Le confinement sera prolongé au-delà du 15 avril en France

Le confinement des Français "va être prolongé" au-delà du 15 avril et Emmanuel Macron s'exprimera lundi peu après 20H00 pour présenter ses décisions concernant la lutte contre l'épidémie durant les prochaines semaines, a indiqué l'Elysée.
par
oriane.renette
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La présidence n'a pas précisé la nouvelle durée du confinement, un sujet que pourrait aborder le chef de l'Etat en ce lundi de Pâques, dans cette quatrième allocution télévisée depuis le 12 mars.

Le chef de l'Etat devrait également aborder la situation économique et sociale, alors que l'épidémie, qui a mis à l'arrêt une bonne partie des activités du pays, a déjà précipité la France dans une récession historique. La Banque de France a en effet estimé mercredi que le PIB s'était effondré de 6% de janvier à mars, soit la pire performance trimestrielle depuis 1945.

L'activité générale a notamment été inférieure d'environ un tiers (-32%) à la normale sur les quinze derniers jours de mars.

Face à cette crise sans précédent, l'Etat se tient prêt à renflouer le capital d'Air France et de Renault, a indiqué le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, alors que la Bourse de Paris a fini la journée à l'équilibre, après deux journées de forte hausse.

Nouvelles restrictions

Sur les modalités même du confinement, de nouvelles restrictions sont entrées en vigueur mercredi, alors qu'autorités et soignants craignent un relâchement avec la conjonction des beaux jours et des vacances de Pâques.

Dans la capitale et cinq autres départements franciliens, toute activité sportive individuelle est désormais interdite de 10h00 à 19h00, face au nombre inhabituel de "joggeurs" multipliant les sorties.

Mercredi matin, le long du canal Saint-Martin à Paris, ils étaient nombreux à courir au soleil ou à pratiquer ping-pong, tai-chi, rollers ou stretching, avant que les policiers ne sifflent la fin de la partie.

La ville de Béziers a de son côté carrément fait enlever tous ses bancs publics.

AFP

541 nouveaux décès

La France a enregistré mercredi un nouveau très lourd bilan quotidien dans les hôpitaux, avec 541 décès supplémentaires en 24 heures, soit un total de 7.632 depuis début mars. S'y ajoutent 3.237 morts déjà recensés dans les Ehpad et établissements médico-sociaux (qui n'ont pu mettre à jour leurs chiffres mercredi en raison d'un "problème technique"), soit un total de 10.869 décès.

Au total, 7.148 patients gravement atteints sont en réanimation, "un record absolu en France", signe que l'épidémie "est toujours très active" a relevé le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon. Toutefois, avec les sorties, l'augmentation nette du nombre de patients en réanimation est de moins en moins forte, avec un solde de +17 mercredi.

Dans le Grand Est, première région à avoir été durement touchée par l'épidémie, le pire semble passé, selon Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique sur le Covid. Le gouvernement a limogé le directeur de l'Agence régionale de Santé (ARS), qui avait suscité un tollé en estimant qu'il fallait poursuivre les suppressions de postes au CHRU de Nancy.

"La situation continue d'être préoccupante" en Ile-de-France, où plus de 2.500 malades sont hospitalisés en réanimation, selon l'ARS qui juge "très probables" que de "nouveaux transferts de patients" vers d'autres régions soient organisés rapidement.

La maladie pourrait avoir touché jusqu'au porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle, qui croisait dans l'Atlantique et va avancer son retour: une quarantaine de cas suspects de coronavirus ont été découverts à son bord.

En quête de masques

Sur le front de la recherche, les essais cliniques se poursuivent mais pour l'essai Discovery, qui porte sur quatre traitements possibles, les premières tendances ne sont pas attendues avant fin avril, selon ses promoteurs.

"C'est une maladie qui est beaucoup plus compliquée qu'on ne le croyait, qui touche des organes, le système nerveux, la coagulation, le coeur", a décrit Gilles Pialoux, chef de service de l'unité des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Tenon, sur BFMTV et RMC.

Pendant ce temps, la France poursuit ses efforts pour s'approvisionner en masques, convoités par l'ensemble de la planète, où l'épidémie a fait plus de 82.700 morts.

Les "commandes sûres" atteignent désormais 1,6 milliard d'unités, selon le ministre de la Santé Olivier Véran. Après avoir été suspendu en raison du durcissement des contrôles sanitaires, le pont aérien avec la Chine pour acheminer du matériel médical et des masques reprend via Séoul.

Alors que le gouvernement maintient pour l'heure sa recommandation de réserver l'usage des masques aux soignants et personnes infectées, l'association des maires de France recommande à son tour le port du masque artisanal.

Le gouvernement, qui continue à préparer l'après, planche aussi au développement d'une application sur smartphone, utilisable "sur la base du volontariat" pour identifier les personnes ayant été en contact avec une autre infectée par le coronavirus.