Artus bientôt en Belgique : « Rire, manger et baiser sont les trois choses les plus plaisantes de la vie »

Début avril, Artus et sa troupe fouleront les planches belges pour présenter «Duels à DavidéJonatown», un western loufoque dans lequel les habitants de DavidéJonatown doivent choisir un nouveau shérif en s'opposant dans des duels à mort.
par
ThomasW
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Dans les personnages du spectacle, on retrouve le bon, la prostituée, le truand, un membre du KKK… Vous ne vous êtes rien refusé!

«Non, parce qu'il ne faut pas. Si on commence à se censurer, c'est la fin de l'humour. On ne s'est mis aucune barrière dans ce spectacle.»

Vous ne vous êtes donc jamais censuré?

«Franchement non, parce que je ne me pose même pas la question. Il y a des sujets où l'on sait qu'on aura des problèmes mais c'est comme ça. Un humoriste qui n'a pas de problèmes n'est pas un bon humoriste.»

Et vous avez des problèmes pour l'instant?

«Oui, tout le temps. Il y a toujours des associations qui viennent nous chercher des poux.»

Vous leur répondez quoi?

«Avec plus de pincettes, mais ‘allez voir ailleurs'.»

Dans le spectacle, vous jouez trois personnages différents, en avez-vous un préféré?

«J'aime bien le méchant, Bobby Dick, car c'est toujours agréable de jouer un rôle de méchant que ce soit au cinéma ou sur scène. Ce sont des choses qu'on a envie qu'on nous propose parce qu'on ne l'est pas dans la vie. Plus le personnage est méchant, plus il est agréable à jouer.»

Pourquoi avoir voulu jouer trois personnages?

«Parce que, quitte à faire son projet soi-même, autant se faire plaisir et se donner le plus de matière à l'amusement possible. Si j'avais pu en faire 12, j'en aurais fait 12, je pense. Après, au niveau de l'histoire, il faut rester un peu cohérent.»

Vous avez aussi apporté une attention toute particulière aux décors.

«Oui, je voulais que les décors et les costumes soient beaux, bien faits, pas kitsch. Plus les gens sont visuellement dans l'univers western, plus on peut, nous, se permettre de sortir de la pièce pour y rentrer de nouveau. Donc c'était vraiment un souhait et cela n'était pas négociable: je voulais de beaux décors et de beaux costumes.»

Quel est le plus gros challenge quand on met un spectacle en scène?

«C'est surtout de gérer les copains afin qu'il n'y ait pas de guerre d'ego. C'est compliqué de diriger des amis. Quand ce sont des gens qu'on ne connaît pas, c'est plus facile. Mais pour le coup, j'ai une super troupe, donc il n'y a eu aucune prise de bec et tout s'est très bien passé.»

Cela fait près de trois ans que la pièce existe, a-t-elle évolué?

«Oui, je pense qu'en trois ans il y a eu 200 pièces différentes. Elle évolue tout le temps, tous les jours, et cela va continuer d'évoluer jusqu'à la fin.»

Duels à DavidéJonatown

Avec le recul, jugez-vous l'expérience satisfaisante?

«Oui, même sans recul! Cela a été très satisfaisant dès le début. Dès le début, on s'est amusés. C'est pour cela qu'on a joué une seconde année alors que la pièce ne devait durer qu'un an à la base. On devait aussi seulement jouer à Paris car c'était compliqué de partir en tournée, puis on s‘est dit qu'on devait partir en tournée. À chaque fois, on trouve un moyen de prolonger le plaisir et de continuer l'aventure.»

Cherchez-vous encore à la prolonger?

«Alors là non, elle va s'arrêter fin juin car je vais retourner au one-man-show. Mais on n'est pas à l'abri qu'elle revienne dans quelques années.»

De quoi parle votre prochain one-man-show?

«Ce sera sur tout ce dont on nous dit qu'on n'a pas le droit de dire en ce moment. Je suis en train de l'écrire».

On vous a vu dans «Danse avec les Stars», «le Bureau des légendes», vous faites du théâtre, de la scène. Vous avez ce besoin de vous exprimer dans des registres différents?

«Pour moi, c'est le même métier en fait. Je me considère comme comédien. C'est comme si je vous disais que vous êtes cuisinier et que vous ne pouvez rester qu'aux carottes. Pourquoi voudriez-vous faire des patates, des navets, de la viande? Parce que c'est plus intéressant! Il faut savoir varier les plaisirs. Je trouve cela bizarre de vouloir se cantonner. En plus, on aime bien mettre les gens dans des cases, surtout en France. Donc si on arrive à en sortir, c'est encore mieux. Si on me demandait de choisir, je ne saurais pas quoi choisir.»

Vous avez toujours gardé un lien avec la cuisine, c'est important pour vous?

«Oui, c'est très important. Cela fait partie des plaisirs primaires qui me touchent. Pour moi, rire, manger et baiser sont les trois choses les plus plaisantes de la vie.»

Quel est le plus plaisant?

«Les trois séparés. Si on mange en baisant et qu'on est mort de rire, c'est bizarre.»

À quel moment avez-vous réalisé que vous ne vouliez pas faire de la cuisine toute votre vie?

«Au moment où je me suis rendu compte que j'avais envie d'avoir une vie sans que mes doigts puent la bouffe toute la journée (rires). J'étais passionné mais pas assez. Il y avait des gens plus passionnés que moi et j'avais une autre passion qui était la scène. Elle m'a attiré et cela s'est fait assez naturellement.»

Que gardez-vous comme souvenirs d'«On n'demande qu'à en rire»?

«Plein de bons souvenirs. Cela a été ma première télé, ma première scène tout seul. Et puis, cela a été un accélérateur, grâce à Laurent Ruquier et cette émission j'ai gagné pas loin d'une petite dizaine d'années. Donc je suis très content, ce n'est que du positif.»

Vous avez encore beaucoup de contacts avec les autres humoristes?

«Pas tous car on a tous des parcours différents et on a globalement beaucoup de travail. Ceux dont je suis le plus proche, c'est Vérino, Florent Peyre, Jérémy Ferrari et Arnaud Tsamère.»

Clément Dormal

La comédie déjantée «Duels à DavidéJonatown» fera halte en Belgique les 2 (Mons), 3 (Charleroi), 4 (Louvain-la-Neuve) et 5 (Bruxelles) avril.