Une chasse à l'or et à l'argent dans nos égouts

L'Université libre de Bruxelles (ULB) a présenté le projet SUBLIMUS, qui vise à développer un procédé pour récupérer des métaux nobles comme l'or, l'argent et le platine dans les boues résiduaires des stations d'épuration de la Région de Bruxelles-Capitale. Il a débuté en mars dernier et se poursuivra jusqu'à fin février 2022.
par
Pierre
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Ce projet financé par Innoviris, l'institut régional pour la recherche et l'innovation, se déroule en trois étapes. Des échantillons de boues provenant des deux stations d'épuration de Bruxelles sont actuellement prélevés afin d'évaluer la quantité de métaux précieux et de métaux lourds présents.

Cette estimation est, selon les premières données, quelque peu inférieure à celle attendue, mais s'élève tout de même à une dizaine de kilos d'or, à une centaine de kilos d'argent et à un demi-kilo de platine sur l'année pour les deux stations d'épuration. Cela représente un total pour les métaux précieux équivalent à 300.000 €.

Par la suite, les chercheurs de l'institut de recherche LABIRIS (Campus CERIA, Anderlecht) étudieront comment certains métaux lourds peuvent être extraits sélectivement des boues d'une manière respectueuse de l'environnement, en utilisant des bactéries.

Enfin, les chercheurs du laboratoire Engineering of Molecular NanoSystems (EMNS) de l'Ecole Polytechnique de Bruxelles de l'ULB et du laboratoire Analytical, Environmental and Geo-Chemistry (AMGC) de la VUB (Vrije Universiteit Brussel) étudieront comment extraire et purifier les métaux précieux de la manière la moins dommageable qui soit pour l'environnement.

"À titre d'exemple, on peut citer le développement de nanoparticules magnétiques couvertes d'une couche organique capable de lier l'or", explique Gilles Bruylants, chercheur du EMNS et responsable du projet pour l'ULB. "Après adsorption du métal, ces particules peuvent être séparées du mélange à l'aide d'un aimant".

D'où vient l'or?

Les métaux précieux (or, argent et platine) finissent avec les autres métaux lourds (cuivre, zinc, plomb...) dans les eaux usées pour toutes sortes de raisons: érosion des bijoux (or et argent), utilisation dans des médicaments (or) ou comme agents antibactériens (argent), rejet des catalyseurs des moteurs diesel (platine), etc.

Ces métaux sont contenus dans les boues des stations d'épuration après le traitement des eaux usées. Elles ont traditionnellement été utilisées comme engrais dans l'agriculture.

C'est justement en raison des concentrations élevées de métaux lourds que cette pratique est désormais interdite en Flandre ainsi que dans de nombreux pays européens. Ces boues doivent dès lors être éliminées par incinération, avec les coûts et les risques environnementaux qui y sont associés.

"Dans un monde où les matières premières primaires deviennent de plus en plus rares, il est crucial d'évaluer le potentiel de recyclage des flux de déchets inutilisés existants, tels que les boues des stations d'épuration", explique la coordinatrice du projet, Natacha Brion (VUB).

Les chercheurs soulignent qu'étant donné que les sources traditionnelles de métaux seront épuisées dans environ 20 ans, les procédés de réutilisation et l'identification de nouvelles sources sont appelés à se développer.