Villes désertées, territoires ruraux prisés, étrangers absents: la France vit un été étrange

Zones rurales prises d'assaut mais villes désertées, hébergements collectifs délaissés au profit de logements individuels pour éviter la promiscuité: plusieurs tendances se sont affirmées dans l'Hexagone lors des vacances des juillettistes placées sous le signe du Covid-19.
par
Clement
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Paris et le tourisme urbain en souffrance

A Paris, privée de l'essentiel de ses touristes étrangers, "c'est catastrophique, on est à 33% de taux d'occupation", déplore auprès de l'AFP Jean-Virgile Crance, président du GNC qui regroupe les chaînes hôtelières, soit la moitié du parc français.

Seules les grandes villes situées en bord de mer s'en sortent. Les autres métropoles, "traditionnellement plus exposées aux clientèles internationales ou d'affaires, sont encore en-deçà des 40% de taux d'occupation avec un parc hôtelier aux 4/5e ouvert", résume le cabinet spécialisé MKG Consulting.

"On se doutait que nous, les villes, on n'allait pas être en premier choix étant donné le contexte sanitaire, mais l'impact est fort. On n'est qu'à 43% de notre activité touristique habituelle en cette période", indique Olivier Occelli, directeur général de l'office de tourisme Bordeaux-Métropole.

Il souligne que "l'oenotourisme par exemple est très affecté car il est prisé d'une clientèle anglaise et américaine qui n'est pas là. Par contre, certains sites, avec une clientèle plus française ou locale, comme le Bassin des Lumières qui vient d'ouvrir, marchent très bien".

En Occitanie, "si on prend Carcassonne où il y a beaucoup de clientèles étrangères, la baisse est spectaculaire car on ne peut pas compenser (avec la clientèle française) alors que dans le reste de la région on y arrive à peu près", indique pour sa part le directeur général du Comité régional du tourisme Occitanie, Jean Pinard.

Territoires ruraux et littoral prisés

"Certains territoires de l'intérieur ont plus de fréquentation qu'en temps ordinaire, comme l'Aveyron, les Vosges, les Hauts-de-France, la Lozère", met en avant le secrétaire d'Etat au Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne. En Occitanie, "le gagnant serait la campagne, avec des taux d'occupation qui sont pour certains départements au moins du niveau de juillet dernier, voire supérieur. Comme par exemple la Lozère", souligne M. Pinard.

Même constat en Nouvelle Aquitaine avec une progression "du tourisme intérieur" dans la Creuse et en Corrèze. Quant aux zones littorales, traditionnement plébiscitées en été, leur succès ne se dément pas malgré la crise sanitaire. "Le littoral tire pas trop mal son épingle du jeu. La région qui s'en sort le mieux c'est la Bretagne, qui entre le 1er et le 25 juillet, a un taux d'occupation qui dépasse les 63%", détaille M. Crance pour les chaînes hôtelières.

"Les week-ends, on est sur des records de fréquentation mais en semaine ça retombe sur des niveaux à priori inférieurs à juillet dernier", relève pour sa part M. Pinard.

En Provence-Alpes-Côte d'Azur, 22% de touristes français supplémentaires se sont rendus en vacances dans la région entre le 11 et le 17 juillet, par rapport à la même période à l'été 2019.

Dans le Finistère, "dès début juillet il y a eu énormément de monde. C'est un bon début de saison comme on en a rarement", même si la clientèle anglaise "manque", souligne Xavier Druhen, directeur de l'agence d'attractivité du Conseil départemental.

Hébergements collectifs délaissés

A la montagne, si les gîtes ruraux sont prisés, hôtellerie et hébergements collectifs souffrent: "malgré les protocoles sanitaires, les clients sont encore peu disposés à revenir dans ces établissements", indique l'agence de promotion Savoie Mont Blanc Tourisme.

"Il y a 23% de locations privées en moins: ce sont des propriétaires qui décident de ne pas louer cette année, de garder le logement pour leur famille, des amis. Par contre, ce qui est loué se loue très bien et très cher", renchérit M. Durrieu du CRT Nouvelle Aquitaine.

Dans le contexte de crise sanitaire, "les grands gagnants, ce sont les résidences secondaires car c'est un lieu +safe+. Cela devrait compenser une baisse dans l'hébergement marchand. Cela ne rapporte pas de la même manière mais cela assure la présence sur le territoire et des consommations annexes sur les restaurants, les boutiques", souligne Jean Pinard pour le CRT Occitanie.