La fonte des glaces continue de nous menacer

Alors qu'on ne compte plus les rapports qui mettent en évidence les dangers liés au changement climatique et que certains gouvernements essayent de limiter leur production d'émissions fossiles, la fonte des glaces, elle, continue.
par
ThomasW
Temps de lecture 4 min.

À la fin du mois de septembre dernier, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) tirait de nouveau la sonnette d'alarme. Le niveau de la mer augmente beaucoup plus vite que ce que les scénarios d'il y a à peine dix ans imaginaient. En pratique, sur la période de dix ans qui s'est écoulée entre 2006 et 2015, cette augmentation est estimée à 3,6 centimètres alors que la hausse sur tout le 20e siècle avait été de 15 centimètres.

En janvier, un autre rapport allait également dans le même sens. Selon une étude publiée dans les Compte rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS), la fonte des glaces en Antarctique est plus rapide que jamais, allant même six fois plus vite qu'il y a quarante ans. Les chercheurs ont en effet déterminé qu'entre 1979 et 1990, l'Antarctique avait perdu en moyenne 40 milliards de tonnes de masse glaciaire par an. À partir de 2009 et jusqu'en 2017, ce chiffre est passé à 252 milliards de tonnes chaque année. Plus inquiétant encore, les scientifiques ont repéré des zones dans l'Est, autrefois considérées comme relativement à l'abri du changement, mais qui perdent désormais beaucoup de glace.

De l'autre côté du globe, le phénomène est également observable. Des scientifiques affirment en effet que si rien ne change, la glace du Groenland pourrait fondre entièrement durant ce millénaire, alors que ses glaciers fondent également à vitesse grand V. En juillet dernier, un record de température a d'ailleurs été battu au point habité le plus au nord de la Terre. À Alert, ville du Canada située à environ 820 kilomètres du pôle nord, le mercure a atteint les 21ºC. Un record absolu pour cette localité où la moyenne quotidienne pour un mois de juillet est de 3,4 degrés.

Un cercle vicieux

Si la fonte des glaces est intimement liée au réchauffement climatique, elle s'accélère aussi à cause de plusieurs cercles vicieux. En raison de la chaleur, la glace située en Arctique fond par exemple de plus en plus vite en été et a des difficultés se reconstituer en hiver. La nouvelle glace, plus fine et moins résistante, fond donc également plus rapidement l'été suivant, et ainsi de suite. Autre conséquence de cette fonte: la surface blanche de la glace, moins présente, reflète avec moins d'efficacité les rayons du soleil qui sont alors absorbés par l'océan. Cela occasionne une augmentation de sa température et un dégel plus rapide des glaces.

Un phénomène similaire est observé avec la fonte du pergélisol (permafrost), ce sol imperméable car gelé depuis plus de deux ans qui recouvre 24% de l'hémisphère nord. Ce sol, qui représente une surface de 23 millions km², est également en train de dégeler. Une fonte qui libère du protoxyde d'azote, plus connu sous le nom de gaz hilarant, mais qui contribue surtout au réchauffement climatique en étant 300 fois plus «réchauffant» que le CO2.

Des conséquences désastreuses

Quoi qu'il en soit, les conséquences de la fonte des glaces s'annoncent d'ores et déjà désastreuses. Le Groenland pourrait contribuer par exemple à une montée des eaux mondiales de 5 à 33 centimètres d'ici 2100. Et dans les 1.000 prochaines années, dans le pire des scénarios, l'intervalle le plus probable serait de 5,23 à 7,28 mètres.

Pour le Giec si rien n'est fait pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, la hausse du niveau de la mer pourrait, au total, être d'1,5 centimètre par an en 2100, de plusieurs centimètres par an au 22e siècle et de plusieurs mètres par an d'ici 2300. Avec des conséquences évidemment désastreuses pour les centaines de millions de personnes qui habitent dans des régions côtières, mais aussi celles vivant en haute altitude qui pourraient être touchées par la fonte des glaciers.

Les événements naturels extrêmes, comme les grandes marées et les tempêtes, vont aussi devenir plus fréquents alors que la fonte des glaciers, en Europe notamment, entraînera des risques accrus de glissements de terrains et d'inondations. Pour diminuer au maximum ces conséquences néfastes, il n'existe qu'une solution selon les experts: limiter à 2ºC la hausse des températures par rapport à l'ère préindustrielle. (cd)

La Belgique aussi touchée

En Belgique aussi, on risque de ressentir les conséquences de la fonte des glaces. C'est en tout cas ce qu'affirme le WWF. «En tant que pays côtier, la Belgique est très vulnérable. Avec la montée des eaux, l'écosystème côtier sera coincé entre l'érosion croissante côté mer et l'urbanisation côté terre. Le phénomène est connu sous le nom de «compression côtière» (coastal squeeze)», souligne l'ONG. Cela se traduit notamment par la disparition des immeubles se trouvant le long du littoral à cause de la montée des eaux. «Pour que la côte puisse s'adapter, nous devons créer de l'espace pour la nature. La Belgique doit intensifier ses efforts pour lutter contre le changement climatique et accroître la résistance de la côte face à l'élévation du niveau de la mer. Nous devons restaurer notre défense côtière naturelle dans laquelle polders, dunes, plages et bancs de sable jouent un rôle principal», explique Sarah Vanden Eede, chargée des politiques Océan au WWF-Belgique.

BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK