Le Crowdbutchering, de la pâture à l'assiette

Le crowdbutchering, kesako? C'est la solution qui va ravir les amateurs de viande qui souhaitent consommer de manière plus durable. Basé sur l'achat collectif, le crowdbutchering permet de lutter à la fois contre le gaspillage alimentaire et contre l'abattage abusif des animaux.
par
ThomasW
Temps de lecture 4 min.

Vous avez sans doute déjà entendu parler du crowdfunding: un système de financement participatif de projets. Le crowdbutchering s'inspire directement de ce concept pour l'appliquer à la consommation de viande.

La tradition remise au goût du jour

L'idée est simple: il s'agit d'un système d‘achat groupé, par colis ou par pièces, d'une même bête. Les morceaux sont ensuite emballés et livrés aux clients. Au cœur de la démarche: le partage, le collectif et la traçabilité.

L'achat collectif de viande n'est pas une idée neuve en soi. Dans les campagnes, les parents et grands-parents commandaient probablement leur viande avec de la famille ou leurs voisins, pour se partager les divers morceaux d'un même animal. La tradition est donc toujours la même, simplement, elle est remise au goût du jour en se basant sur internet. L'avantage de cette version numérique est que les citadins peuvent aussi recevoir leurs morceaux de viande provenant directement du pré.

Cette méthode permet d'une part de s'assurer que toutes les parties de la bête seront consommées, et d'autre part, elle fait donc parfaitement correspondre l'offre à la demande. Ainsi, le crowdbutchering permet donc de lutter à la fois contre le gaspillage, et contre l'abattage abusif.

En pratique

Sur les sites de crowdbutchering, les citoyens peuvent commander différentes pièces d'un animal. Celui-ci n'est tué que lorsque toutes les pièces sont commandées. On peut suivre très facilement l'avancement des achats en ligne: une barre de progression indique le pourcentage de viande déjà commandée.

Le délai d'attente avant la livraison impose peu d'organisation et d'anticipation pour les clients. En effet, une fois la bête achetée dans sa totalité, elle est abattue. La viande est ensuite maturée pendant une semaine avant d'être découpée et répartie en colis. Entre le moment de la commande et la réception, il faut donc compter dix à quinze jours.

Manger moins, manger mieux

L'idée portée par les plateformes de crowdbutchering n'est clairement pas de manger plus de viande, mais bien d'en manger mieux. Les animaux sont élevés de manière respectueuse, en plein air. Ils sont nourris de manière saine et naturelle. Vous pouvez même rendre visite à la vache dans son pâturage, celle qui se trouvera plus tard en partie dans votre assiette.

Acheter sa viande via le crowdbutchering, c'est aussi soutenir les agriculteurs locaux dans une démarche de commerce équitable. Du pré à l'assiette, le processus de production est entièrement transparent. Une traçabilité totale est assurée. Cette pratique encourage également les consommateurs à envisager leur consommation de viande sous un œil nouveau, par exemple en apprenant à cuisiner et à manger des morceaux de viande dont ils n'avaient pas l'habitude jusqu'alors.

En Belgique?

Le concept s'implante peu à peu ces dernières années en Europe, notamment aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en France et en Suisse. Chez nous, la plateforme «Deel Een Koe» (littéralement «achète une vache») est la première et l'unique à ce jour à proposer ce concept d'achat participatif de viande. Au vu de son succès dès sa création en 2014, elle s'est ensuite déclinée en une version «poulet», une «porc» et une «mouton».

Cette plateforme propose des colis de 10kg de viande issue du même animal, épicée ou pas. Les paquets comprennent différents morceaux: rosbif, steak, entrecôte, filet américain, carbonnades, etc. Les clients peuvent les placer au congélateur dès leur réception. Les amateurs peuvent en outre commander des pièces particulières, comme la langue ou le foie.

À l'heure actuelle, seule la page d'achat de viande de vache est traduite en français. Néanmoins, la livraison depuis Deel Een Koe est gratuite, partout en Belgique.

Le crowdbutchering apporte donc une réponse intéressante et collective aux défis contemporains. En effet, l'élevage représente 14,5% des émissions de gaz à effet de serre dues à l'activité humaine. L'industrie de la viande consomme aussi énormément d'eau et participe à la déforestation. En outre, le gaspillage alimentaire est énorme: la Belgique est vice-championne d'Europe, avec 345 kilos d'aliments gaspillés par année et par personne. Ajoutez à cela les scandales alimentaires… Le crowdbutchering apparaît donc comme la solution idéale pour les amateurs de viande attentifs au respect des animaux, de la planète et des agriculteurs. (or)