La prudence est de mise après l'accord sur le Brexit

Les députés britanniques ont approuvé la tenue d'une séance exceptionnelle samedi sur le nouvel accord de Brexit obtenu entre Londres et Bruxelles, dont la validation reste suspendue au vote très incertain du Parlement britannique.
par
Pierre
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Selon le compte Twitter de la Chambre des Communes, la motion pour cette séance a été approuvée à 287 voix contre 275 voix, ce qui signifie que la Chambre siègera pour la première fois un samedi depuis la guerre des Malouines en 1982.

La livre sterling effaçait ses gains de la séance jeudi et reculait nettement face à l'euro et au dollar, les craintes d'un échec de l'accord de Brexit au Parlement britannique douchant l'enthousiasme initial sur un compromis.

"Une bonne partie des gains a cependant été annulée avec la nouvelle que le DUP ne soutient toujours pas l'accord de Boris Johnson", a commenté Ed Moya, analyste pour Oanda.

Le parti unioniste nord-irlandais DUP, dont le soutien est crucial pour que le"«deal" de Boris Johnson ait une chance de passer l'épreuve de la Chambre des Communes britannique samedi, a répété qu'il ne donnerait pas son feu vert à l'accord dégagé in extremis avec les autres 27 Etat membres de l'Union. La position du DUP est formelle: le parti "sera dans l'incapacité de soutenir les propositions (de Boris Johnson) au Parlement", annonce-t-il dans une nouvelle déclaration.

Le chef du parti travailliste, principale formation d'opposition au Royaume-Uni, a quant à lui appelé les députés britanniques à "rejeter" l'accord de Brexit entre Londres et l'Union européenne, rendant très incertaine l'adoption du texte par le Parlement.

"Et pendant ce temps, le 10 Downing Street pousse l'Union européenne à rejeter la demande de report, plaidant pour cet accord ou une sortie sans accord", a souligné sur twitter Joshua Mahony, analyste pour IG.

Des Irlandais prudents

Le chef de la diplomatie irlandaise a salué un "grand pas en avant" mais a appelé à la "prudence", le texte devant encore être approuvé notamment par le Parlement britannique. "La première chose que je ferais est d'inciter à la prudence", a déclaré Simon Coveney devant la chambre basse du Parlement irlandais. "Ce n'est pas la fin du processus", a-t-il ajouté en évoquant les nécessaires étapes de ratification du texte mais "c'est un grand pas en avant", s'est-il félicité.

Leo Varadkar, le Premier ministre irlandais, a salué un accord qui contient selon lui "une solution unique pour l'Irlande du Nord, qui respecte l'histoire et la géographie unique" de l'île.

Charles Michel reste positif

Le Premier ministre belge et futur président du Conseil européen Charles Michel s'est dit "positif mais prudent", à son arrivée au Sommet européen qui sera dominé par la question du Brexit.

Avoir dégagé un accord est "une bonne nouvelle", "un pas important dans la bonne direction", a souligné Charles Michel avant de rejoindre les autres chefs d'Etat et de gouvernement. "J'espère que cela apportera de la sérénité et de la stabilité. (...) C'est un moment positif pour l'UE, un moment d'optimisme et d'espoir". "Cela va permettre de passer à l'étape suivante", celle d'envisager "la relation future" entre l'Union et le Royaume-Uni.

Macron veut "croire que Johnson aura une majorité"

Le président français Emmanuel Macron s'est dit "raisonnablement confiant" quant à une ratification par le Parlement britannique de l'accord de Brexit, déclarant vouloir "croire que Boris Johnson aura une majorité".

"Je suis satisfait qu'on ait réussi à le trouver (l'accord)", a déclaré le président français en arrivant à Bruxelles pour participer à une réunion du groupe "Renew Europe" au Parlement européen auquel appartient son parti.

Saluant une "bonne nouvelle", il a toutefois ensuite souligné que "la satisfaction s'accompagne d'une légitime prudence parce que, instruits par l'Histoire, nous savons que les Parlements peuvent ne pas se retrouver dans l'accord".