NewB à la recherche de capital pour lancer ses activités

NewB, le projet de banque éthique, locale, et détenue par des Belges, va bientôt connaître son heure de vérité. La BCE a jusqu'au 24 février pour répondre à sa demande de licence bancaire. Un des points clé pour la réussite du dossier est de réussir une levée de fonds de 30 millions € d'ici le 27 novembre. Bernard Bayot, son président, rappelle comment NewB compte devenir une banque éthique, au service de ses clients.
par
Camille
Temps de lecture 4 min.

En quoi NewB sera-t-elle une banque plus éthique que les autres?

2Belga

«Nos activités, que nous lancerons dans le courant de l'année 2020 si tout se passe comme prévu, seront éthiques, transparentes et 100% tournées vers la transition énergétique. Comme toute banque, nous proposerons des comptes courants, ainsi que des comptes épargne. L'argent que nous collecterons financera une activité de crédit. Ceux-ci seront entièrement consacrés à la mobilité douce, à la performance énergétique des bâtiments et à la petite production d'énergie renouvelable. Ces crédits seront accordés sur le territoire belge, puisque nous voulons avoir un ancrage résolument local. À l'inverse, nous n'investirons pas dans certains secteurs: ceux qui ont un impact écologique ou social négatif.»

De nombreuses banques existent déjà sur le marché belge. Comment comptez-vous attirer une nouvelle clientèle?

«NewB n'est pas une banque qui va aller chercher une nouvelle clientèle, c'est une clientèle qui crée sa banque. Nous avons déjà 52.500 coopérateurs, qui sont autant de clients potentiels. Et nous espérons en attirer de nouveaux avec la levée de fonds que nous organisons. Nous sommes convaincus que notre offre sera intéressante pour nos clients: puisqu'ils sont les propriétaires de la banque, elle sera entièrement à leur service, sans chercher un profit exagéré. Dans cette logique, nous ne lancerons pas de nouveaux produits avec de coûteuses campagnes de communication autour pour séduire des clients; nous lancerons des produits en réponses aux besoins de nos clients. En somme, lorsque nous lancerons un service, nous serons déjà assurés de sa pertinence. En cela, être une banque coopérative va nous donner un avantage concurrentiel, même si ça n'est qu'un atout parmi d'autres.»

Quels sont les autres avantages d'être une banque coopérative?

«Les actionnaires étant les usagers, l'objectif ne sera pas de réaliser des profits les plus élevés possibles, mais bien de répondre à la demande des services, comme disposer d'une carte de paiement, de pouvoir faire des virements… Le fait de ne pas avoir besoin de rémunérer le capital à un niveau élevé va alléger nos coûts. Nous espérons, lorsque la banque sera à l'équilibre, rémunérer nos coopérateurs, mais cela se fera dans des proportions limitées (les coopératives ne peuvent verser de dividendes supérieurs à 6%, ndlr).»

NewB plaide pour une certaine «sobriété». En quoi cela se manifeste-t-il?

«La tension salariale, l'écart entre le salaire le plus élevé et le plus faible, va de 1 à 5. C'est largement inférieur à ce qui se fait sur le marché! Par ailleurs, nous ne versons pas de bonus à nos dirigeants, nous n'offrons pas de voiture de société. La rémunération doit être juste et raisonnable.»

Cette politique ne risque-t-elle pas de vous priver de recruter des gens talentueux, tentés d'aller travailler pour de meilleurs salaires?

«On constate déjà que non. Nous avons pas mal de monde qui a rejoint la banque et qui accepte de travailler pour les salaires que nous proposons. Ça n'est en fait pas si étonnant: de nombreux banquiers souhaitent retrouver le rôle social qui était le leur, et avoir une utilité sociale, comme cela était le cas à une époque.»

Une campagne pour lever 30 millions €

Pour espérer obtenir une licence bancaire de la part de la BCE, NewB doit augmenter son capital de 30 millions € d'ici le 27 novembre. Les particuliers et organisations sont invités à souscrire via le site newb.coop. Une fois la demande de souscription prise en compte, ils recevront une communication structurée à verser sur un compte sous séquestre. Si NewB ne parvient pas à réunir les 30 millions nécessaires ou si la BCE ne donne pas son accord, les contributeurs seront remboursés. New B attire l'attention des potentiels coopérateurs sur le fait qu'il s'agit d'un investissement, qui comporte toujours une part de risque. L'investissement devra être maintenu pendant au minimum trois ans, le temps pour la banque de prendre ses marques. Il pourra ensuite être récupéré, sous réserve de disponibilité. Plusieurs organisations ont déjà annoncé leur soutien au projet: la Fondation pour les générations futures s'est engagée à hauteur de 400.000 €, et la Smart pour 200.000 €. Le syndicat chrétien, qui a déjà investi dans NewB, a d'ores et déjà décidé d'augmenter son investissement, même si le montant qui sera injecté doit encore être précisé.