Une COP25 «bleue» pour maintenir à flot l'accord de Paris
Elle devait se dérouler à Santiago, au Chili, mais le cours de l'histoire en a décidé autrement. La contestation sociale a contraint le gouvernement chilien à jeter le gant de l'organisation de la COP25. L'Espagne a fait offre de services dans la foulée. La conférence climat se tiendra donc finalement à Madrid, sous présidence chilienne.
Cette dernière a annoncé vouloir faire de la COP25 une «Blue COP», avec une attention particulière portée à la préservation des océans, et à la biodiversité en général. La Belgique, qui été reconnue par l'Onu comme un «Blue leader», profitera de la COP pour continuer à plaider pour l'adoption d'un traité international consacrant une sanctuarisation de 30% du territoire marin mondial.
Ambition climatique
La question de l'ambition climatique sera bien entendu au cur de la COP25, dont le slogan est «Time for action». Un récent rapport de l'Onu confirme que les objectifs de l'accord de Paris (limiter le réchauffement mondial bien en-deça de 2°C et si possible à 1,5°C) se sont encore éloignés en 2018. L'année dernière a connu un nouveau record d'émissions de gaz à effet de serre.
Les engagements pris jusqu'ici par les États sont insuffisants et conduisent la planète vers un réchauffement de +3,2°C. Le niveau des engagements devra donc être triplé pour atteindre l'objectif de 2°C et au moins quintupler pour tenir l'objectif d'1,5°C.
Mais d'aucuns pourraient rester sur leur faim à Madrid: l'accord de Paris n'entrera pleinement en application qu'à partir de 2020 et c'est pour la fin de l'année prochaine, pour la COP26 à Glasgow, que les États signataires devront annoncer des engagements revus à la hausse.
Des droits de polluer?
La COP24 à Katowice avait permis de finaliser les règles de mise en uvre de l'accord de Paris, à un sujet près: la question des mécanismes de marché liés aux crédits carbone. Ce plat, potentiellement indigeste, sera au menu madrilène et les ONG, qui craignent que ces échanges de crédits carbone ne deviennent des «droits de polluer» pour les États les moins vertueux, espèrent ne pas devoir l'avaler de travers.
Le financement climatique, comme toujours, sera un fil rouge de la COP. En Belgique, la Coalition Climat demande au fédéral et aux Régions un effort de financement accru, notamment un doublement de la contribution belge au Fonds vert pour le climat.