« Peu de possibilité d'agir » pour la nouvelle Première ministre Sophie Wilmès

Charles Michel a remis dimanche en fin de journée le badge d'entrée du 16 rue de la Loi à la nouvelle Première ministre Sophie Wilmès, assurant que le gouvernement avait posé, en sa personne, le choix de «la stabilité, la sérénité et la responsabilité».
par
oriane.renette
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Arrivant à la tête d'un gouvernement d'affaires courantes, Mme Wilmès (MR) a d'emblée reconnu que son périmètre d'action était limité. «C'est un grand honneur, une grande responsabilité que j'envisage comme un travail de continuité. Les affaires courantes ne nous laissent pas énormément de possibilité d'agir, et j'appelle donc à la formation d'un gouvernement de plein exercice au plus vite», a-t-elle affirmé.

«Je suis une personne de dialogue, et il y aura un dialogue à installer» avec le Parlement, a répondu l'ex-ministre du Budget à la question de l'absence d'une majorité gouvernementale à la Chambre. Elle juge «irresponsable» l'épisode de ce jeudi, quand un amendement budgétaire du PTB créant un fonds d'urgence «blouses blanches» a été adopté avec le soutien des socialistes, des écologistes et de l'extrême droite. Si elle reconnaît sans peine la nécessité de soutenir davantage le secteur des soins de santé, elle déplore l'adoption de cet amendement «sans débat de fond ni connaissance budgétaire».

"Première ministre de tous les Belges"

Première femme à occuper le poste de Première ministre dans l'histoire de la Belgique, Mme Wilmès n'a pas insisté sur ce point. «Toute ma vie, j'ai mis en avant l'égalité hommes-femmes. Ce gouvernement l'a fait aussi. Je n'aurai pas à beaucoup plaider pour continuer sur cette voie. On n'aura pas attendu Sophie Wilmès pour agir à cet égard», a affirmé la nouvelle cheffe du gouvernement.

Vivant en Flandre dans la commune à facilités de Rhode-Saint-Genèse, bilingue et membre de l'Union des francophones, Sophie Wilmès, 44 ans, assure avoir «toujours travaillé pour le respect mutuel» entre les Communautés. «Je suis Première ministre pour tous les Belges», a-t-elle martelé.

M. Michel et Mme Wilmès sont appelés à se côtoyer au Conseil européen, le cénacle des chefs d'État et de gouvernement des Vingt-Huit que le premier présidera dès décembre. Devant les journalistes, le futur président du Conseil européen a fait l'éloge de sa successeure. «J'éprouve pour elle une très grande estime, une très grande appréciation. Je connais son sens des responsabilités, sa connaissance des dossiers, son sérieux. A travers elle, le gouvernement a fait un choix de stabilité, de sérénité et de responsabilité», a-t-il affirmé.

Cinq années « intenses » pour Charles Michel

L'ex-Premier ministre a évoqué cinq dernières années «intenses», marquées à ses yeux par les réformes et une priorité principale: «jobs, jobs, jobs». Il a rappelé les grandes difficultés auxquelles le gouvernement a été confronté après les attentats terroristes de Bruxelles et Zaventem, des événements qui l'ont profondément bouleversé. «Je ne suis plus le même après ces attentats», a-t-il affirmé en évoquant les familles des victimes.

Le président du MR (pour quelques semaines encore) ne cache pas son amertume d'avoir vu son attelage N-VA, MR, CD&V, Open Vld chuter en décembre dernier, en raison du «cynisme de ceux qui ont fait des choix électoralistes». C'est à eux aussi qu'il attribue la responsabilité du déficit budgétaire actuel, tandis qu'il met en avant l'assainissement réalisé par la Suédoise et les créations d'emplois. Il a reconnu aussi avoir éprouvé des difficultés à «expliquer ce que l'on faisait». Mais dans quelques années, croit-il savoir, «on reconnaîtra les progrès réalisés aux niveaux économique et social». Charles Michel pointe aussi la responsabilité des partis arrivés premiers dans leur Communauté (N-VA et PS) dans le blocage politique des cinq derniers mois.

«J'ai le sentiment d'avoir fait de mon mieux dans des circonstances exceptionnellement difficiles. Après les attentats, la Belgique était dépeinte comme un État défaillant. Nous avons travaillé pour redorer l'image du pays, qui a ensuite été plébiscité par les autres pays du monde pour accéder au Conseil de sécurité des Nations unies», a fait valoir M. Michel.