À Genève, les enfants peuvent aller en crèche en forêt

La nature est leur terrain de jeu. Ici, les enfants sont non seulement autorisés, mais même encouragés à rentrer avec de la boue plein leurs vêtements. Été comme hiver, les parents suisses peuvent inscrire leurs enfants en éco-crèche en pleine forêt.
par
ThomasW
Temps de lecture 4 min.

Depuis trois ans, à Genève, les enfants peuvent fréquenter une éco-crèche en forêt. Une alternative de garde innovante qui accueille cinq jours par semaine une douzaine d'enfants de deux à huit ans. Les bambins grandissent au contact de la nature, au milieu des arbres, des plantes et des animaux. L'éco-crèche s'appuie sur la pédagogie par la nature et sur le jeu libre, essentiel au développement de l'enfant.

Trois piliers

«J'ai grandi dans une petite ville, en République Tchèque. Passant les après-midi après l'école dans une forêt, près d'un ruisseau ou dans les champs en compagnie de mes ami.e.s, je restais la plus grande partie de mon temps dans la nature», raconte Viktorie Škvarková, fondatrice de l'«éco-crèche en forêt», dans le canton genevois. «Ayant ensuite travaillé plusieurs étés comme monitrice de colonies de vacances, j'ai vite réalisé l'effet très positif de la nature sur le développement des enfants, tant au niveau corporel que pour l'esprit.»

Éducatrice et enseignante, l'idée lui vient en 2012 de créer une éco-crèche à Genève. Viktorie Škvarková ouvre la première crèche en forêt suisse en 2015, et le seconde en 2019. «Le concept se base sur trois valeurs principales: la nature, la transition écologique et la liberté de l'enfant», explique-t-elle sur son blog. «L'idée est de passer la plupart du temps dans la nature pure, sans jouets ni objets préfabriqués». À l'éco-crèche, on laisse aux enfants «la liberté de se déplacer, de choisir avec qui et quoi jouer… Sans imposition d'activités par l'adulte».

Bien entendu, le développement durable est au centre de la démarche. Au cœur de la nature et au fil des saisons, les enfants apprennent les valeurs de la transition écologique. Ils sont sensibilisés «au quotidien et par la pratique à la vie durable».

Un merveilleux terrain de jeu

Chaque matin, tout le monde se rassemble pour chanter, se donner des nouvelles, se raconter des histoires, et proposer des activités. Sur le terrain, deux balançoires fabriquées à l'aide de lianes ou encore une toile d'araignée géante faite avec des cordes tendues entre les arbres. Un seul habitat, léger bien entendu: une roulette en bois qui accueille les enfants pour faire la sieste ou pour s'abriter en cas de forte intempérie. Le reste du temps, que le soleil brille, qu'il neige ou qu'il vente, les enfants sont dehors.

Ph. Éco-crèche en forêt - association Éducation durable - Facebook

Immergés dans la nature, leurs sens sont totalement en éveil. Ils se promènent dans les bois ou à travers champs, grimpent aux arbres, construisent des cabanes, sautent dans les ruisseaux et écoutent les oiseaux. Ils observent, jouent et récoltent les trésors que leur offre la nature (marrons, fleurs, feuilles, pierres, bâtons.) et s'en servent pour leurs créations artistiques. Sans jouets en plastique, les enfants mettent en scène des histoires tout droit sorties de leur imaginaire.

Dès le plus jeune âge, ils prennent également part aux activités collectives, comme la collecte de sciure pour les toilettes sèches, ou celle du bois pour le feu, avant de faire griller des châtaignes ou des noisettes.

Franc succès

Cette crèche alternative a tout de même un point commun avec les établissements classiques: la liste d'attente est immense! En effet, l'idée d'un accueil en plein air séduit.

Les concepts de l'éco-crèche et de l'école en forêt sont relativement nouveaux (voir page 10). Toutefois il existe déjà de nombreux établissements porteurs de ces projets en Suède, au Danemark, au Canada ou en Allemagne. En Belgique, après un projet pilote réussi à Bruxelles, la Bessonova Outdoor Immersion School (BOIS), bilingue, espère ouvrir cinq jours par semaine à la prochaine rentrée scolaire.

Oriane Renette