Cauet : « Heureusement qu'on a encore le droit de se moquer »

Après son dernier spectacle «Cauet sur scène», la star de NRJ sera bientôt de retour en Belgique pour présenter son nouveau one-man-show «100% libre».
par
ThomasW
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Vous promettez un spectacle 100% libre, vous ne vous êtes donc rien refusé?

«C'est vrai. D'abord je voulais des thèmes qui n'avaient rien à voir avec le premier spectacle. Il était très centré sur ma vie. Là, je suis beaucoup plus parti sur la vie des gens, mais liée à la mienne. Je voulais plus parler de thèmes qui m'étaient proches mais qui peuvent aussi parler à plein de gens dans la salle: comme le coup de mou, le suicide, parce que 81% des gens se disent une fois dans leur vie qu'ils pourraient en finir, les terroristes… Quand j'ai voulu avoir mon fils, ma femme et moi avons aussi dû faire une batterie d'examens. Et nous, les garçons, on fait un spermogramme. Donc on se retrouve dans une pièce un peu lugubre à devoir faire ce qu'on a à faire. Et quand ça m'est arrivé, je me suis dit que je devais en faire un sketch un jour.»

Vous abordez des thèmes comme le terrorisme, vous censurez-vous parfois?

«Oui. Je trouvais que je pouvais y aller fort en me moquant d'un terroriste idiot, mais qu'à aucun moment il fallait que je me moque des victimes. C'est là que se trouve la limite. Après, je me suis aussi dit que cela faisait malheureusement partie de nos vies. On en a beaucoup parlé récemment mais il y en a toujours eu. Et comme cela fait partie de notre vie, il fallait trouver un axe pour s'en moquer d'une façon ou d'une autre afin de dédramatiser. Après, mon terroriste n'a pas de religion, n'a pas d'idéaux d'aucun dieu… C'était juste un gars complètement idiot.»

Vous n'avez quand même pas peur que cela vous retombe dessus un jour?

«Non, car je l'ai beaucoup joué. Et si tu attaques bien le sujet dès le début et que les gens comprennent que tu te moques d'un type qui est idiot et qui galère, ça ne peut pas te retomber dessus car tu te moques d'une situation et de quelqu'un. Et heureusement qu'on a encore le droit de se moquer.»

Vous promettez un spectacle interactif…

«Je suis obligé de prendre des pauvres personnes dans la salle et j'essaye d'en savoir un peu plus sur leur vie. Il y a un moment où je parle des relations, notamment pour savoir qui a rencontré qui, depuis combien de temps ils sont ensemble… Et là, tu te rends compte d'un truc, c'est que les femmes répondent immédiatement. Et le temps qu'elles répondent, leur mec les regarde car ils sentent qu'ils ne se souviennent plus très bien. Donc je m'amuse en disant que les femmes ne sont pas montées comme nous. Elles ont un cerveau qui retient des trucs qu'on a complètement oubliés. À un moment donné, je parle aussi de sexe et je demande à quelqu'un du public si cela se passe bien avec sa chérie. Je veux notamment savoir s'il a droit de lui mettre une petite claque sur les fesses. Et c'est très rigolo car en deux secondes, tout le public veut aussi le savoir.»

Et les gens répondent?

«Bien sûr, le public se confie. Je suis toujours très étonné. On peut jouer devant 1.000 personnes et il y a des gens qui me parlent comme s'ils étaient seuls face à moi. Avec parfois des détails que tu ne peux pas imaginer et que je n'ai pas demandés. Mais c'est très drôle. Il y en a une la dernière fois qui a hurlé devant tout le public qu'elle faisait l'amour avec son compagnon avec ma photo au-dessus du lit, t'imagines?! Donc on s'est tous représenté la scène, c'est ça qui est drôle. C'est une vraie partie de plaisir pour moi et pour le public aussi, qui s'amuse aussi pendant 1h30.»

Quelle est la plus grosse difficulté quand on passe sur scène alors qu'on est un habitué de la radio et de la télévision?

«Très honnêtement, faire payer les gens qui vous ont habituellement gratuitement. C'est gratuit d'entendre Cauet à la radio tous les jours, ou de regarder ses vidéos sur YouTube. Et d'un coup, on te dit qu'il est dans ta ville. Mais les gens s'en foutent car ils ont tes blagues gratuitement. Pour arriver à les faire venir, c'est le bouche-à-oreille qui fonctionne. La seconde difficulté, c'est de ne pas les décevoir. Il y a une salle remplie de gens qui ont payé pour te voir. Et ces gens ont envie de ressortir en se disant ‘woaw', c'est exactement ce que j'imaginais, voire mieux.»

On vous a vu à la télévision, en radio, sur scène, vous avez écrit des livres… Pourtant, vous avez très peu fait de cinéma. C'est un regret?

«Non, je n'ai juste pas le temps. Un film, c'est entre 15 jours et trois semaines au minimum et je n'ai pas le temps. C'est le même problème que j'ai vécu avec le théâtre. Je ne peux pas aujourd'hui m'engager sur 200 représentations. Et puis, pour être honnête, on m'a proposé des rôles qui n'étaient pas ce que j'avais forcément envie de faire. Ils étaient ou trop sérieux, ou trop premier plan. Et je n'ai pas du tout envie d'être au premier plan. Je pense qu'au cinéma, c'est plus sympa de partager l'affiche, le risque, et d'y aller en douceur. Je trouve ça plus amusant, dans un premier temps, d'être le douzième rôle d'un film au cinéma que d'être le premier.»

Justement, tout se passe bien avec vos enfants malgré votre emploi du temps chargé?

«Oui. Ce qui est génial aujourd'hui c'est que, comme ils sont grands, ils peuvent m'accompagner. Ma fille vient à la radio ces derniers temps, elle s'est découvert une passion pour l'émission. Mon fils m'a dit qu'il avait envie de voir mon one-man. Donc maintenant, ce sont eux qui sont demandeurs, qui ont envie. Comme ils sont plus grands, c'est plus facile à gérer. C'était très dur ces dernières années car ils étaient plus jeunes donc je faisais des allers-retours dans tous les sens, c'était compliqué. C'est plus facile maintenant.»

Clément Dormal

Cauet sera le 27 février au Cirque Royal de Bruxelles et le 13 mars au Trocadero de Liège.