VIDEO. Victime de viol conjugal, cette femme malgache a enterré huit de ses foetus
Volatiana est une mère de six enfants vivant dans une petite maison sans eau courante et avec un mari alcoolique. Lorsqu'elle tombe une nouvelle fois enceinte, elle "n'en peut plus" et décide d'avorter. Le problème, c'est que cette pratique est punie à Madagascar, y compris en cas de viol. Dès lors, comme une femme sur quatre de la Grande île, selon l'association Nifin'akanga, elle décide de cacher sa grossesse, réaliser une intervention pour se débarrasser de l'embryon et l'enterrer à un endroit secret.
Pour ce faire, et comme l'ont déjà fait nombre de ses connaissances, la maman se rend chez une sage femme qui lui facture l'intervention 200.000 ariary (50 euros). Pour Volatiana, c'est un montant considérable, elle qui ne gagne que 140.000 ariary par mois. "J'attends le vendredi pour aller avorter, comme ça je ne rate pas de jour de travail", explique cette domestique de 44 ans. "Quand je suis sur le point d'avorter, je demande à mes enfants de sortir jouer dehors. Une fois j'ai avorté de jumeaux. J'ai failli mourir et je remercie Dieu d'être encore en vie."
Ce témoignage glaçant fait écho à une problématique dramatique sur la Grande île, où trois femmes meurent chaque jour suite à un "avortement spontané ou provoqué". Outre les hémorragies et infections, "le plus grand risque est la perforation d'organes", explique le Dr Anderson Randriambelomanana, chef de service à la maternité de l'hôpital Andohatapenaka, à Antananarivo. "Notre devoir est de soigner, pas de dénoncer", précise-t-il.
L'homme tout-puissant
Dans la pensée collective malgache, les moyens contraceptifs entretiennent toutes les peurs. Les femmes estiment que cela fait grossir et que cela peut provoquer du paludisme ou un cancer. Bien souvent, les hommes sont par ailleurs opposés à la contraception pour leur épouse. Considéré comme un demi-dieu dans la société malgache, l'homme impose sa volonté à sa femme. "S'il a besoin de moi (sexuellement), quelle que soit l'heure, je m'exécute. Si je refuse, il me frappe, il me met dehors ou il me tue", témoigne Volatiana, qui doit vivre avec le décès de huit embryons: "Des fois, je dépose des fleurs au cimetière. Je prie pour qu'ils comprennent mes choix."