The Lemon Spoon : « Le changement global passe par un changement intérieur individuel »

Il y a quatre ans, la Bruxelloise Caroline Vermeersch lançait un blog: «The Lemon Spoon». Son objectif: soutenir le changement en donnant des pistes de solution pour consommer de manière plus responsable. Ce joli blog s'est petit à petit transformé en plateforme et en «mouvement». Si bien que le petit zeste de citron est suivi actuellement par 15.000 personnes sur Instagram et 6.500 sur Facebook. Un succès rare dans le monde des «influenceuses» belges francophones…
par
ThomasW
Temps de lecture 6 min.

Comment l'aventure «The Lemon Spoon» est-elle née?

«Il y a quatre ans, je vivais à Barcelone lorsque j'ai lu le premier livre de Deliciously Ella, où elle explique que son changement d'alimentation l'a soignée d'une maladie que la médecine traditionnelle ne parvenait pas à guérir. C'est là que j'ai commencé à changer moi aussi mon alimentation, à respecter ce que je mettais dans mon corps. J'ai réalisé que lorsque l'on respecte d'où l'on vient (son corps, la nature), on a naturellement envie de respecter également ce qui nous entoure. Le deuxième déclic a donc été l'arrêt soudain de shopping. Lorsque j'ai pris conscience de l'impact négatif environnemental, mais également sur mon portefeuille ainsi que sur mon mental (les plaisirs compulsifs activent la dopamine qui ne devient autre qu'une addiction) qu'avaient les tonnes de fringues achetées dans les grandes enseignes de fast fashion, j'ai voulu créer un guide pour aider les gens à trouver des alternatives de consommation durables dans leur vie.»

Pourquoi ce nom The Lemon Spoon?

«Cette petite dose de citron c'est la petite dose de pep's qui te manque dans ta vie. Cette sensation d'appréhension ou même de peur que tu as quand tu sors de ta zone de confort pour la première fois, c'est comme la première fois que tu mets ta petite langue sur une rondelle de citron, ça pique aussi! Mais après, tu t'y habitues et ça devient plutôt agréable, ça apporte un petit twist de plus dans les petits plats, et dans ta vie. Et c'est là que tu comprends que ta zone de confort était en fait inconfortable et qu'il devient plus confortable d'en sortir le plus possible pour être bien.»

À quoi ressemble aujourd'hui l'activité de ton asbl?

«The Lemon Spoon a commencé par une activité digitale. On sensibilise via notre plateforme et les réseaux sociaux où nous sommes d'ailleurs très actifs. On a également lancé une nouvelle activité de conférences, depuis que nous avons intégré le nouveau projet SEE U. Nous faisons partie des 60 porteurs de projets qui ont été sélectionnés pour l'occupation temporaire des anciennes casernes de la gendarmerie à Ixelles. Un écosystème incroyable qui nous permet d'organiser des conférences dans les magnifiques salles d'époque. C'est une expérience unique que l'on offre jusqu'en 2021: deux conférences par mois sur des thématiques diverses mais toujours liées au bien-être de l'humain et de la planète. Nous avons jusqu'ici déjà accueillis plusieurs speakers incroyables comme Julien Vidal (‘Ça commence par moi'), Marc de la Ménardière (‘en quête de sens'), Ferdinand Richter (du moteur de recherche Ecosia), ou encore Guibert del Marmol (Fondation Lunt), pour ne citer qu'eux…»

Te considères-tu comme une blogueuse aujourd'hui?

«Ha non! Je n'aime pas du tout ce terme pour être honnête. Je trouve qu'il a une connotation péjorative parce qu'il me fait penser à un panier fourre-tout de personnes adeptes de promotions inutiles, de surconsommation et de selfies. Ce qui est l'antithèse de tout ce que je prône. Bon évidemment c'est dans ma tête et très jugeant tout ça, car finalement ce mot ne fait que désigner sur Internet, celle qui tient un blog, sorte de carnet de bord dans lequel il exprime ses points de vue, ouvrant son espace aux réponses d'internautes. Le terme ‘influenceuse' est plus soft dans mes oreilles, bien que je ne trouve pas non plus qu'il me définisse. Premièrement parce que je ne suis plus seule aujourd'hui dans ‘The Lemon Spoon', nous sommes une petite équipe, et ensuite parce que les activités sont diverses et pas seulement sur les réseaux sociaux. C'est un guide, une plateforme et des événements au travers desquels on informe, on inspire, on challenge.»

Quels sont tes objectifs pour le futur?

«Bientôt une mise à jour de notre identité visuelle et de notre stratégie, ainsi qu'un nouveau site internet. Depuis qu'on se diversifie dans l'organisation des conférences, notre positionnement n'était plus très clair auprès de notre audience. On a tellement hâte de faire peau neuve! La grande inauguration est prévue pour début 2020. Sinon on travaille sur le programme des conférences pour 2020 et on développe en parallèle le lancement d'une activité pour accompagner les entreprises dans leur transition écologique.»

As-tu observé un changement dans les mentalités ces quatre dernières années?

«Oui énormément! Au début, les gens de mon entourage ne donnaient pas beaucoup de crédibilité à ce que je faisais. Aujourd'hui, tout le monde surfe sur la vague du green. Ce qui en devient presque agaçant car c'est une tendance pour beaucoup, alors qu'en réalité c'est une vraie urgence. Les entreprises proposent de plus en plus de produits green, sans pour autant toujours en incarner profondément les valeurs. Greenwashing ou réel désir de faire évoluer leur business modèle?! La question se pose souvent parce que nous sommes beaucoup sollicités par ces gros poissons pour collaborer en échange de partenariats financiers. Or, nous tenons absolument à ne pas trahir nos valeurs. Le challenge est donc de trouver le juste équilibre.»

Ta société idéale ce serait…

«Plus de vert dans les villes, moins de béton. Plus de producteurs locaux, moins d'industrie agro-alimentaire. Plus de vélos, moins de voitures. Plus de trains, moins d'avions. Plus d'argent distribué de manière équitable, moins de pauvres. Plus d'amour et de joie, moins de haine et de nouvelles négatives. Dans un ma tête, c'est un monde de Bisounours, je l'avoue. Mais rêver c'est vital, et agir pour que nos rêves deviennent réalité c'est l'objectif d'une vie…»

Quelques conseils pour nos lecteurs pour avoir une empreinte écologique plus faible et un niveau d'énergie plus haut?

«Manger plus végétarien, local et de saison. Prendre l'air et faire de l'exercice en privilégiant la marche et le vélo. Faire des week-ends en pleine nature plutôt que des citytrips. Méditer et faire du yoga pour se reconnecter à son corps et à sa petite voix intérieure. Finalement, l'acte le plus durable selon moi c'est de prendre soin de soi avant tout. Je pense vraiment que le changement global passe par un changement intérieur individuel.»

Lucie Hage

Voici les prochains événements organisés par The Lemon Spoon chez See U Brussels:

  • Le 15 janvier : Apiculture urbaine, quelles retombées positives pour l'homme et la nature. Conférence par Alexandre Lefebvre, fondateur de Ukeepers.
  • Le 18 février: Stand up de Nicolas Meyrieux, le youtubeur qui parle d'écologie avec humour!