Voyager éco-responsable, parlons-en avec The Green Geekette !

Quand on est sur le terrain des valeurs, la cohérence, c'est important. Claire avait entamé depuis de nombreuses années une démarche bio, végé, zéro déchet, respectueuse de la nature. Mais elle a réalisé que tous ses efforts étaient bousillés par ses voyages au long cours. Le dernier bastion auquel elle n'avait pas encore touché…
par
ThomasW
Temps de lecture 4 min.

De Claire, on dira d'abord qu'elle est éclectique, ou encore multipotentielle assumée. Webdesigner, programmeuse de jeux vidéos, coach sportif, animatrice jeunesse et blogueuse depuis presque 10 ans autour des thématiques du voyage éco-responsable, de l'écologie et du sport, également musicienne, chanteuse, danseuse, et fan d'acroyoga – elle reconnaît une fâcheuse tendance à avoir plus souvent la tête en bas faisant le poirier que les pieds sur terre–, la jeune femme de 31 ans met au défi quiconque de la ranger dans une seule case. Elle nous a raconté son changement de cap!

«Digital nomad»

Originaire de Tours dans la vallée de la Loire, Claire est aussi une grande voyageuse. Après avoir déménagé à Paris pour y terminer ses études en informatique et y avoir travaillé pendant trois ans en tant que créatrice de sites internet, elle a pris la direction du Canada en 2012, en quête d'une bouffée d'air frais, pour poser ses valises à Montréal pendant deux ans où elle était programmeuse de jeux vidéos ludo-éducatifs. Après un premier périple solo au Brésil en 2013, c'est finalement en 2014 que le virus du voyage est venu la titiller et qu'elle a décidé de partir sur la route pour de bon, embrassant la vie de «digital nomad» et allant un peu partout sur la planète, avant un retour en France. Elle est désormais installée à Grenoble, la ville écolo par excellence, où elle prend plaisir à côtoyer des gens qui lui correspondent. Elle se consacre plus intensément au blog qu'elle avait créé en février 2010 à l'issue de ses études, «the Green Geekette», un blog axé sur le voyage éco-responsable (slow travel, voyage en stop, randonnée…), les destinations nature durables et les activités sportives de plein air.

Prise de conscience

Elle a pris une décision radicale l'an dernier au terme d'une profonde remise en question. «L'année 2018 a effectivement été pour moi une année de prise de conscience. J'ai eu un électrochoc. Je me suis rendue en Irlande où des blogueurs de voyage avaient été invités. On nous a déposés sur un site et on nous a dit: ‘vous avez 15 minutes pour prendre de belles photos et ensuite les publier sur Instagram'. Là, je me suis demandé quel était le sens de tout cela…»

Ph. Unsplash

Dissonance cognitive

En réalité, Claire se sentait à l'époque en dissonance cognitive. Cela signifie qu'elle posait des actes qui ne correspondaient plus à ses valeurs. «C'est alors que j'ai réalisé à quel point l'avion ne me correspondait plus. L'avion, c'est rapide et facile. Je saisissais toutes les opportunités, je consommais des voyages sans mesure. Je faisais des sauts de puce pour voir un maximum de lieux, je voulais tout rentabiliser et je ne prenais plus le temps. Et surtout, j'ai peu à peu conscientisé le fait que pour le bien de notre planète, cela n'allait pas que je prenne des longs courriers trois à quatre fois par an sous prétexte que je suis une blogueuse.»

«Je me suis aussi intéressée au bilan carbone de mes voyages. Et j'ai constaté que tous mes efforts quotidiens – j'utilise des cosmétiques bio, je mange bio et végé, je suis dans une démarche zéro déchet, je vais dans des hébergements éco-responsables, j'opte pour des activités respectueuses des animaux et de la nature… – étaient bousillés par mes vols au long cours.» Du jour au lendemain, Claire a décidé de ne plus voyager en avion, mais au contraire de privilégier la mobilité douce (vélo, bus, train, bateau), partir moins loin, rester plus longtemps sur place, aller à la rencontre de l'autre, rechercher l'authenticité.

«J'ai comparé le bilan carbone de mes voyages en 2019 avec celui de 2018. En 2019, ma consommation de CO2 est de 900 kilos alors qu'elle était de 17 tonnes l'an dernier…»

Luc Ruidant

Cet article provient du magazine belge indépendant BIOTEMPO qui a pour credo : « Comprendre, changer, agir maintenant ».