Juifs et musulmans célèbrent la belle histoire du "Pourim de Sarajevo"

L'histoire est vieille de deux siècles et méconnue à Sarajevo: en 1819, des musulmans se sont soulevés contre un gouverneur ottoman qui avait menacé de tuer l'élite de la communauté juive de la ville.
par
Camille
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Pour marquer le bicentenaire de cette «délivrance miraculeuse», les communautés juive et musulmane de Bosnie ont organisé cette semaine une conférence sur ce «Pourim de Sarajevo», à leurs yeux un événement qui s'inscrit dans un «modèle de coexistence» des deux communautés.

Dans la tradition juive, Pourim est une fête qui est célébrée chaque année au mois d'Adar du calendrier hébraïque (fin de l'hiver/début du printemps). Elle commémore la délivrance des juifs menacés d'un massacre sous l'empire perse, selon la Bible. A Sarajevo, la petite communauté juive fête aussi son propre Pourim, en octobre. «L'exemple de Sarajevo et de la Bosnie-Herzégovine peut servir de modèle pour une vie normale et commune entre juifs et musulmans», souligne Jakob Finci, président de la communauté juive de Bosnie.

AFP

Expulsés d'Espagne en 1492, les juifs séfarades avaient trouvé refuge à Sarajevo, sous tutelle ottomane. Avec 12.500 personnes, ils représentaient 15 à 20% de sa population avant la Seconde guerre mondiale. Mais la ville fut alors soumise aux exactions des Oustachis croates pronazis, rejoints par de nombreux musulmans de Bosnie. Des juifs déportés, 12.000 ne sont pas revenus des camps de concentration. Dans une ville d'environ 340.000 habitants, dont plus de 80% de musulmans, la communauté juive compte aujourd'hui entre 700 et 800 personnes, selon Jakob Finci.

En octobre 1819, le gouverneur ottoman de la Bosnie, Ruzdi-pacha, avait emprisonné l'élite de la communauté juive de Sarajevo, soit 11 personne, dont un rabbin, Rav Mose Danon. Il avait demandé une rançon colossale pour leur libération. «Des musulmans de Sarajevo se sont soulevés, ils sont allés devant la prison et ont menacé de tout détruire et incendier si Rav Mose Danon et les autres n'étaient pas libérés», raconte Jakob Finci. Selon la légende, 3.000 hommes ont participé au soulèvement.