Partager sa voiture pour faire des économies

La mobilité se réinvente, et au cœur de cette révolution, la mobilité partagée a sans conteste une place de premier choix. Si les voitures partagées en free-floating font désormais partie du paysage, le carsharing entre particuliers fleurit peu à peu, à Bruxelles, comme en Wallonie. Une alternative encore méconnue, mais pleine de potentiel.
par
ThomasW
Temps de lecture 3 min.

Dans toutes les grandes villes, on constate une explosion du nombre d'acteurs de la mobilité sur le marché. Un principe clef au cœur de ces évolutions: le partage. Trottinettes, scooter, voitures… l'offre de moyens de transport partagés ne fait qu'augmenter.

Lorsque l'on sait qu'une voiture particulière reste à l'arrêt près de 95% du temps en moyenne, cela pousse à réfléchir au potentiel que l'on pourrait tirer de ce temps non rentabilisé.

Une voiture partagée en vaut 15

Une solution à cette problématique est en plein développement: le car sharing. Le concept consiste à partager une voiture commune pour faire chacun ses propres trajets. Deux modèles coexistent: le «free-floating», où l'utilisateur passe par une société pour louer momentanément un véhicule, et le carsharing entre particuliers. D'après Ecoconso, une seule voiture partagée remplace huit à 15 voitures individuelles.

Le carsharing en «free-floating» s'est peu à peu ancré dans les habitudes. Des compagnies mettent à disposition différents modèles de véhicules, que l'utilisateur repère et ouvre grâce à une appli et peut laisser là où il le souhaite après utilisation. Cambio, Drivy, ZenCar, ShareNow… ces voitures font désormais partie du paysage (surtout bruxellois). À leurs côtés, la pratique du carsharing entre particuliers se développe peu à peu à Bruxelles et en Wallonie. Moins connue, elle n'en est pas moins une alternative particulièrement intéressante.

Gagnant-gagnant

Le principe du carsharing entre particuliers repose sur du win-win. Le propriétaire récupère une partie de ses frais, et le locataire a un véhicule à sa disposition. Si ce n'est en rien un passage obligé pour les autopartageurs, plusieurs plateformes proposent leurs services pour faciliter leur organisation. Certaines sont spécialisées dans le one shot, le partage occasionnel, comme Caramingo ou Drivy. Elles sont un peu le AirBnb de la mobilité. D'autres visent le plus long terme, comme Wibee ou Cozycar.

Avec ces dernières, «la particularité, c'est que l'on est dans un vrai partage entre voisins, avec l'objectif de créer du lien au sein d'un quartier», précise Sandrine Vokaer, coordinatrice de l'ASBL Taxistop dont dépend Cozycar. «Le but c'est vraiment de mutualiser et de rentabiliser la voiture, pour faire en sorte qu'il y ait moins de véhicules qui dorment sur l'espace public. On est dans un groupe de particuliers qui se connaissent. Il y a une vraie confiance qui s'installe, et un respect de la voiture et des autres.»

Mobilité multimodale

Cozycar met à disposition des autopartageurs des outils, comme un calendrier, un calculateur, un système d'encodage des km, un système d'assurance adaptée à l'autopartage avec bonus-malus personnel…

La plateforme compte 8.000 membres en Belgique. À Bruxelles, l'initiative, lancée depuis deux ans, a démarré en flèche, bien plus vite qu'en Wallonie. «En Wallonie, on a plus vite besoin d'un véhicule pour se déplacer. On sensibilise alors plutôt sur le deuxième véhicule, qui n'est pas utilisé tout le temps et qui pourrait être partagé avec des voisins», détaille Sandrine Vokaer.

«Le but c'est le partage et la rentabilité du véhicule», insiste la coordinatrice. «Il n'y a pas de profit [la plateforme ne prend aucune commission]. On partage uniquement les coûts réels de la voiture. Sur le site, le propriétaire encode ses frais dans un calculateur qui déduit un coût / km que les utilisateurs partagent. Cela revient souvent entre 25 et 35 centimes du km, qui reviennent au propriétaire pour qu'il couvre ses frais.»

Les plateformes telles que Cozycar traduisent définitivement une évolution des pratiques vers une mobilité multimodale. Les citoyens combinent différents systèmes de carsharing, associés à l'utilisation des transports en commun et d'autres solutions durables. Le tout formant, probablement, le cocktail mobilité de l'avenir.