«Si on offre des opportunités aux femmes, leurs familles auront aussi un avenir meilleur»

Il y a une très faible probabilité que nous partions en masse cet été découvrir des horizons lointains. Le tourisme a en effet été durement impacté par la crise du coronavirus. Dans ce secteur, un groupe est encore plus vulnérable, celui des femmes entrepreneures qui tirent leurs revenus des activités touristiques.
par
Clement
Temps de lecture 4 min.

Vous dirigez un centre pour femmes à Nyamirambo, un quartier animé de Kigali, la capitale du Rwanda. Comment est née votre organisation?

«Le Nyamirambo Women's Centre a été fondé en 2007 à l'initiative de 18 femmes, dont je fais partie. Nous habitions dans le même quartier et nous étions voisines, mais nous sommes aussi rapidement devenues amies. Avec le centre, nous voulions nous soutenir mutuellement en partageant nos idées et en nous éduquant, car certaines d'entre nous ne savaient ni lire ni écrire. Les autorités locales nous ont aidées en ouvrant une classe si bien que nous avons pu recevoir et éduquer plus de femmes du quartier. Nous avons aussi fini par chercher des moyens pour que les femmes puissent avoir leurs propres revenus. C'est ainsi que nous avons eu l'idée de leur apprendre à coudre à la machine. Ces compétences leur permettaient de fabriquer des vêtements, des accessoires et des uniformes scolaires et, en plus, de gagner de l'argent

Comment votre organisation en est-elle venue à s'impliquer dans le secteur touristique?

«Nous étions désireuses de procurer un revenu à davantage de femmes encore et Community Based Tourism nous a paru être le moyen idéal pour avoir une sécurité financière. Nyamirambo est un quartier vivant qui, en plus, fait partie de la vieille ville. Les touristes ont la possibilité via des habitants de découvrir et d'apprendre sa riche histoire. «En outre, nous avons décidé de vendre les produits que les femmes confectionnent pendant les leçons de couture en tant que souvenirs fairtrade. Par ce biais, nous pouvons leur procurer un salaire. Cela donne aux femmes un énorme boost pour vendre leurs propres créations aux touristes et pouvoir ainsi nourrir leurs familles

Quel impact ont vos projets sociaux?

«Aujourd'hui, notre organisation compte 55 femmes. Bon nombre d'entre elles restaient auparavant à la maison car c'était leur mari qui était le soutien de famille. En mettant ses femmes en contact dans le centre, elles apprennent l'anglais, fabriquent des souvenirs et élargissent leur réseau. Ces femmes ont trouvé ici une seconde famille. Nous avons noté une grande différence en peu de temps: leur confiance en elles et leurs compétences sociales se sont rapidement améliorées, d'autant plus au contact de voyageurs du monde entier. C'est tout à fait sciemment que nous avons fait le choix de travailler avec des femmes. Quand nous avons démarré l'organisation, la plupart d'entre nous étaient des mères célibataires. Nous devions assurer notre survie, tout en voulant aussi offrir à nos enfants un bel avenir. Nous voulions aussi donner les mêmes chances à d'autres femmes afin qu'elles puissent devenir autonomes.»

Comment considérez-vous aujourd'hui la situation de l'égalité entre les sexes au Rwanda?

«Il y a une énorme amélioration comparé à la période d'avant 1994, lors du génocide. Les femmes ont désormais la possibilité de posséder des biens ou de contracter un prêt auprès d'une banque pour lancer une entreprise. Petit à petit, les femmes commencent à avoir les mêmes chances que les hommes. Malheureusement, il y a encore toujours beaucoup de violence domestique, et dans la culture rwandaise les gens ne parlent pas de leurs problèmes personnels. Heureusement que les autorités publiques en sont conscientes et elles ont ouvert des centres où les femmes peuvent se présenter pour être aidées

Quel conseil donneriez-vous à de jeunes entrepreneures qui veulent compter pour le monde?

«Je pense qu'il est important pour les entrepreneures qui veulent aider d'autres personnes via leur entreprise qu'il y ait beaucoup de femmes actives dans ce secteur. De ce fait, les femmes auront plus d'opportunités et pourront véritablement avoir un impact. C'est important pour l'avenir de notre pays, car en leur offrant des opportunités, leurs familles ont aussi plus de possibilités. Quand une femme gagne de l'argent, elle va toujours veiller à ce que sa famille ait le nécessaire. Si les femmes sont indépendantes, c'est tout bénéfice pour l'entièreté du pays

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Le projet #WomenWithImpact est une initiative de ViaVia Tourism Academy, en partenariat avec Joker et Metro. Il a vu le jour grâce au soutien financier de l'Union européenne dans le cadre du programme «Frame Voice Report» et est coordonné par Wilde Ganzen.