La qualité de l'air plus que dangereuse que jamais à Sydney

Alors qu'un nouvel épisode de fumées dégagées par les feux de forêt gagnait Sydney mardi, des mesures de qualité de l'air douze fois supérieures au seuil de dangerosité ont été enregistrées dans la première ville d'Australie.
par
Clement
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La journée de mardi avait été annoncée comme critique pour Sydney et sa périphérie sur la côte est de l'Australie, en raison des dégagements de fumée toxiques de feux de forêts, les plus proches à moins de 100km de la ville, exacerbés par des températures élevées et des vents forts.

Dès l'aube, la ville de 5 millions d'habitants a été recouverte d'un nouveau voile de fumée, plus épais encore que les épisodes précédents auxquels la métropole devient coutumière depuis le mois de novembre.

AFP / S. Khan

Les relevés de la qualité de l'air ont partout dépassé le seuil le plus dangereux, certains niveaux étaient même jusqu'à douze fois supérieurs à celui-ci. Dans le quartier central de Rozelle, les relevés de polluants (comme l'ozone, le monoxyde de carbone, les particules fines, entre autres) pour déterminer la qualité de l'air ont été évalués à 2.552, alors qu'une concentration mesurée à 200 est considérée comme dangereuse.

Les services sanitaires de l'Etat de Nouvelle-Galles du Sud ont recommandé à la population - en particulier les personnes cardiaques ou présentant des problèmes pulmonaires - de rester à l'intérieur, et si possible dans l'air conditionné. Toute activité physique était vivement déconseillée.

Le masque remis en question

Le docteur Richard Broome au sein de ce ministère fédéré a affirmé que Sydney connaissait «une des pires qualités de l'air jamais constatée». «La fumée est très mauvaise aujourd'hui. Nous prions les gens de prendre cela au sérieux.» Ces services ont toutefois remis en question l'efficacité du port de masques. De nombreuses ambulances ont été sollicitées en cours de journée.

La visibilité dans la ville était à ce point dégradée que de nombreux hauts buildings du centre ville, dont l'Opéra de Sydney, étaient partiellement visibles à distance. Par conséquent, les ferries desservant les rives de la ville ont dû être supprimés.

Dans plusieurs bâtiments, dont sur des campus et entreprises, des alarmes incendies ont été déclenchées tant les fumées étaient épaisses, contraignant à des évacuations. En milieu de matinée, plusieurs centaines d'ouvriers travaillant en extérieur ont cessé de travailler, rapportent encore les médias australiens. Les vols à l'aéroport de Sydney n'ont pas été annulés mais décollaient avec une trentaine de minutes de retard.

Une centaine de feux

Les nuages de fumées qui sont constatés le long de la côte est de l'Australie, comme aussi dans la capitale Canberra et la ville de Brisbane, proviennent d'une centaine de vastes feux de forêt qui embrasent depuis plusieurs semaines une large portion de l'Etat de Nouvelle-Galles du Sud (sud est). L'Etat voisin du Queensland en constate aussi des dizaines.

Depuis fin septembre, six personnes ont perdu la vie dans ces incendies hors normes qui ont aussi déjà brûlé ou endommagé plus de 1.000 habitations. La saison des bushfires est exacerbée par les conditions extrêmes que connait la Nouvelle-Galles du Sud où sévit la sécheresse sur plus de 90% du territoire.

Le Premier ministre Scott Morisson, régulièrement épinglé pour son manque d'entrain à prendre à bras le corps la lutte contre le changement climatique, s'exprime peu sur le drame qui a déjà consumé près de deux millions d'hectares (soit près de deux tiers de la Belgique) et tente d'être maîtrisé par 2.000 pompiers, principalement volontaires. Mardi, l'élu conservateur a refusé de les assister davantage et balayé la possibilité de professionnaliser ce métier, estimant que les opérations en cours étaient menées à bien.

AFP / D. Gray