Des grands-parents racontent le confinement d'un autre temps

Belgique, France, Italie… de nombreux pays européens ont désormais pris des mesures exceptionnelles de confinement face à la propagation du coronavirus. Durant quelques semaines, les citoyens doivent restés cloîtrés chez eux. Yves et Marinette, un couple de retraités, se souviennent, eux, d'un tout autre confinement, celui de la Seconde guerre mondiale. Un confinement bien différent de celui que l'on connaît aujourd'hui en Europe.
par
oriane.renette
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Contactés par le Huffpost, Yves, 90 ans et Marinette, 87 ans, font remonter de vieux souvenirs à la surface. Ceux d'une époque bien différente, et bien plus difficile qu'aujourd'hui. Ceux du confinement d'un autre temps, celui de la Seconde guerre mondiale.

« J'avais 11 ans. Comme aujourd'hui, l'école était arrêtée, mais pourtant la situation était différente de ce que les élèves vivent aujourd'hui», se souvient Marinette. L'école étant fermée, la jeune fille partait donc travailler chez un voisin où elle ramassait les légumes. A la fin de sa journée de boulot, elle recevait un œuf.

« On ne craignaient pas un virus, mais les bombes »

A cette époque, les habitants n'étaient autorisés à sortir qu'en cas d'urgence. Si la consigne n'était pas respectée, ils risquaient de se faire arrêter par des soldats allemands.

Comme elle, son époux Yves a vécu la Seconde guerre mondiale, dans les Bouches-du-Rhône. « Nous étions bien obligés de respecter le confinement ! À notre époque ce n'était pas un virus, mais les bombes qui pouvaient nous tomber dessus ».

À la maison, il n'y avait rien à faire, si ce n'est discuter avec sa famille ou écouter les informations via le poste de radio.

« Ne soyez pas égoïstes »

Grands-parents d'une petite-fille aujourd'hui, ils sont catégoriques : ils préfèrent le confinement de 2020. Leurs placards, aujourd'hui, ne sont pas vides. Les magasins ne connaissent pas de rupture de stock. Les Français ne reçoivent pas de carte de rationnement.

Durant la guerre, ces cartes de rationnement donnaient droit à quelques aliments de base : du pain, du sucre et un peu de viande. « Le pain était dégoûtant, la mie avait un goût de mastic », se rappelle Yves. « Pour le petit-déjeuner, j'en prenais un bout avec du sucre et j'essayais de me rationner de cette façon. »

« Nous qui avons vécu la guerre, on se rend bien compte de la chance que nous avons de manger à notre faim, et nous sommes aussi conscients qu'il ne faut pas avoir de comportement égoïste! », insiste le couple, après avoir vu des milliers de gens dévaliser les supermarchés.

Aux jeunes générations, Yves et Marinette ont un message à faire passer : « vous avez vos téléphones portables, vous pouvez communiquer entre vous. Si vous sortez faire des courses, avec des précautions vous ne risquez pas de voir vos proches mourir fusillés. Profitez de ce temps pour rire ensemble, discuter, ne cédez pas à la panique, et s'il vous plaît, ne soyez pas égoïstes. »