Une "marche funèbre" en Suisse pour un glacier disparu

Comme en Islande il y a quelques semaines, des Suisses commémorent ce dimanche lors d'une longue "marche funèbre" en montagne la disparition d'un des glaciers alpins les plus étudiés, le Pizol, évaporé sous l'effet du réchauffement climatique.
par
Marie
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Cette cérémonie intervient alors que le sommet spécial de l'ONU sur le climat réunira lundi à New York plusieurs chefs d'État et de gouvernement, qui sont appelés à renforcer leurs engagements pour limiter le réchauffement du globe à 1,5°C ou 2°C, par rapport à la période préindustrielle, au 19e siècle.

En Suisse, le Pizol "a tellement perdu de sa substance que, d'un point de vue scientifique, il n'est plus du tout un glacier", a expliqué Alessandra Degiacomi, de l'Association suisse pour la Protection du Climat, une des ONG à l'origine des funérailles.

La centaine de participants attendus ont été priés de venir en "vêtements de deuil" pour une "marche funèbre" de deux heures qui doit leur permettre de rejoindre le pied de cet ancien glacier escarpé, situé aux alentours de 2.700 mètres d'altitude, près du Liechtenstein et de l'Autriche.

Photo by Fabrice COFFRINI / AFP

Des discours seront ensuite prononcés, notamment par des scientifiques et un aumônier, sur fond de musique de cor des Alpes, un instrument traditionnel à vent, en bois.

Une couronne sera déposée mais aucune plaque commémorative ne sera en revanche laissée sur place, contrairement à ce qu'ont fait les Islandais le 18 août, à la mémoire de l'Okjökull, premier glacier de l'île à avoir perdu son statut.

Inquiétude des scientifiques

Mais en Suisse comme en Islande, deux pays connus pour leurs glaciers, l'inquiétude des scientifiques est la même face aux réchauffement climatique.

"Depuis 1850, on estime qu'il y a plus que 500 glaciers suisses qui ont complètement disparu", dont seulement 50 avaient un nom, a expliqué à l'AFP Matthias Huss, glaciologue à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich, qui sera au Pizol.

Photo by HANDOUT / ETH Zurich / Matthias Huss / AFP

"Alors Pizol, ce n'est pas le premier. Mais, on peut le considérer comme le premier glacier Suisse en train de disparaître qui a été très bien étudié", et ce depuis 1893, a-t-il souligné.

Le constat est sans appel: depuis 2006, le glacier a perdu environ 80 à 90% de son volume. Seuls subsistent quelque 26.000 m², soit "moins que quatre terrains de football", a détaillé M. Huss.

Selon le Réseau suisse de relevés glaciologiques (GLAMOS), le glacier du Pizol appartenait à la classe de taille des "glacierets", soit de très petits glaciers, qui représentent près de 80% du nombre total des glaciers suisses.

Situé à une altitude relativement basse (de 2.630 à 2.780 mètres d'altitude), il dépendait des fortes quantités d'accumulation hivernale de neige.