afin d'éviter la solitude et la maison de repos

Pour échapper à la solitude, certaines personnes âgées font le choix de l'habitat participatif. Dans ces logements conçus collectivement mais dotés de parties privatives, deux mots d'ordre priment : partage et solidarité. 
par
sebastien.paulus
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Développé dans les années 90 en Europe et de plus en plus florissant en France, l'habitat participatif est une démarche citoyenne et solidaire qui consiste à s'investir collectivement dans un projet de logement groupé. Si le partage de valeurs sociales et écologiques est souvent au centre des motivations pour se lancer dans l'habitat participatif, la volonté de nouer des relations et de combattre la solitude occupe également une place importante.

En particulier chez les seniors qui souhaitent conserver leur autonomie et réaliser des économies financières importantes, compte tenu du coût élevé d'une place en maison de retraite médicalisée (Ephad). Voici quatre exemples d'habitat participatif spécialement pensés pour les personnes âgées en France.

Une "anti-maison de retraite" féministe à Montreuil

Fondée en 2013 par la militante féministe Thérèse Clerc (décédée en 2016), la Maison des Babayagas, dont le nom s'inspire d'un conte russe, reste certainement l'exemple le plus emblématique de l'habitat participatif troisième génération en France. Cette "anti-maison de retraite" autogérée, comme la surnommait sa créatrice, est située dans un immeuble HLM à Montreuil (Seine-Saint-Denis).

Les personnes qui souhaitent intégrer la communauté doivent remplir deux critères bien précis : être une femme et avoir plus de 60 ans. Forte de son succès, la Maison des Babayagas affiche complet et propose aux potentielles futures occupantes de s'inscrire sur liste d'attente. Mais sans garantie de trouver une place, puisque l'habitat ne compte qu'une vingtaine de logements.

Une coopérative d'habitants aux portes de Lyon

C'est dans la commune de Vaulx-en-Velin, située près de Lyon, que la société "Chamarel Les Barges" prend ses quartiers. Cette coopérative d'habitants a été créée à l'initiative de plusieurs amis désireux de créer un lieu de vie afin que les 3e, 4e et 5e générations puissent "prendre leur vieillesse en main". Ce collectif fonde ses principes sur des valeurs écologiques, coopératives et de "respect de la vie personnelle".

La coopérative Chamarel Les Barges dispose d'un immeuble neuf doté de 16 logements avec parties privatives et espaces communs. Ses résidents y ont emménagé en juillet 2017.

Un havre de paix dans un ancien couvent de Montauban  

Association de loi 1901 présidée par Ginette Pondarasse et fondée en 2016 en Tarn-et-Garonne dans la ville de Montauban, la Maison d'Isis regroupe plus d'une quinzaine de personnes âgées entre 60 et 80 ans, désireuses de préserver leur autonomie "dans un environnement favorable, avec des logements adaptés à des personnes vieillissantes".

Axé sur la solidarité et le partage, ce projet d'habitat participatif qui n'a pas encore vu le jour comprendra 18 logements privatifs, ainsi que de nombreuses parties communes (jardin, cuisine, chambres pour les invités etc), construits dans un ancien couvent situé dans le centre-ville de Montauban. Les futurs résidents devraient pouvoir y emménager courant 2022.

Un espace de vie pour seniors LGBT+

Vieillir oui, mais pas tout seul. Telle est la devise du projet de la Maison de la Diversité, porté par l'association Les Audacieuses et les Audacieux et fondée par l'ancien directeur d'Ephad Stéphane Sauvé. L'objectif de ce futur habitat groupé est de réunir des seniors LGBT+, afin de favoriser l'inclusion sociale et la solidarité intergénérationnelle et de "promouvoir une image positive du vieillissement, quel que soit le genre et/ou l'orientation sexuelle".

Le projet de Stéphane Sauvé s'inspire de l'habitat berlinois Lebensort Vielfalt, espace inauguré en 2013 et qui comporte 24 logements pour les seniors LGBT autonomes. Si d'autres initiatives de ce type ont cours dans de nombreux pays d'Europe (Angleterre, Danemark, Pays-Bas, Suède), ainsi qu'au Canada et aux Etats-Unis, ce type de structure n'existe pas encore en France.

Actuellement, le projet de la Maison de la diversité n'a pas encore trouvé de lieu mais "des recherches actives sont menées entre l'Île-de-France et la région niçoise", assure Stéphane Sauvé. A suivre, donc.